Dans sa quatrième allocution depuis le début de la crise du Coronavirus, Emmanuel Macron a annoncé une réouverture progressive des écoles, à partir du 11 mai. Une décision qui, en Corse, ne ravit pas les syndicats d’enseignants et les parents d’élèves et institutions.
Depuis lundi soir et la fin de l’allocution présidentielle, le téléphone de Fabien Mineo, secrétaire départemental de Haute-Corse du SNUIPP-FSU, n’arrête pas de sonner. « Il y a deux mots pour résumer les appels : incompréhension et peur », lâche-t-il.
Ces ressentis sont ceux d’instituteurs après l’annonce, par Emmanuel Macron de la réouverture progressive des écoles, de la maternelle au lycée, le 11 mai prochain. Une décision dont les contours ont été précisés dès mardi par le ministre de l'Éducation nationale. « Le retour ne sera pas obligatoire le 11 mai. C’est un retour progressif donc il va y avoir beaucoup d’aménagements. L'objectif, c'est qu'entre le 11 mai et le 4 juillet [date des vacances d'été], nous ayons réussi cette resocialisation (...) qui permette de se remettre dans l'apprentissage », insiste Jean-Michel Blanquer dans un entretien accordé à France 2.
?@jmblanquer : "L'école ne sera pas obligatoire le #11mai, le retour sera progressif. Il y aura des aménagements."
— Info France 2 (@infofrance2) April 14, 2020
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« Nous ne sommes pas de la chair à canon »
Pour Fabien Mineo, ce choix montre « que l’économie prend le pas sur le sanitaire ». Et la stupéfaction est encore plus grande lorsque le syndicaliste entend que les étudiants resteront confinés jusqu’en septembre. « On ne nous demande pas d’enseigner, on nous demande de faire de la garde d’enfants », dénonce-t-il.
Et les inquiétudes subsistent lorsqu'il est question de la santé des enfants et de ses collègues. « Les bars, les restaurants restent fermés et nous devons ouvrir les écoles. C’est simple, à la fin de la journée il y a 400 parents d’élèves devant les grilles de mon école de Lucciana, comment peut-on faire respecter la distanciation sociale, et faire pratiquer les gestes barrières aux enfants, en plus nous n’avons pas de masques. Nous ne sommes pas de la chair à canon », lance Fabien Mineo.
Il prévient, si les instituteurs n’obtiennent pas de précision de la part du rectorat, ils sont prêts à faire jouer leur droit de retrait et à porter plainte contre leur hiérarchie. Tous réclament d’être testés avant la reprise.
Opposition des parents d’élèves
Des fédérations de parents d’élèves partagent le même avis. L’associu di parenti corsi en fait partie et s’oppose à la réouverture des écoles le 11 mai prochain.
« La reprise reste liée aux conditions sanitaires, soutient Denis Luciani, président de l’association, et c’est notre position depuis le début de la crise. Selon nous, il faut voir s’effectuer une baisse de l’épidémie et que lors de la réouverture tout soit mis à disposition au niveau des équipements que ce soit les masques ou les tests. »
« La Corse est dans une situation tout à fait spécifique »
Dans la matinée, les institutions politiques insulaires sont entrées dans le débat. Ainsi, Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse, mettant en avant les spécificités géographique, sanitaire et démographique de l’île, estime « qu'une décision prise à Paris (où elle est d'ailleurs très contestée) n'a pas à être imposée à nos enseignants, aux parents et aux élèves. »
Pour lui, « il appartiendra aux pouvoirs publics corses et aux syndicats et organisations insulaires, et à eux seuls, de définir la stratégie de levée du confinement. » Dans le même temps, Jean-Guy Talamoni annonce qu’il proposera un délibérer en ce sens lors de la prochaine réunion de l’Assemblée de Corse.
Suite à l’annonce de la réouverture des écoles le 11 mai prochain ⤵️ pic.twitter.com/YdlI6DKa4y
— Jean-Guy Talamoni (@JeanGuyTalamoni) April 14, 2020
Contacté, le rectorat n’a pas souhaité réagir, précisant qu’il était encore trop tôt pour commenter. Au niveau national, les modalités de ce retour progressif en classe ne sont actuellement pas connues.