Ce mardi 29 octobre se tenait une réunion au ministère de l’Agriculture. Objectif : tenter de mettre fin au conflit agricole en Corse. En cause, des contrôles jugés « abusifs » et des suspensions de paiements de certaines aides.
C’est une délégation importante qui a été reçue par le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, ce mardi 29 octobre.
Tous les représentants des syndicats agricoles insulaires étaient présents, hormis Mossa Paisana . Les élus étaient également nombreux à avoir fait le déplacement. Parmi eux, la préfète de Corse, le préfet de Haute-Corse, le président du conseil exécutif Gilles Simeoni ou encore le président de l'Assemblée Jean-Guy Talamoni. Une rencontre au sommet, tenue à sa demande.
[#Corse] En réunion actuellement au @Min_Agriculture avec les élus et représentants d’agriculteurs corses. ? Nous travaillons à trouver une issue rapide sur le soutien aux surfaces pastorales et plus particulièrement sur le paiement des aides #PAC 2019 pic.twitter.com/wJBtOIz4HV
— Didier GUILLAUME (@dguillaume26) October 29, 2019
Objectif de cet entretien : tenter de désamorcer les tensions et les craintes des agriculteurs insulaires. Dans un communiqué, la chambre d’agriculture de Haute-Corse indiquait ainsi vouloir notamment demander « une renégociation et une redéfinition des critères de contrôle inapplicables et inadaptés à la Corse par Bruxelles », ainsi qu'une « suspension immédiate de ces contrôles et [...] une solution pour subvenir aux besoins immédiats de trésoreries des exploitations. »
A l'entrée de la réunion, plusieurs agriculteurs se voulaient optimiste quant aux suites de cette réunion. Mais au sortir des échanges, l'espoir a laissé place au doute et à la déception.
La situation est aussi inquiétante au moment où nous sortons de ce ministère qu'au moment où nous y sommes rentrés
"L'ensemble des élus de la Corse et l'ensemble des représentants du monde agricole ont parlé d'une même voix et ont défini la meme vision de l'agriculture corse sur le moyen terme dans le cadre de la préparation de la future PAC, et cette vision est partagée par le ministre qui l'a dit très clairement" précise Gilles Siemoni, ajoutant que "le problème aujourd'hui c'est le court terme, et sur cette question il n'y a pas d'avancée significative. La situation est aussi inquiétante au moment où nous sortons de ce ministère qu'au moment où nous y sommes rentrés."
Trois propositions
Didier Guillaume a fait trois propositions :
• La mise en place d’une cellule d’urgence pour accompagner les agriculteurs qui auraient perdu leurs aides
• La réouverture de la période permettant de contester un contrôle photo
• Le renforcement des équipes de contrôleurs
Ces mesures n’ont pas convaincu. « Les contrôleurs que l’on veut faire venir du continent ne connaissent ni nos parcours, ni nos mètres d’élevage ni nos animaux. Comment pourraient-ils apprécier si nos parcours sont productifs, peu ou pas ? », s’interroge Jean-François Sammarcelli, président de la Chambre Régionale d'Agriculture.
Du côté de l’État, on rappelle que le dialogue reste ouvert à tout le monde. Même après les tensions de la semaine dernière. « Lors de la réunion avec le ministre, l’ensemble des parties étaient représenté, y compris la chambre d’agriculture avec son président. Le ministre a considéré que le dialogue restait possible avec l’ensemble des interlocuteurs aujourd’hui désigné », soutient François Ravier, préfet de Haute-Corse.
La préfète de Corse a annoncé qu’elle tiendra une réunion de cellule d’urgence jeudi 31 octobre à Ajaccio. Elus et réprésentants agricoles corses ont déjà convenu d'une prochaine réunion, visant à faire le point sur les futures stratégies à adopter pour tenter, enfin, de résorber la crise.
« Anomalies »
En Corse, 850 exploitations agricoles sollicitant des aides européennes ont été récemment contrôlées. Près de 373 présentent des « anomalies » constatées par des photographies aériennes. Les agriculteurs contestent la méthode et dénoncent des suspensions de paiements de certaines aides.
Dans la matinée, Joseph Colombani, président de la chambre d’agriculture de Haute-Corse, a indiqué vouloir sortir de cette réunion avec un accord et de stopper cette dynamique. Une dynamique qui a entraîné des actions d’agriculteurs la semaine dernière avec, notamment, le blocage de routes à Ajaccio, Porto-Vecchio et Propriano.
La France touche 63 milliards d’euros d’aides européennes agricoles sur 408,3 milliards de budget total sur la période 2014-2020, selon les chiffres officiels. En Corse, les aides agricoles européennes s’élèvent à 36 millions d’euros par an depuis 2015.