Réunis en assemblée générale extraordinaire, jeudi 15 février, les salariés de la société publique locale Muvitarra restent dans l’incertitude. L’entreprise pourrait passer en cessation de paiement dans quelques mois, syndicats comme certains membres du conseil d’administration plaident pour une recapitalisation.
Des salariés inquiets et dans l’attente de réponses. Jeudi 15 février, dans la soirée, ils sont nombreux à s’être rendus à l’assemblée générale extraordinaire organisée par la direction de la SPL (société publique locale) Muvitarra.
La situation de l’entreprise est préoccupante. L’an dernier, Muvitarra a enregistré un million d’euros de pertes, et elle risquerait la cessation de paiements à compter du mois de mai. « L’expert-comptable nous a dit qu’il fallait, pour que la société soit pérennisée, une recapitalisation. C’est inévitable. Sur ce sujet de recapitalisation, bien évidemment, nous n’avons pas eu de réponse », explique Sébastien Cerati, délégué syndical STC.
Ainsi, pour sauver Muvitarra, 700.000 euros seraient nécessaires. « Il faut que tout le monde prenne ses responsabilités, la direction dans un nouveau mode de gestion transparent, les actionnaires principaux, la Capa et la mairie, doivent dicter leurs objectifs en matière de lignes et de transport public et mettre les fonds qui sont associés. Et puis les salariés qui doivent faire des efforts, on a des taux d’absentéisme qui sont encore trop importants même si ce n’est pas l’essentiel du déficit », estime Jean-André Miniconi, élu d’opposition à la communauté d’agglomération du pays ajaccien (Capa).
De trop nombreuses créations de postes non-budgétées ?
Le délégué syndical STC prévient d’ores et déjà, « on leur a très bien dit que l’on voulait un retour très rapide, sinon nous irons chercher les réponses nous-mêmes et nous déposerons un préavis de grève. »
Créée en 2016, la SPL Muvitarra compte deux actionnaires publics : la Capa à hauteur de 60 % et la ville d’Ajaccio à hauteur de 40 %. Et selon les syndicats STC et FO, dès sa mise en place, « le budget a été très mal fait ». « Il y a un déficit structurel, tous les mois, la société perd de l’argent. C’est pour ça que l’expert-comptable a préconisé de passer au nouveau COSP le plus rapidement possible », précise Sébastien Cerati.
En cause, notamment, selon les deux organisations syndicales : de trop nombreuses créations de postes non-budgétés lors de la création de la SPL. « Sur le passif, la Capa va devoir remettre la main à la poche, c’est inévitable », estime le délégué syndical STC.
« Redonner à cette entreprise ses moyens d’actions »
Pour l’heure, la Capa et la municipalité sont en passe d’investir 30 millions d’euros pour la construction d’un téléporté. Rien, n’est encore décidé pour Muvitarra.
« Vous connaissez l’attachement qui est le nôtre sur la question des mobilités. Nous travaillons aujourd’hui à un plan d’actions pour redonner à cette entreprise ses moyens d’action. Aujourd’hui nous n’écartons aucun levier, il faut bien poser le diagnostic et expliquer les causes de cette situation », stipule Stéphane Sbraggia, président de la communauté d’agglomération du pays ajaccien et maire d’Ajaccio.
L’avenir de Muvitarra sera au cœur des prochaines réunions, mais quelle solution sera choisie ? Laisser tomber l’entreprise semble impossible, la sauver sera difficile. Muvitarra compte 120 employés.
Le reportage de Marie-France Giuliani et Lionel Luciani :