Coronavirus : le cas particulier des intermittents du spectacle 

Avec le confinement, nombre d’intermittents se retrouvent dans l’impossibilité de faire leurs heures, condition indispensable pour conserver leur statut. Si le gouvernement leur a accordé deux mois de délai, la reprise de l’activité reste incertaine. 
 

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Agathe est maquilleuse professionnelle depuis plusieurs années à Bastia.
La télévision, les spectacles, les tournages de film et les défilés, parfois quelques mariages.....
C’était son quotidien jusqu’au 17 mars.
 

 

507 heures sur une période de 12 mois

Depuis qu’elle est confinée, cette intermittente du spectacle ne peut absolument plus travailler. « Je suis intermittente depuis dix ans et je n’ai jamais eu de problème pour faire mes heures. Mais là, je n’ai aucune solution : la date anniversaire de mon statut, c’est le 15 juin, il me manque 70 heures, comment voulez-vous que je les fasse ?  ».
 

Je n'ai aucune solution - Agathe


Comme Agathe, des centaines d’intermittents se retrouvent aujourd’hui privés de travail, de revenu et de perspectives d’avenir.
« Tous les corps de métiers s’inquiètent, beaucoup de gens de l’association m’ont appelé, mais on ne sait pas ce qui va se passer », indique Anais Versini, présidente de l’association des techniciens du cinéma et de l’audiovisuel de Corse (ATCAC) qui rassemble près d’une centaine d’intermittents insulaires.

Le problème spécifique des intermittents, c’est que leurs droits sont assujettis à l’obtention ou à la conservation de leur statut; pour cela, ils doivent obligatoirement travailler au moins 507 heures sur une période de 12 mois.
 
 

Quatorze mais pour faire ses heures

Pour éviter qu’un grand nombre d’entre eux ne perdent ce statut, des modalités spécifiques de prolongation de droits à indemnisation ont été mises en oeuvres par le gouvernement. « Pour les artistes, ouvriers et techniciens dont la date anniversaire situe entre le 1er mars et le 31 mai 2020, explique Philippe Luciani référent métiers de Pole Emploi-site de Bastia, la mesure de prolongation des droits à indemnisation se traduit par le report au 31 mai de cette date anniversaire. Si le confinement est prolongé, cette date sera encore repoussée ».

Pour en bénéficier, les intermittents n’ont pas de démarche particulière à effectuer, c’est automatique.
Il leur suffisait de s’actualiser, comme d’habitude, entre le 28 mars et le 15 avril. Le rallongement est censé être effectif pour les paiements à compter de début avril et après constat du nombre de jours restant à l’actualisation.
 

Travaillera-t-on en septembre, en janvier ? - Isabelle, intermittente


Concrètement, cela signifie que l’ouverture du droit à indemnisation est désormais obtenu si les 507 heures sont atteintes en 14 mois et non 12 comme habituellement.
Cette période pourra elle-aussi être encore prolongée si le confinement l’est.
Sauf que le déconfinement ne coïncidera très certainement pas avec la reprise de l’activité pour la plupart des intermittents dont le talent s’exerce dans l’univers culturel.
 

« On ne sait ni quand, ni comment on va reprendre, résume Isabelle, intermittente en Corse du sud. Moi je n’ai pas d’inquiétude pour mon statut, parce que j’ai déjà mes heures pour cette année, mais je m’inquiète déjà pour la suite; travaillera t-on en septembre, en janvier ? On est aussi nombreux à se demander si on ne se passera pas au maximum de nous à l’avenir, si certains ne vont pas essayer d’en profiter pour accélérer la disparition de certains corps de métier ou s’en passer de plus en plus ».
 

Un « après » difficile à imaginer

Les annulations en cascade des festivals estivaux (Calvi ont the rocks a confirmé jeudi sur son site que l’édition 2020 n’aurait pas lieu) les privent encore plus de perspectives.
Faute de tournages ou de manifestations, mais aussi parce que leur métier est parfois incompatible avec les conditions sanitaires qu’impose l’épidémie de covid-19.

« Même si certaines activités reprennent le 11 mai, je sais déjà que le maquillage, ce sera presque impossible, soupire Agathe. On l’a bien vu début mars : même avec des gants, des masques, des nettoyants pour le matériel, on est forcément très proches des gens que l’on maquille, c’est très compliqué ».
 

Même constat pour la présidente de l’ATCAC. « Les tournages de mai et juin sont suspendus, mais il faut savoir qu’un tournage de films, c’est un rassemblement de plus de 50 personnes. On ne sait pas quand ils seront autorisés, sans doute que la reprise se fera en équipe légère avec le moins de monde possible; sans parler des difficultés de tournage : comment tourner une scène avec des comédiens qui doivent s’embrasser, interpréter des retrouvailles de famille ? ».

Autant de questions sans réponse pour l’instant. 



 Emilie Arraudeau, éditée par Sébastien Bonifay
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