Déjà impactés durement par la crise sanitaire et le confinement, les cinémas insulaires vont désormais devoir composer avec la suppression des séances de 21 heures. Un coup dur supplémentaire, alors que celles-ci représentent entre 40% et 50% de leur chiffre d'affaires.
"C'est un coup dur", soupire Daniel Benedittini, gérant du cinéma Le Régent à Bastia après l'annonce de la mise en place d'un couvre-feu sur l'ensemble de la Corse.
Débutant à 21 heures et prenant fin à 6 heures du matin, celui-ci risque donc de mettre en difficulté les cinémas insulaires, pour lesquels les séances en soirée constituent une source importante de revenus.
"Les séances de 21 heures représentent, en fonction des semaines, entre 40% et 50% de notre chiffre d'affaires", estime Daniel Benedittini.
Catherine Poitevin-Squarcini, adjointe de direction au cinéma l'Ellipse d'Ajaccio dit elle avoir accueilli la nouvelle du couvre-feu avec "résignation", alors que l'Ellipse enregistre depuis sa réouverture en juin une baisse de 70% de la fréquentation.
"Cette décision ne correspond pas à la réalité de la crise sanitaire, cela pénalise tout le monde de la culture," déplore-t-elle, avant de rappeler le protocole sanitaire stricte adopté par les salles de cinéma : port du masque dans les salles, mise à disposition de gel hydroalcoolique, distanciation imposée aux spectateurs, désinfection régulière des équipements.Le couvre-feu va toucher au cœur la fréquentation des spectateurs de cinéma. Depuis 2016, en moyenne 43.8% des entrées sont réalisées à partir de 19h et 58.3% à partir de 17h. @LeCNC #FNCF2020 #FNEF #cinema #covid #marketing #seance #CouvreFeu @R_Bachelot @mosebbag @vhadida pic.twitter.com/it7rHdXxND
— Vertigo Research (@VertigoSAS) October 15, 2020
Seule solution pour les cinémas corses, composer avec les nouvelles mesures et adapter leurs horaires. "Nous allons programmer plus de séances le matin, mais il est évident que nous n'allons pas attirer autant de spectateurs avec des séances en matinée les jours de semaine", explique Daniel Benedittini.
Expliquant avoir enregistré une fréquentation très faible depuis la réouverture du Régent le 22 juin dernier, le gérant estime que des dérogations spécifiques auraient pu être accordées aux salles de cinéma. "Je pense qu'on aurait pu autoriser les séances du soir, en permettant aux spectateurs de présenter le ticket comme justificatif."C'est notamment la position défendue par la Fédération Nationale des Cinémas Français, dans son communiqué de presse du 15 octobre. "Les salles de cinéma demandent aux pouvoirs publics de permettre aux spectateurs de rentrer chez eux après la séance au-delà de 21h00, les salles pouvant ainsi assurer une exposition suffisante des films", écrit la FNCF.
Si la ministre de la culture Roselyne Bachelot a annoncé ce jeudi la mise en place d'un plan d'aide de 30 millions d’euros pour que « les cinémas ne ferment pas et que les sorties de films soient maintenues », aucune dérogation ne devrait cependant être accordé.