Porto Latino, Festa Maio, Calvi on the Rocks... Les festivals sont légion l'été en Corse, au grand bonheur des amateurs. Mais l'impact écologique généré par ces événements est souvent considérable. Résultat, les festivals sont forcés de prendre des mesures pour limiter l'atteinte environnementale.

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Réchauffement climatique, mers polluées et banquises qui fondent en arctique, l’écologie n’a jamais autant été au centre des discussionsProuver son engagement environnemental est devenu un nouvel argument des marques et entreprises pour séduire les consommateurs.

Cet été, en Corse, les festivals sont légion. Festa Maio, Calvi on the Rocks, I Sulleoni, FestiVoce, ou encore Porto Latino… Tous ces événements, de plus ou moins grande ampleur, se suivent et ne se ressemblent pas forcément.

Mais pour chacun, cette affluence de festivaliers et l’organisation des spectacles engendrent un certain nombre de déchets. Nous avons décidé d’enquêter sur les mesures mises en place – ou non – par trois de ces festivals pour réduire leur impact environnemental.  

Calvi On the Rocks  

Le festival techno de Calvi, dont la première édition remonte à 2003 a plusieurs années d’expériences au compteur.

Il suscite pourtant de vives polémiques: surnommé « Calvi on the coke » par certains farouches opposants, les rumeurs de seringues laissées à tout va sur le sable et de mer encombrée par les ordures jetées par des spectateurs peu soucieux de l’environnement vont bon train.

Pourtant, plusieurs bons points peuvent être relevés : des toilettes sèches ont été installées pour les festivaliers, des bacs de tris étaient disponibles, et les verres servis au bar tous consignés.

Plusieurs stands le long de la plage calvaise ont également pris des mesures pour traiter leurs déchets : un stand, par exemple, a fait appel au groupe de collecte et recyclage « Les collecteurs » pour gérer ses ordures durant les 5 jours du festival (du 5 au 10 juillet).

Un partenariat qui avait déjà été mis en place l’année précédente. 

Mais cette année, un petit plus : la mise à disposition des festivaliers de cendriers de poche. Avec pour objectif « préserver la baie calvaise ».

 

A quoi ça sert de proposer quelque chose de bien si personne n’est au courant que ça existe ?

Sur le site de l'événement, on peut ainsi lire que "Calvi on the Rocks s’engage pour lutter contre les déchets jetés dans la nature et préserver les paysages de Balagne. Plus que jamais, les mégots, si difficiles à ramasser une fois dans le sable sont l’une de nos priorités".

Pourtant, à en croire certains festivaliers, le dispositif n’était pas forcément respecté : "On fume toutes dans mon groupe d’amies, et on ne nous a jamais parlé de cendriers recyclés… Résultat, on faisait de notre mieux pour garder nos mégots avec nous avant de les jeter dans des poubelles, mais il y en a quand même un bon nombre qui ont fini écrasés sur la plage, admet Céline, coutumière de Calvi on the Rocks. A quoi ça sert de proposer quelque chose de bien si personne n’est au courant que ça existe ?"

Festa Maio 

Pour Bruno Vellutini, directeur de Festa Maio, le festival a adopté "la green attitude". Comme un tarif spécial pour venir en navette plutôt qu’en voiture,  des écocups (verres réutilisables), des bacs de tri, et la diffusion d’une vidéo sur la problèmatique du plastique en mer.

Bruno Vellutini n'en est pas à son premier festival : il a été aux commandes du festival Porto Latino entre 2006 et 2014. Il se considère même comme l’un des "précurseurs corses pour la réduction des impacts écologiques".

 Selon lui, le seul problème du festival aura été la gestion du tri : "Pour que cela soit bien respecté, il faut prévoir du personnel présent pour guider les festivaliers et vérifier que tout est fait en bonne et due forme… Ce qui est compliqué à installer pour une première édition, mais que nous voulons évidemment instaurer pour les prochaines fois."

Seulement voilà. Il aura suffi de quelques confettis pour attiser la braise sur les réseaux sociaux. Des confettis bleus, verts, rouges et jaunes envoyés par milliers au canon sur les quelques 2 5000 spectateurs, en plein cœur du concert de Big Flo et Oli, lors du soir d’ouverture du festival Festa Maio le 12 juillet dernier.

Le problème, c'est que si la disposition de l'évenement, aux abords de la plage Arinella, à Bastia, était un cadre rêvé pour les festivaliers, elle augmentait aussi les chances de voir les déchets engendrés par les trois soirées de concerts dans la mer.

Et c’est justement en voyant le lendemain matin, samedi 13 juillet, les confettis fourmiller sur le sable que plusieurs associations se sont énervées. Parmi elles, Corsican Blue Project. "Ce qui nous a choqué, c’est que l’on effectue souvent des opérations de nettoyage sur la plage de l’Arinella, explique Julien Torre, fondateur de l’association. Et là, le lendemain de concert, on retrouve tout ça…"

Une fausse polémique selon Bruno Vellutini, directeur de Festa Maio : "Ces confettis sont réalisés à base de riz, et se désagrègent au contact de l’humidité. Il n’y a pas de risques de pollution de l’eau."

 

Avoir pris des confettis comme ça, c’est bien, mais ce n’est pas un passe-droit pour salir  pour autant !

Les artistes Big Flo et Oli ont même réagi à l'affaire  : interpellés par une internaute sur Twitter, les deux chanteurs ont précisé que les confettis étaient biodégradables, et donc « sans danger pour la jolie région ».
 

Une excuse qui ne passe pas pour Julien Torre, fondateur de Corsican Blue Project : « Se servir de l’argument biodégradable pour faire les cochons, c’est inadmissible. Avoir pris des confettis comme ça, c’est bien, mais ce n’est pas un passe-droit pour salir  pour autant »

D’autant plus que certains ne sont pas entièrement convaincus par le côté biodégradable des confettis.

 

Un vrai produit biodégradable, c’est quelque chose qu’on peut boire sans danger

Un membre du groupe Facebook "Corse propre" les a ainsi soumis au test, après collecte sur les bords de plage, samedi 13 juillet.

Une expérience repostée sur les comptes Instagram de plusieurs associations écologiques corses, dont Corsican Blue project : si les confettis se diluent bien au contact de l’eau, "ils laissent une substance visqueuse, que j’invite tout le monde à essayer de boire, précise Julien Torre. Parce qu’un vrai produit biodégradable, c’est quelque chose qu’on peut boire sans danger."
 

Si Corsican Blue Project ne mènera pas l’expérimentation plus loin, d’autres associations auraient amené les confettis en laboratoire pour effectuer des analyses plus poussées.

Mais pour Julien Torre, le vrai problème n’est pas tant dans les confettis, mais bien l’impact environnemental général de l’évènement : "Il n’y avait pas que des confettis, sur la plage. On a trouvé des bouteilles, des canettes, des mégots, des gobelets…"

Porto Latino 

Anciennement connu pour ses musiques latines, et aujourd’hui pour les stars qu’il aligne à sa programmation – comme, Jain qui inaugurait le festival, le 03 août dernier -  Porto Latino accueille en moyenne 8 000 spectateurs sur 4 jours.

Alors pour limiter les déchets plastiques, Porto Latino propose depuis plusieurs années un transport gratuit pour les festivaliers, ainsi que des verres réutilisables et consignés. 

Un ajout dont se félicite Tony Baldrichi, directeur du festival : "Le site est chaque jour très propre, ça n’a rien à voir avec avant. Chacun, avec les écocups, à son propre verre, et le rend à la fin du festival ou le garde en souvenir. C’est vraiment une évolution qui est remarquable. Le public devient un peu écolo aussi."

Mais surtout, la grande nouveauté non-négligeable depuis quelques années, c’est la lumière. Porto Latino a ainsi installé des ampoules LED sur ses scènes. Et les résultats sont là : depuis l’arrivée de cette technologie, le festival consomme trois fois moins d’énergie.

Vincent Grisoni, directeur technique de l’évènement, pointe ainsi du doigt un des "nouveaux" projecteurs : "Ce spot là remplace aisément une vingtaine de projecteurs d’avant, qui fonctionnaient avec des lampes à incandescence."

Et les possibilités offertes par ces engins sont plus intéressantes pour l’organisation : "On est sur du 250 watts de consommation, alors qu’avant, on était sur du 16 000 watts."

Petit hic cependant : les LED ne remportent pas les faveurs de tous les scientifiques. Selon une étude de l’Inserm, publiée en janvier 2017, ces diodes électroluminescentes sont responsables de dégâts sur les yeux. En cause, la lumière bleue qu’elles émettent, présente en plus grande quantité dans les LED que dans d’autres sources de lumière, et qui constitue selon les chercheurs un danger potentiel pour la rétine après une longue exposition.

De plus, le bilan environnemental réel des LED reste à déterminer.  Car si l’utilisation d’electricité est effectivement moindre avec les ampoules de ce type, leur fabrication, qui demande d’exploiter des terres rares et des métaux précieux, pourrait avoir un impact important sur la planète.

 

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