Ajaccio : un procès pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs sans avocats ni prévenus

Ce mardi 26 octobre, le premier jour d'un procès pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs s'est tenu sans avocat au tribunal correctionnel d'Ajaccio. Fait rare, la bâtonnière a frappé la barre d'interdit.

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Dans la salle d'audience du tribunal correctionnel d'Ajaccio, derrière les trois magistrats, des dizaines de dossiers. À l'intérieur, des milliers de documents de procédure d'un trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs que doit examiner le tribunal durant quatre jours.

Mais ce mardi 26 octobre, le premier jour d'audience s'est tenu dans une salle quasi-vide. Dès l'ouverture, les conseils des 11 prévenus comparaissant dans ce dossier ont quitté leur banc après le refus du président de renvoyer le procès à une date ultérieure et d'ordonner la disjonction des cas des trois principaux prévenus : Louis Carboni et son fils Mickaël et Mickaël Sanna.

Fait rare, après de vifs débats avec le tribunal, la bâtonnière du barreau d'Ajaccio, Julia Tiberi, a frappé la barre d'interdit. Une mesure extrême par laquelle l'ensemble des avocats du barreau se trouvent interdit de plaider jusqu'à nouvel ordre, sous peine de risquer un conseil de discipline. "C'est une décision qui fait écho au comportement de la juridiction. Le tribunal va juger ces personnes sans avocat, dans l'entre-soi, et malheureusement, j'ai l'impression que c'est une mauvaise habitude que prend le tribunal d'Ajaccio puisque cette situation s'est déjà produite il y a quelques semaines", estime-t-elle.

"Je suis illettré, j'aurais préféré être défendu par un avocat"

C'est donc sans conseils que les débats ont repris en début d'après-midi. Quatre hommes, comparaissant libres, sont assis sur le banc des prévenus dont Ange-Marie Gaffory et Sébastien Caussin. Après un rappel des faits, le président commence leur audition.

Jean-Marc Nicodemi est appelé à la barre. Il encourt jusqu'à 20 ans de prison. "Vous savez Monsieur le président, je suis illettré et j'aurais préféré être défendu par un avocat. J'aurais aussi aimé que Louis Carboni soit là. Moi ma vie, je la passe à m'occuper de mes petits-enfants", déclare-t-il avant de répondre aux questions du tribunal.

Dans le groupe, Jean-Marc Nicodemi est surnommé "La Mouette". C'est par Mickaël Carboni, dont il fait la connaissance en détention, qu'il rencontre le père de ce dernier, Louis. Dans l'affaire, il lui est reproché d'avoir participé, entre 2015 et 2017, à un transport de cocaïne et de cannabis entre le continent et la Corse et la participation à une association de malfaiteurs. Jean-Marc Nicodemi nie en bloc.

Lorsque le président souhaite quelques éclaircissements sur ses liens avec Louis Carboni, "La Mouette" répond : "J'aurai pu vous faire des commentaires, mais là, je n'ai pas d'avocat." Il décide de garder le silence. À la fin de son audition, faisant une nouvelle fois référence à l'absence d'avocat, il lance au magistrat : "Ce que vous avez fait, c'est très facile". Une suspension est demandée.

Le tribunal finit seul

L'image est presque surréaliste. À la reprise, les trois magistrats du tribunal n'ont plus que le procureur comme interlocuteur. Le président a décidé de s'intéresser aux cas de Fabrice Leca, Lise Pardier-Bernard, Michèle Vaudois et Claude Fruchard. Prévenus absents à l'ouverture du procès.

Ange-Marie Gaffory, Sébastien Caussin, Jean-Marc Necodemi, et Marc Pischedda ont quant à eux quitté les lieux. La fin de leur audition ayant été décalée au lendemain. 

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