Coronavirus en Corse : le chef du service réanimation de l’hôpital d’Ajaccio, Laurent Serpin, témoigne

La Corse compte, ce jeudi 19 mars, 164 cas confirmés de Coronavirus. Laurent Serpin est chef du service de réanimation au centre hospitalier d’Ajaccio. Il est, avec ses équipes, en première ligne de la lutte contre l’infection. Il a accordé un entretien à France 3 Corse. 

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164 cas confirmés de Coronavirus en Corse. C’est le dernier bilan communiqué par l’agence régionale de santé ce jeudi 19 mars. 

 

Depuis des semaines, Laurent Serpin, chef du service de réanimation de l’hôpital d’Ajaccio, est directement confronté à l’augmentation quotidienne du nombre de malades avec ses équipes. 

 

Il répond aux questions de France 3 Corse ViaStella. 
 

  • On parle depuis ces derniers jours d’une chaîne de transmission à l’intérieur même de l’hôpital d’Ajaccio, qu’en est-il ? 
Laurent Serpin : Il y a eu, sans doute, une population initiale qui revenait d’un endroit qui était cluster. Et quand on a découvert le cluster de Mulhouse, on a compris très vite le potentiel d’infestation que ça pouvait représenter. À partir de ce moment, les mesures ont été immédiatement prises, puisqu’on était déjà en alerte. Mais il est bien évident, qu’automatiquement, des patients ont pu être contaminés à partir de ce moment-là. Et le « Cluster ajaccien », on était le troisième cluster français, est un cluster qui vient d’une population qui était contaminée. Mais c’est le propre des infections virales, ça se passe toujours comme ça. 

 
  •  Des personnels ont-ils été contaminés par le virus ? 
L.S : Oui. Mais je tiens à préciser qu’être contaminé par le Covid-19, c’est comme être contaminé par un rhinovirus ou un entérovirus. Ce n’est pas quelque chose qui est forcément grave. Donc des gens ont été contaminés, mais beaucoup moins de gens ont généré la maladie, pratiquement pas. Ce sont toujours des pathologies bénignes. 

 
  •  Est-ce que cette chaîne de transmission est identifiée ? Va-t-elle être stoppée ? 
L.S. : Elle est identifiée depuis pratiquement les premiers jours. Elle est stoppée, mais nous sommes maintenant en période épidémique. Ce qui signifie que toutes les personnes, en ville, partout, peuvent être les vecteurs. La chaîne de transmission est contrôlée au sein de l’hôpital par des mesures drastiques et par des efforts insensés de tous les personnels soignants. La seule solution pour que nous, nous puissions lutter efficacement contre la transmission du virus, au sein de l’hôpital, c’est le confinement. Il faut que les gens ne se contaminent pas entre eux, à l’extérieur de l’hôpital. Il faut rester chez soi. C’est la seule base. 



Entretien : 

 
  • Certains ne respectent pas le confinement. Que pouvez-vous en dire en tant que médecin ? 
L.S. : En tant que médecin, je pense que c’est une démarche suicidaire sur le plan sociologique et épidémiologique. Moins on respecte le confinement, plus on contamine nos anciens. Je rappelle qu’une grande majorité des victimes sont des personnes âgées. Donc ça s’assimile à un crime, on ne peut pas maintenant, alors que le monde entier est en confinement, nous, continuer à nous amuser, à être dans la rue et à rigoler. C’est terminé. Il faut rester chez soi le temps qu’il le faudra. C’est la seule solution. Si on ne le fait pas, on est perdu. 
 
  •  La crise a commencé depuis plusieurs semaines, êtes-vous fatigué ? Vos personnels sont-ils fatigués ? 
L.S. : Moi personnellement, ça fait 15 jours que je suis à peine rentré chez moi. J’ai dormi deux heures cette nuit. Je sors de garde, et on va encore continuer ce soir. Et c’est comme ça pour tous mes collègues, et pour tous nos personnels paramédicaux. On ne le dit jamais assez, moi, je suis très proche de mes infirmières et elles font un boulot de dingue et je suis très fier d’elles. 
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  • Mercredi, dans le quartier du Loretto, il y a eu une ovation pour vous, personnels hospitaliers, on imagine que ça vous touche… 

Mercredi, on était dur le toit, il y avait tous les gens autour qui étaient en train de nous acclamer, il n’y avait pas une seule des filles qui ne pleurait pas. Et moi, je dois avouer que je n’en étais pas loin. C’est très émouvant parce que c’est dur. C’est très dur. C’est plus dur que tout ce qu’on a connu. Personnellement, j’ai 50 ans, je n’ai jamais connu un truc comme ça. 

 
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