À en croire la rumeur, le centre-ville d'Ajaccio n'attirerait plus. En cause notamment, le manque d'infrastructures culturelles. Mais des changements seraient à attendre prochainement, la municipalité parle, entre autres, de la rénovation du mythique théâtre Kalliste.
Une cité bâtie sur un site exceptionnel, une qualité de vie que beaucoup jalousent, et pourtant, le centre-ville ajaccien est dit-on boudé, délaissé au profit de la périphérie. Que manque-t-il à cette ville pour briller de nouveau ? La question a été posée à un acteur culturel croisé par hasard dans les rues ajacciennes.
« Qu’est qu’il manque à Ajaccio pour qu’on y soit bien ? Un beau théâtre. Un très beau théâtre avec beaucoup de places et tout le matériel suffisant pour que l’on puisse organiser de beaux spectacles de beaux concerts et de belles manifestations théâtrales et musicales. Un beau théâtre, j’en rêve et je ne suis pas le seul », lance Frédéric Poggi, chanteur-compositeur, acteur et auteur.
Quelques mètres plus loin, Saint-Gabriel, théâtre d’antan, abrite désormais La Poste. Sur le Cours Napoléon, le mythique théâtre Empire affiche porte close. Le cinéma Laetitia, autre lieu culturel historique, est aujourd’hui convoité par de nombreuses franchises commerciales.
Ils jettent l'éponge
À quelques rues, enfin, le théâtre Kalliste attend toujours sa résurrection. Des rumeurs quant à sa réouverture se faisant persistantes, la municipalité a été contactée. C’est le premier adjoint au maire, lui-même, qui se charge du dossier.
Dans son bureau, une photo du théâtre Saint-Gabriel encadrée et des badges arguant « Un théâtre pour Ajaccio » sont ostensiblement disposés. « On ne peut pas concevoir qu’une ville comme Ajaccio, alors qu’elle a une histoire de théâtre, elle a connu un théâtre, donc il y a un public ajaccien sur le théâtre et qu’il faut aujourd’hui nécessairement réanimer. La ville d’Ajaccio est propriétaire d’un lieu emblématique qui est le Kalliste.
Il y a plusieurs mois, nous avons mené une étude architecturale et de faisabilité en termes de fonctionnement. Elle a abouti à la conclusion qu’il y avait un intérêt effectivement à restaurer le théâtre Kalliste comme un lieu de théâtre, un lieu de création, un lieu de production », assure Stéphane Sbraggia, premier adjoint au maire d'Ajaccio.
Depuis la fermeture du Kalliste en 2005 les artistes sont souvent contraints de travailler dans de petits espaces associatifs ou dans des lieux alternatifs. Certains jettent l’éponge, partent créer ailleurs ou s’adaptent.
Le Kalliste bientôt rénové ?
Le metteur en scène François Orsini investit régulièrement la bibliothèque patrimoniale. Il milite depuis plusieurs mois pour la réouverture et la modernisation du Kalliste, théâtre de 400 places en ville.
« Je pense qu’il faut un lieu à taille humaine et il est important de mettre un pied devant l’autre. C’est-à-dire d’avoir un lieu qui soit, pour commencer, pas très grand et essayer de faire nos preuves et tous ensemble, on arrive à construire un projet qui fasse qu’un jour, on ait besoin d’écarter les murs. À ce moment-là, on trouvera un projet plus grand. Mais commençons par quelque chose de simple parce qu’il y a un caractère d’urgence », souligne-t-il.
2,5 millions d’euros sont nécessaires à la rénovation du Kalliste. Les travaux pourraient débuter à la fin de l’année et durer 18 mois. La création théâtrale contemporaine au Kalliste et des spectacles dits plus commerciaux à l’Empire. Des vedettes de théâtres privés et de la musique pourraient y être programmées par la ville comme ce fut le cas par le passé. Le projet est dans les tuyaux et la famille propriétaire du lieu y est favorable.
L’Espace diamant retrouverait alors sa vocation initiale : une salle des congrès pouvant accueillir conférences et spectacles associatifs. Enfin dans cette réorganisation culturelle du centre-ville, le cinéma ne serait pas en reste. « Il n’y a plus à démontrer qu'il y a un public ajaccien qui adore le cinéma. Il n’y a qu’à voir le succès des différents festivals en la matière. Et puis il y a des promoteurs, des initiatives privées, qui veulent réinvestir le centre-ville avec la réouverture de salles comme le Laetitia. Et on pourrait voir très rapidement deux ou trois salles en centre-ville revenir. Il faut absolument que le centre-ville soit doté de salles de cinéma », continue Stéphane Sbraggia.
Deux théâtres et un cinéma en centre-ville à Ajaccio dans un avenir relativement proche. Rien de plus normal pour une ville de 70 000 habitants et peut-être un des moyens de réveiller ce cœur moribond.