Le dixième anniversaire du musée Marc Petit a été célébré samedi. Pour l’occasion, le sculpteur a dévoilé une nouvelle œuvre au public. Sa particularité : elle est partiellement immergée dans la mer. Une trentaine d’autres devraient suivre.
Dimanche matin, dans un des creux du golfe d'Ajaccio, il fait bon nager. Depuis samedi, une sculpture Gaïa a officiellement pris place à fleur d'eau.
Elle intrigue et attire dans l'eau comme sur le rivage. Toute de ciment marin, ce personnage féminin porte délicatement un crâne entre ses mains.
Marc Petit en est l'auteur, artiste terrien s'il en est, il n'en revient toujours pas de la voir là. « Il y a, sans doute, des coquillages qui vont aller s’y mettre. J’espère qu’un jour, il y aura des mouettes dessus. J’espère que la vie autour d’elle continuera son cour. Elle n’est pas là pour perturber, elle est là pour s’intégrer », explique le sculpteur.
« La faune et la flore marines attendront »
Depuis 10 ans, les œuvres de l’artiste habitent la terre ferme et protectrice du Lazaret. Elles disent la gravité et le tragique du monde, mais aussi l'humanité intime, la douceur qu'il reste.
Gaïa est le premier pas d’un projet qui vise à faire plonger plus d’une trentaine de sculptures de Marc Petit. « 20 statues au Scudo et 10 statues à l’Isolella. Ce projet d’ensemble, on est pratiquement sûr qu’il sera accepté. Parce que nous, on va obéir à toutes les conditions. Et peut-être que l’administration va mettre, elle, un an à deux ans. On n’est pas pressé. La faune et la flore marines attendront », sourit François Ollandini, mécène et propriétaire du Lazaret Ollandini.
Cette idée folle vient d’un nageur apnéiste philosophe. Il a fait les repérages pour savoir où poser l’art sous la mer. Cette alliance recèle, pour lui, une fécondité toute particulière. « Il y a des lieux consacrés à l’art où on rentre un peu trop facilement. Il suffit de payer un ticket d’entrée et soudain on est exposé à l’art. Ça manque de sacré, ça manque presque de difficulté d’accès. Je trouve que ça permet de restaurer le silence. L’idée qu’il y ait des sculptures sous l’eau, on va les voir, mais on ne pourra pas les commenter. C’est un peu inconfortable. Il faut apprivoiser un élément, ça va se mériter », estime Olivier Pourriol, inspirateur du projet.
Patience donc pour la prochaine étape au large du Scudo ou de l’Isolella, peut-être.