La raison, pas l'épidémie elle-même, mais les mesures d'exception décrétées par la ministre de la Justice. Les détenus dénoncent des abus qui les pénalisent. Hier, Borgo annonçait un mouvement de contestation. Et aujourd'hui, la prison d'Ajaccio a rejoint le mouvement.
"Prolongement des détentions provisiores de façon abusive et illégale,
- Refus de libération des mandats de dépôt arrivant à terme
- Refus systématique des demandes de mise en liberté provisoire
- suspension des permissions
- suspension des aménagement de peine
- refus de libération des détenus à risque pathologique Covid-19."
Borgo, et maintenant Ajaccio
Les griefs sont nombreux.Et partagés.
Le courrier adressé à la direction de la prison d'Ajaccio est, mot pour mot, le même que celui de Borgo.
Une pétition circule, dans les deux centres de détention, signé par une grande majorité des détenus.
A Borgo elle déjà été signée par plus de 140 détenus sur les 231 que compte la prison.
En cause, l'ordonnace du 25 mars.C'est une espèce de facilité, cette ordonnance - Maître Eon
Qui avait pour objet, selon l'administration pénitentiaire, de tirer les conséquences de la propagation du Covid-19 et de dicter des mesures pour limiter cette propagation.
Mais les effets collatéraux n'ont pas tardé à se faire sentir, comme le confirme Jean-Paul Eon, le bâtonnier du barreau de Bastia.
"La question est de savoir si c'était une mesure qui était indispensable. Les citoyens peuvent admettre les mesures absolument indispensables. Et je pense que c'est mesures n'étaient pas indispensables. C'était une espèce de facilité, or la facilité en matière de détention, ce n'est pas acceptable".
Une sénatrice sur la même longueur d'onde que les détenus
Même dans les rangs des politiques, des voix s'élèvent pour dénoncer cette ordonnance.Ainsi le 16 avril dernier, Sophie Joissains, sénatrice UDI des Bouches-du-Rhône, a adressé un courrier à Nicole Belloubet, le Garde des Sceaux.
Elle y écrit :
"Vous condamnez d'un trait de plume des détenus présumés innocents à plusieurs mois de privation de liberté supplémentaires de façon systématique, sans examen de leur situation par le juge, les exposant ainsi délibérément et sur un temps plus long que le Droit commun ne le permet à un risque sanitaire mortel".
Grève des plateaux-repas
Les détenus, pour protester contre l'ordonnance, ont débuté aujourd'hui à Borgo et à Ajaccio une grève des plateaux-repas, qu'ils refuseront. L'un d'entre eux, que nous avons contacté, a fait que savoir :
"Nous sommes en colère. Tant que Nicole Belloubet ne retira pas son ordonnance, nous n'arrêterons pas notre mouvement.
Pour autant, nous n'avons rien contre le directeur de la prison. Il gère bien la situation".
Du côté de l'administration pénitentiaire, on refuse de commenter le mouvement.