Coronavirus et confinement : en Corse les chefs d’entreprises craignent une crise plus grave que prévu

Lundi soir, lors de son allocution télévisée, Emmanuel Macron a annoncé plusieurs mesures pour soutenir les entreprises qui ne pourront pas reprendre leur activité dès le 11 Mai. En Corse, les chefs d’entreprises redoutent une crise bien plus importante que prévu.

Il y a douze ans, la crise des ‘ Subprime’ contaminait l’économie mondiale. La finance et ses excès, les traders et leur obsession du profit envoyaient par le fond la Grèce, le Portugal et l’Espagne. Mettaient à la rue des milliers d’Américains et rendaient orphelins les disciples d’Adam Smith et sa théorie économique de la main invisible.

 Aujourd’hui, c’est un virus qui mesure 0,2 microns qui fait plonger les bourses, affole les marchés et précipitent des entreprises vers la faillite. Ce mardi matin, sur France info, le ministre des comptes publics a annoncé des chiffres qui donnent le vertige. Selon lui, le déficit public se creuserait à 8 % du PIB, tandis que la dette elle, augmenterait à 115 % du produit intérieur brut.

Lundi soir, pendant 28 minutes, le président de la République, la mine grave, a annoncé des mesures d’urgence pour aider les entreprises à faire face à la crise sanitaire. Annulation des charges sociales, aides et mesures de chômage partiel renforcées, mise en place d’un fonds de solidarité dédié aux très petites entreprises.

 

En Corse, les acteurs économiques ont été très attentifs au discours du chef de l’Etat. Avec 46.635 entreprises, qui emploient un peu plus de 83.000 personnes, le secteur privé est déjà très impacté par les conséquences économiques du Coronavirus.
 

Dégâts irréversibles


Antoine Vincenti est commissaire aux comptes, il dirige le plus important cabinet d’expertise comptable de Corse. Dans son portefeuille, plus de 2.000 clients et 60 salariés qui établissent les bilans et les comptes de résultat des entreprises.

Ses prévisions sont plutôt sombres, si l’activité ne reprend pas, les dégâts sur certains secteurs d’activités seront irréversibles prévient-il. « Certaines entreprises enregistrent un recul de leur chiffre d’affaire de 50 %, il faudra des mesures plus fortes que celles annoncées hier [lundi 13 avril] par le président de la République, comme un effacement des charges sociales des entreprises », analyse encore Antoine Vincenti.
 

Une année noire pour le tourisme ?


Avec dix millions de nuitées dans les hôtels et campings en 2019, la Corse s’apprête à sacrifier sa saison estivale et les 30 % du PIB que pèse le tourisme. Marie-Paule Ciosi, gère un hôtel au sud de Bastia. 52 chambres, 35 salariés dont 30 en congés ou en chômage partiel.

 

La gérante a fait le choix de conserver son établissement ouvert, mais elle n’accueille que des personnes dont l’activité est en lien avec la crise sanitaire. Des infirmières, hébergées gratuitement, ou encore des techniciens de maintenance de l’hôpital de Bastia. « J’ai un à deux mois de trésorerie maximum. Les seules charges sociales représentent 30.000 euros par mois. Qui vais-je pouvoir garder parmi mes salariés quand nous reprendrons le travail ? » s’interroge Marie-Paule Ciosi, qui plaide pour la création d’une zone franche pour la Corse, indispensable selon elle pour relancer la machine économique. 

A Galéria, petite station balnéaire nichée sur le littoral au sud de Calvi, Stéphane Celeri-Spinosi a décidé de ne pas ouvrir son établissement, un hôtel familial, le 25 Avril comme cela était prévu.

Ce professionnel du tourisme, travaille avec un grand tour opérator Autrichien, toutes les réservations d’avril à fin juin sont annulées. « La prochaine échéance est fixée au 12 juillet, explique-t-il, si nous arrivons à ouvrir à cette date, ça sauvera un peu la saison. En revanche, tous les investissements prévus pour la saison 2021, seront différés, ce qui aura un impact sur les autres secteurs de l’économie qui travaillent avec nous, notamment les artisans. »

 
Le mythe de la « planche à billets »


L’Union Européenne, très critiquée sur la scène internationale pour sa réaction tardive face au Coronavirus, détient désormais les clés de la relance économique. La pandémie, place en effet les Européens face au choix de mutualiser leurs dettes.

La France continue d’insister pour la création de « Coronabonds », un instrument financier en faveur des Etats les plus touchés par l’épidémie. C’est la technique de « la planche à billets », la banque centrale Européenne financerait directement les déficits publics des Etats sans faire appel aux investisseurs privés. Sans eux, les taux d’intérêts resteraient bas, ce qui permettrait de financer les investissements dont les entreprises auront besoin.

Une stratégie risquée, car quand il y a trop de monnaie en circulation, les prix grimpent, par le truchement de l’inflation. Et des bulles spéculatives peuvent se créer, mettant les pays à la merci d’un krach boursier. 
 
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