Ce jeudi matin, plusieurs représentants de sociétés de transports scolaires se sont rassemblés devant les grilles de la Collectivité de Corse. Cela fait suite à l'attribution de certaines lignes de service public dans la région ajaccienne.
D'une délégation de service public à une autre.
En même temps que les syndicats d'Air France au sujet de la DSP dans l'aérien, plusieurs représentants de sociétés de transports scolaires se sont également rassemblés dans la matinée du 26 octobre devant les grilles de l'Assemblée de Corse. Une session s'y déroule actuellement dans l'hémicycle.
Cette mobilisation, illustrée par un convoi d'une trentaine d'autocars qui a un temps bloqué la circulation sur le cours Grandval, a été lancée par l'intersyndicale FNTV Corse-Strada Corsa. Elle fait suite à la polémique suscitée début septembre après l'attribution, par la Collectivité de Corse, des lignes de la DSP du transport scolaire dans le grand Ajaccio.
Dans un communiqué, l'intersyndicale - qui représente 80 % de la profession du transport routier de voyageurs en Corse - pointe "les problématiques rencontrées lors du renouvellement des marchés de la DSP des transports scolaires" et "la non-attribution de certains marchés à ce jour, alors même que la rentrée scolaire a eu lieu le 5 septembre dernier". Et d'ajouter :
"Malgré cela, aucun enfant n'a été laissé sur le bord de la route par les transporteurs insulaires qui ont accepté des avenants aux contrats précédents (2019-2023) afin de ne pas pénaliser les familles qui utilisent quotidiennement ce service public et ainsi éviter une rentrée des classes perturbée."
Pour rappel, début septembre, plusieurs de ces autocaristes avaient déploré la perte de certaines lignes qu'ils qualifiaient "d'historiques" après que la Collectivité de Corse avait choisi la société Phoenix basée à Sarrola-Carcopino. Selon ces derniers, elle disposerait de "capitaux venus du continent".
"Une fois encore, ce sont des calomnies, des mensonges, répond Mickaël Pellegrini, président des Transports Phoenix. Cette société qui est basée à Sarrola-Carcopino, c’est la mienne, c’est celle de mon associé, Monsieur Pieri. Nous sommes corses, nous sommes partis de rien, nous avons créé notre entreprise et nous sommes montés progressivement avec du matériel innovant et des nouvelles technologies qui nous ont permis aujourd'hui de répondre à ces marchés publics. Il n’y a jamais eu, en aucun cas, de capitaux, de près ou de loin, venus de l’étranger, du continent ou de Mars."
"Depuis que nous sommes délégataires, nous avons subi 31 contrôles en 34 jours d'exploitation."
Mickaël PellegriniPrésident des Transports Phoenix
Dans son communiqué diffusé ce jeudi, l'intersyndicale indique, qu'"à la suite de constats, il s'avère que la société de transport Phoenix ne respecte pas les conditions et obligations contractuelles de l'exécution des marchés, tout ceci sous le regard bienveillant de la Collectivité de Corse et de son maître d'œuvre. Un car exploité par cette société a été immobilisé par les services de l'Etat pour non-conformité aux règles élémentaires de sécurité. Et pour autant, les services ont continué de fonctionner", est-il écrit dans ce même texte.
"Là encore, ce sont des calomnies, rétorque le président des Transports Phoenix. Depuis que nous sommes délégataires, nous avons subi 31 contrôles en 34 jours d'exploitation. Jusqu’à présent, ces contrôles n’ont donné lieu à aucune sanction ni à aucune suspension de service concernant le car que mes confrères évoquent. Il s’agit d’un car de réserve qui arrivait en fin de contrôle technique. Il n’a jamais été arrêté par aucun service de l'État. Ce car a été simplement remplacé par un car électrique.”
Début septembre, la Collectivité de Corse avait dit "comprendre l’émotion suscitée par cette décision au sein des entreprises (qui avaient perdu ces dix lignes, ndlr)", tout en précisant que la société Phoenix "a été classée très largement premier[e], dans le cadre de ces 10 lignes, par le rapport d’analyse des offres, construit sur une répartition des critères à 60% pour le prix et à 40% pour les critères techniques".
À la suite de l'attribution de ces lignes de service public, certains de ces autocaristes de la région ajaccienne avaient indiqué avoir saisi la justice administrative.
"Ces lignes ont été contestées par nos concurrents devant le tribunal administratif qui a rendu son jugement en les déboutant toutes de leurs demandes et en particulier de l'annulation des marchés, souligne Mickaël Pellegrini. Aussi bien techniquement qu’économiquement, l'offre est donc conforme.
"Nous demandons le remplacement immédiat du directeur des Transports et de la Mobilité de la Collectivité de Corse."
Intersyndicale FNTV Corse-Strada Corsa
Ce matin, avant la session de l'Assemblée de Corse, sa présidente, Marie-Antoinette Maupertuis, est venue discuter devant les grilles avec les transporteurs de voyageurs présents.
Ces derniers demandent notamment "le remplacement immédiat du directeur des Transports et de la Mobilité de la Collectivité de Corse, la résiliation des marchés non conformes aux règles d'exécution, une reprise du dialogue avec un interlocuteur du service des Transports et de la Mobilité et des élus de la CdC, une refonte du schéma directeur des transports de la Corse pour améliorer la desserte du rural, et une réelle prise en compte des surcoûts liés à l'insularité et subis par les entreprises corses".