Le président de l'exécutif répond aux attaques du maire d'Ajaccio, qui qualifie d'"illégale" la construction de la plate-forme, et pointe les responsabilités de la CdC. Gilles Simeoni parle d'une "instrumentalisation du dossier", alors que la campagne des municipales bat son plein.
"Les attaques outrancières du mairie d'Aiacciu à l'encontre de la Collectivité de Corse dans cette affaire apparaissent (...), une fois de plus, d'une particulière mauvaise foi.Elles sont également particulièrement savoureuses, venant d'un maire qui n'a pas de mots assez durs pour s'indigner de la réalisation d'une plate-forme démontable de 16 mètres carré, mais qui délivre parallèlement, avec la régularité d'un métronome, des permis de construire de centaines de logements à des prometteurs privés, dans le cadre d'opérations immobilières d'envergure impactant de façon irréversible des zones vallonnées et agricoles qui étaient, avant d'être livrées au béton, de véritables poumons verts pour la commune d'Aiacciu."
La réponse de Gilles Simeoni s'est faite attendre, mais elle est à la mesure de l'attaque.
A moins de deux semaines du premier tour, pas question, dans un camp comme dans l'autre, de retenir les coups.
Une plate-forme qui ne séduit pas grand monde
La polémique est partie d'une pétition, lancée sur internet le 28 février dernier, et qui totalise aujourd'hui près de 4.000 signatures.Elle réclame la « démolition » de la structure « qui n’a pas sa place dans ce petit coin de paradis » et dénonce une « nature meurtrie ».
Hier, Laurent Marcangeli s'empare à son tour de l'affaire.
Prenant fait et cause pour les pétionnaires, le maire d'Ajaccio annonce qu'un procès-verbal d'infraction sera dressé "et transmis sans délai au procureur de la République".
Selon lui, cette plate-forme représente « un préjudice inestimable, eu égard à l’espace remarquable qu’il représente et de la protection dont il doit faire l’objet. »
Le préjudice est inestimable, eu égard à l’espace remarquable qu’il représente.
— Laurent Marcangeli (@LMarcangeli) March 2, 2020
Je souhaite que cette infraction soit sanctionnée et que des mesures de remise en état soient engagées dans les plus brefs délais⬇️https://t.co/C1tUQZHviS#Ajaccio #Corse
A qui la faute ?
Vient ensuite le temps de pointer les responsables.Laurent Marcangeli explique qu'en « novembre 2016 la ville d’Ajaccio a […] délégué la compétence au département de la Corse-du-Sud pour aménager et valoriser cet itinéraire au titre du plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée. Depuis 2017 […] la Collectivité de Corse est en charge de cette politique. »
Selon le maire, « la réalisation de ces travaux en méconnaissance de l’obligation de demande préalable d’un avis de construction ou d’un permis de construire s’expose à des sanctions ». Et donc, la construction serait « illégale ».
Cet après-midi, la collectivité de Corse, visée par les attaques, a publié un communiqué de presse.
Elle y déclare que "la seule responsabilité qu'a la Collectivité de Corse dans la situation actuelle est de ne pas avoir remis en cause l'exécution d'un projet décidé par le Conseil départemental de Corse-du-Sud à la demande et sur délégation de la Commune d'Aiacciu".
En clair, selon le conseil exécutif, c'est le maire d'Ajaccio qui serait responsable de ce qu'il reproche à la Région...
Communiqué de presse du conseil exécutif
Son président, Gilles Simeoni, pointe une "instrumentalisation grossière et navrante de ce dossier", mais il concède que les travaux "font l'objet de critiques nombreuses et développées, celles-là, de bonne foi", et qu'il est bien sûr "prêt à modifier le projet et à le faire évoluer".
"De façon sereine et argumentée, sans polémique, ni surenchère".
En pleine campagne électorale, gageons que la sérénité devra patienter encore un peu...