Le tribunal correctionnel d'Ajaccio s'est penché, vendredi, sur l'affaire Jessica Nassibian. Les parties civiles veulent connaître la vérité sur les circonstances du décès de la jeune femme, emportée par une embolie pulmonaire aux urgences en 2011. Un médecin et l'hôpital d'Ajaccio comparaissaient
Le 3 août 2011, Jessica Nassibian est admise aux urgences de l'hôpital d'Ajaccio pour des malaises. Le médecin diagnostique une tachycardie et laisse repartir la patiente. Le lendemain, son état s'aggrave. La jeune femme est en fait victime d'une embolie pulmonaire. Elle décède le 5 août.
Vendredi 19 décembre, le tribunal correctionnel d'Ajaccio a examiné les faits. Les parties civiles réclament justice depuis 9 ans. "Ce n'est pas dans un procès que l'on fait son deuil, mais ça aide à essayer de comprendre pourquoi. Je pense qu'aujourd'hui, on a eu un semblant de réponse aux questions qui étaient posées par la famille. J'estime qu'il y a eu faute caratérisée", explique Maître Anna-Maria Sollacaro, avocate des parties civiles.
Le procureur aussi estime qu'il y a eu faute caractérisée de la part du praticien, mais également défaillance de l'hôpital. L'établissement aurait dû fournir à l'urgentiste le dossier médical de la patiente soignée pour une phlébite le 25 juin 2011.
"Il y avait d'autres possibilités"
Quant au docteur Dominique Murgue, les résultats de l'électrocardiogramme étaient suffisamment clairs selon les experts médicaux pour diagnostiquer une embolie pulmonaire.
La défense plaide la relaxe. "On sait que cette affaire se termine par une embolie pulmonaire. C'est très facile une fois que le train est entré en gare de dire qu'il allait arriver à l'heure. Il faut réussir à se replacer au moment où le médecin pose son diagnostic et cet élément n'est pas caractéristique de cette seule possibilité. Il y en avait d'autres et ça a été dit par tous les experts", soutient Maître Don Georges Pintrel, avocat de la défense.
"Le dossier n'a pas été demandé par le praticien"
Sur le fait que le patricien n'ait pas demandé le dossier médical de Jessica Nassibian, son conseil rétorque : "il ne pouvait pas être demandé par mon client, car il n'existait aucun système pour le faire."
Selon l'avocat de l'hôpital d'Ajaccio, Maître Philippe Carlini, ce dossier "n'a pas du tout été demandé". "Le patricien ignorait que cette jeune femme était venue aux urgences quelques mois avant. N'ayant pas été demandé, naturellement, il n'a pas été fourni", continue-t-il.
Six mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amendes ont été requis à l'encontre de Dominique Murgue ainsi qu'une amende de 25.000 pour l'hôpital.
Délibéré le 9 mars 2021, presque 10 ans après la mort de Jessica Nassibian.