Trois présidents successifs du Gazelec Football Club Ajaccio (GFCA), Olivier Miniconi, Christophe Ettori et Mathieu Messina seront jugés les 8 et 9 février 2023 pour travail dissimulé et abus de biens sociaux, a annoncé vendredi le tribunal correctionnel de Marseille à l'occasion d'une audience de mise en état.
La SAS Gazelec Football Club Ajaccio et l'association Gazelec Foot Club Olympique Ajaccio comparaîtront également pour ces mêmes faits. Le club s'était vu saisir par le parquet de Marseille quelque 200.000 euros à l'automne dernier.
Une demande de mainlevée de cette saisie a été rejetée par la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence. Les dirigeants actuels regrettent que cette procédure bloque la reprise du club et le mette en difficulté financière.
Ce dossier de possible fraude aux URSSAF avait été mis au jour par les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie au cours de leurs investigations visant les finances occultes de la bande criminelle dite du Petit Bar.
Un préjudice estimé à 300.000€
Olivier Miniconi, qui a assuré les fonctions de président du GFCA durant quatorze années, ainsi que ses successeurs, Christophe Ettori et Mathieu Messina, sont soupçonnés d'avoir dissimulé primes, avantages en nature et indemnités kilométriques accordés aux joueurs et aux salariés pour un montant global estimé par l'accusation à 1.124.350 euros, sur une période allant du 1er janvier 2018 au 30 juin 2021. Ces manœuvres présumées auraient occasionné un préjudice que l'organisme collecteur des cotisations sociales estime à environ 300.000 euros.
En février, à l'issue de leur garde à vue, les trois mis en cause avaient été placés sous contrôle judiciaire avec l'obligation de verser un cautionnement de 15.000 euros. Le tribunal a refusé, vendredi, de lever l'interdiction de gérer en Corse imposée à Mathieu Messina et qui, selon son avocat Me Fabien Perez, le prive de revenus.
La procureure Emilie Almero s'était opposée à l'assouplissement de ce contrôle judiciaire, rappelant qu'il percevait 18.000 euros par an de son mandat d'adjoint au maire de Menton.
Christophe Ettori également jugé
Christophe Ettori, ancien joueur de football professionnel, se voit également reprocher un recel d'abus de biens sociaux commis sous la présidence de Mathieu Messina, chiffré par l'accusation à 31.650 euros. Il s'agirait d'avantages en nature accordés au footballeur, quia été président du club par intérim.
Joint par téléphone, l'avocat de Christophe Ettori et de l'association du Gazelec, Me Pascal Garbarini, concède qu'"il y a des sommes à régler auprès de l'Urssaf". Pour lui, le montant évoqué de 300.000€ n'est pas certain et restera "à préciser" avec l'organisme.
Il l'assure, "il n'y a aucun élément intentionnel et aucune volonté de s'enrichir dans cette affaire. C'était simplement pour faire face à une situation particulièrement difficile, une situation obérée financièrement du club."
Des sommes bientôt remboursées
"Mes clients vont régulariser les charges qui sont réclamées par l’Urssaf, déclare-t-il. Dès à présent, nous allons entamer des discussions avec l’Urssaf pour que les charges sociales qui n'ont pas été réglés le soient avant l'audience de février prochain."
Concernant les faits de recel d'abus de bien sociaux reprochés à Christophe Ettori, Me Pascal Garbarini répond : "Il développera sa position devant le tribunal. Même si 30.000€ est une somme, ce n'est pas non plus une somme très importante. Il faut rappeler que Monsieur Christophe Ettori a travaillé au sein du club du GFCA pendant de nombreuses années. Il a fait un intérim en sa qualité de président pendant 3 mois et c'est pendant ces 3 mois là qu'on lui fait ces reproches de sommes indûment perçues. Car on considère qu'à ce moment-là, il n'avait pas cette qualité enregistrée de président." Selon lui, un accord pourrait également être trouvé devant le tribunal pour que son client rembourse au club ces sommes, si la justice les considère indues à l'issue du procès.
Le parquet a retenu contre Christophe Ettori la récidive légale, puisqu'il a été condamné en mars 2018 pour association de malfaiteurs par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône à cinq ans de prison avec sursis dans le cadre d'une affaire d'assassinat. Il est le frère de Mickaël Ettori, présenté comme l'un des membres influents de la bande du Petit Bar, actuellement en fuite.