Corse : Y-aura-t-il des festivals cet été ?

En raison du Covid-19, Emmanuel Macron a annoncé lundi qu’aucun festival ne pourrait se tenir d’ici la mi-juillet. Un prolongement et un flou pour la suite qui laissent les organisateurs insulaires en plein désarroi. Si personne ne veut s’y résoudre, annuler paraît inéluctable. 

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Sur son site internet, Calvi on the Rocks affichait depuis longtemps déjà les dates de sa 18ème édition : ce devait être du 3 au 8 juillet prochain. Cela n’aura pas lieu, en tout cas, pas à ces dates-là. Dans son intervention télévisée, la quatrième depuis le début de l’épidémie de coronavirus, Emmanuel Macron a annoncé lundi 13 avril que les « grands festivals et événements avec public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu'à mi-juillet prochain ». 
 


Si les organisateurs de Calvi on the Rocks veulent encore envisager un report, Pierra Simeoni ne peut que constater : « en fait, personne n’en sait rien. Tout est gelé. On est dans l’attente. Je suis en train de voir avec la préfecture : si on me dit que c’est possible fin juillet, je reporte... On n’a pas envie de capituler. Mais décemment, dans le contexte, ça me paraît compliqué.».
 
Compliqué, ça l’est pour tous les organisateurs de manifestations estivales. En allongeant le confinement jusqu’au 11 mai, et surtout, en maintenant au-delà de cette date la fermeture des bars, hôtels et restaurants, le chef de l’Etat a rebattu les cartes d’un été qu’on savait déjà extraordinaire, dans l’acception la plus stricte  du terme. Rien ne se fera donc avant le 15 juillet. Mais cela ne signifie pas que quoi que ce soit pourra se faire après.
 

J’aurais préféré que le Président bloque franchement tout pour tout l’été, au moins cela aurait été clair


« Envisager une édition normale, ce n’est pas possible, résume Tony Baldrichi, fondateur de Porto Latino, qui se déroule début août à Saint-Florent. « J’aurais préféré que le Président bloque franchement tout pour tout l’été, au moins cela aurait été clair. A ce jour, je ne peux pas vous dire qu’on annule, mais je ne vois pas ce qu’on pourra faire, même si on a les autorisations ».
 


Déjà des annulations...

Le prolongement de l’interdiction de manifestations n’a pris personne par surprise. D’ailleurs, certains  événements estivaux étaient déjà annulés, comme les parisiens Lollapalooza ou Solidays, ou reporté - le célèbre californien Coachella, a été reprogrammé en octobre -. 

Maintenant que le Président de la République a parlé, chacun va devoir prendre une décision. Aux Nuits de la guitare, on veut encore garder espoir. L’édition 2020 doit accueillir du 20 au 27 juillet Vanessa Paradis, Vintage Trouble, Francis Cabrel ou encore Ayo. Sur son compte Facebook, l’attachée de presse écrivait encore ce mardi matin « parce qu’on y croit fort, pas vous ? ». « Depuis le début, résume Sylvie Durand jointe par téléphone, on fait tout pour le maintenir, mais plus on se rapproche des dates, plus c’est de la folie ».
  

Si on se prend un bouillon, ce sera encore plus difficile l’année prochaine : est-ce que ça vaut le coup ?


Si le choix est difficile, c’est que les enjeux économiques sont colossaux. « C’est à nous, seuls, de prendre le risque ! Porto Latino, c’est un budget de 500.000 euros. Si on se prend un bouillon, ce sera encore plus difficile l’année prochaine : est-ce que ça vaut le coup ? » s’interroge Tony Baldrichi.
  


Reporter, être aidé ou faire faillite

« Nous sommes tous dans la même situation, explique encore Pierra Simeoni pour Calvi on the rocks. Nous avons déjà versé des arrhes, recruté des gens. En même temps, on ne peut pas se permettre de continuer à engager de l’argent, sans savoir où on va, d’autant que les assurances ne fonctionneront pas. Donc, dans notre cas, il y a trois options : reporter, être aidé ou faire faillite ».

Si l’option report est privilégiée par les organisateurs de ce festival, elle recèle aussi son lot de difficultés : « reporter, cela dépend aussi des autres festivals du calendrier, il y a un risque qu’on se marche dessus. Et puis surtout : les gens viendront-ils ? ».
 
Cette question vaut autant pour les touristes que la Corse ne verra peut-être pas cet été, que pour les insulaires aux revenus grévés par l’épidémie. Combien seront-ils à devoir se passer du plaisir d’un concert pour raisons budgétaires ? « Il faut entre 3 et 4000 personnes, selon les concerts pour être rentable, résume le fondateur de Porto Latino. Or, on ne sait pas si les gens auront les moyens, si la peur du virus les empêchera de venir. On ne sait pas non plus si les subventions publiques ou les partenariats économiques seront maintenus ».
 

Le festival fonctionne à 90% en autofinancement, on sait déjà qu’en cas d’annulation, certaines sommes engagées seront perdues. Mais si on maintient et qu’il n’y a pas de public, ce sera une catastrophe 


Une autre venue est sujette à caution, celle des artistes. « A Porto Latino, on attend Mika, Bruel, Kassav. Est-ce que les productions maintiendront nos concerts si la moitié des dates des tournées est annulée ailleurs ? ». Autre interrogation, liée à la fermeture jusqu’à nouvel ordre des frontières extra-européennes : les artistes hors de l’Europe pourront-ils circuler cet été ? La question se pose notamment aux Nuits de la guitare de Patrimonio avec le groupe américain Vintage Trouble, à l’affiche le 26 juillet.
 
« Pour l’instant, personne n’a annulé, se réjouit Sylvie Durand. Techniquement à ce jour, l’édition 2020 aura bien lieu du 20 au 27 juillet, mais techniquement seulement. Le festival fonctionne à 90% en autofinancement, on sait déjà qu’en cas d’annulation, certaines sommes engagées seront perdues. Mais si on maintient et qu’il n’y a pas de public, ce sera une catastrophe ».
 


Et après ?

Mais pourra -t-on organiser des manifestations après le 15 juillet ? Emmanuel Macron s’est bien gardé de le préciser. Rien ne dit aujourd’hui que ce sera le cas, d’abord parce que l’interdiction peut être prolongée, comme l’a été deux fois déjà le confinement. Ensuite parce que la levée de l'interdiction des rassemblements sera probablement progressive. On peut donc présumer qu’au cours de l'été, si l’épidémie ne repart pas, des événements réunissant une centaine de personnes pourront être autorisés.

Difficile d’imaginer en revanche des milliers de fans massés devant tel ou tel artiste comme on a pu les voir depuis des années lors des concerts de Patrimonio, Saint-Florent, Calvi. Dans tous les cas, la décision d’annuler purement et simplement les éditions 2020 sera prise par leurs organisateurs respectifs d’ici la fin du mois. La culture et l’événementiel font partie des secteurs fragilisés par la crise — comme le tourisme, l’hôtellerie - susceptibles de bénéficier d’un plan spécifique selon le discours prononcé par le Président de la République lundi soir.



Maintien possible de "petits festivals" à partir du 11 mai

Invité ce jeudi 16 avril au micro de France Inter, Franck Riester,  ministre de la Culture, a expliqué que certains "petits festivals" pourraient se tenir "à partir du 11 mai". "C'est ce qu'on doit travailler avec les festivals, les organisations professionnelles, avec les autres ministres concernés par le déconfinement", a indiqué le ministre : "si des festivals sont adaptés à des jauges petites et qu’il n’y a pas de problème de sécurité, nous les accompagnerons".

Le ministre a également précisé la mise en place prochaine de "dispositifs spécifiques pour accompagner le secteur des arts, de la culture, à ce confinement prolongé". Un plan travaillé avec le ministre de l'Economie, Bruno LeMaire, qui et qui sera "annoncé le plus tôt possible". Les intermittents du spectacle bénéficieront notamment "d'une sécurité complèmentaire" : "L'enjeu, c'est de faire en sorte que celles et ceux qui devaient employer des intermittents du spectacle, même sans contrat signé, puissent avoir les moyens de tenir leurs engagements. C'est ce fonds d'intervention spécifique qui va nous aider.
 
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