Le résultat de la rencontre entre la majorité nationaliste et Matignon a été diversement commenté. Le mouvement indépendantiste Core in Fronte parle "d'une réformette constitutionnelle", quand à droite le groupe Per l'avvene se fend d'une "satisfaction prudente".
Divisé pour mieux régner. A ce jeu, la rencontre entre l'exécutif insulaire et le Premier ministre pour se faire présenter la forme que doit prendre l'inscription de la Corse dans la Constitution, semble avoir porté ses fruits.
Le président de l'exécutif Corse, Gilles Simeoni, a reconnu mardi "des avancées" quant au statut de l'île dans la réforme constitutionnelle, tout en regrettant que le fond n'ait pas été défini.
"On a toujours envie et nous souhaiterions que cela aille plus vite. Ceci étant, il y a des avancées, notamment le fait qu'il est désormais acquis que l'accord se fera", s'est-il félicité sur CNews.
Édouard Philippe a confirmé lundi soir que la Corse serait mentionnée dans "un article spécifique" de la Constitution, mais sans finalement en dire davantage sur les intentions de l'exécutif sur ce volet sensible.
"Une réformette constitutionnelle"
Les indépendantistes de Core in Fronte parlent eux d'"échec" de la rencontre et qu'il y a "peu ou rien à attendre de l'Etat"."Aucun des deux camps, à Paris comme à Ajaccio, ne peut se satisfaire d'une réformette constitutionnelle, et notamment la majorité territoriale qui ne peut se contenter, avec 57% des votes aux dernières élections, de présenter un projet d'article à minima pour ne pas froisser Paris."
Le mouvement invite "les nationalistes à organiser au plus vite une véritable plateforme revendicative commune".
La #Corse n'a que faire des visites annoncées d'une dizaine de ministres aux discours creux.
— Core in Fronte (@coreinfronte) March 13, 2018
Elle doit signifier ses droits et sa volonté d’émancipation par la lutte populaire.
Personne ne peut se contenter d’une réformette constitutionnelle, ni à Paris ni à Aiacciu. pic.twitter.com/yyw09p8NmT
Interrogé sur des projets de manifestation, Gilles Simeoni les a démentis, en estimant qu'"en démocratie, la force la plus importante, c'est celle qui est issue des urnes".
"L'autonomie n'est pas l'antichambre de l'indépendance", a par ailleurs insisté le leader autonomiste. "Aujourd'hui, (les Corses) ne sont pas en faveur de l'indépendance, ceux qui pensent que cela pourrait changer demain pensent que les Corses peuvent évoluer, ça c'est les vertus du dialogue et du débat démocratique", a-t-il ajouté.
"Une satisfaction prudente" à droite
Pour le groupe Per l'avvene (droite régionaliste) à l'Assemblée de Corse, "un article spécifique consacré à la Corse (…) constitue une avancée inédite et originale"."Dans l’attente d’une rédaction finale, nous prenons acte avec une satisfaction prudente des annonces qui valident les termes de la proposition équilibrée que nous avons défendu", indique son président Jean-Martin Mondoloni.
Le groupe de droite se félicite également de la mention de la Corse dans le cadre de l’article 72 (sur les collectivités locales métropolitaines, ndr).
"C’est une position que notre groupe a toujours défendu, en opposition avec la majorité territoriale qui souhaite produire des textes quasi-législatifs, autrement dit tendre vers l’esprit de l’article 74. Faire rentrer du jus de 74 dans un flacon de 72 relève en ce sens d’un artifice grossier."
Lire le communiqué du groupe "Per l’avvene"