A l’occasion de la commémoration de l’assassinat du préfet Erignac le 6 février 1998, une cérémonie d’hommage s’est déroulée à Ajaccio, en présence de la famille du préfet et d’Emmanuel Macron. Ensemble, ils ont inauguré une place en son honneur.
La cérémonie en hommage au préfet Claude Erignac s'est déroulée sous la pluie, rue Colonna-d’Ornano à Ajaccio. Emmanuel Macron -dont c'est la première visite en Corse en tant que président de la République - a inauguré la place Claude Erignac en présence de la veuve du préfet, Dominique Erignac et de ses enfants. Un moment très solennel pour commémorer l’assassinat du préfet le 6 février 1998, il y a tout juste vingt ans.
Fait inédit, c’est la première fois que Dominique Erignac et ses enfants revenaient en Corse. La veuve du préfet a organisé un hommage, qu’elle a voulu en toute sobriété. Sur la place inaugurée en l’honneur de Claude Erignac, un olivier a été planté et une inscription a été gravée au sol : "1 homme, 1 place".
France 3 Corse ViaStella était en direct pour la retransmission de la cérémonie d'hommage au préfet Erignac:
"La République n'oubliera jamais"
Entourée de ses deux enfants, Dominique Erignac a pris la parole la première : "Je pensais ne jamais revenir sur ce lieu maudit où il y a vingt ans, jour pour jour, mon mari Claude Erignac était assassiné", a t-elle déclaré, vaillamment. Elle a ensuite rappelé les circonstances de l'assassinat de son mari, le 6 février 1998, alors qu'ils se rendait au théâtre Kalliste, pour assister à un concert avec son épouse. Un assassinat conduit "de la plus lâche des manières: la nuit, par derrière, de trois balles dans la tête".
L'inauguration de la place Erignac représente un symbole important pour Dominique Erignac: "Cette place est un lieu de paix et de fraternité. C’est un lieu de mémoire, symbolique, ouvert à tous" C'est également "une manière de dire que la République n’oubliera jamais ce qu’il s’est passé", a-t-elle ajouté. La veuve du préfet Erignac s'est dit "très sensible" à la présence d'Emmanuel Macron et à son initiative.
Avant de laisser la parole au président de la République, Dominique Erignac a conclu avec émotion: "Je me souviens des derniers mots qu’il m’a dit en me déposant ici, il y a vingt ans : "A tout de suite". Ses paroles résonnent encore en moi."
"On a tué un homme parce qu'il était serviteur de la République"
À la tribune, c’est un Emmanuel Macron grave qui succède à Dominique Erignac. Il débute en rappelant le déroulement des faits de l’assassinat du préfet Claude Erignac le 6 février 1998. "On a tué un homme parce qu’il était serviteur de la République", déclare le président de la République. Cet assassinat a fait de "Claude Erignac un de ces martyrs laïcs qui tombent parce qu’ils ont cru en leur mission. Parce qu’ils ont été fidèles à leur vocation", continue-t-il.
Car ce qu’il s’est passé il y a 20 ans "ne se justifie pas, ne se plaide pas, ne s’excuse pas. Ce fut un assassinat, un attentat, rien de plus haut, ni de plus noble", juge Emmanuel Macron. Il fustige l’idée que ce crime puisse avoir été considéré comme un acte résistant et se félicite du mouvement populaire qui s’est organisé le 11 février 1998 lorsque plusieurs milliers de Corses ont défilé dans les rues de Bastia et d’Ajaccio en silence.
Une justice "sans amnistie"
La mort du préfet Erignac revêt désormais une dimension symbolique. "Elle aura ranimé l’exigence du droit et du dialogue démocratique", insiste le président de la République. En s’adressant à la famille du préfet Claude Erignac, il indique : "C’est la justice de la République qui a été rendue et elle sera suivie sans complaisance, sans oubli et sans amnistie."
Une prise de parole qu’Emmanuel Macron a conclu sur une position politique qui reste ferme à l'égard de la place de la Corse. Il assure : "La République doit conserver cette ambition de ménager à la Corse un avenir qui soit à la hauteur de ses espérances, sans transiger sur les requêtes qui la feraient sortir du giron républicain".
Simeoni présent, Talamoni absent
De nombreuses personnalités politiques ont assisté à la cérémonie, dont plusieurs membres du gouvernement: Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur ; Jacqueline Gourault, la « Madame Corse » du gouvernement ; Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes. Gérard Larcher, président du Sénat faisait parti du cortège.
Situation tendue pour la famille Erignac; Gilles Simeoni, président de l'exécutif corse et jadis l'un des avocats d'Yvan Colonna, condamné pour l'assassinat de Claude Erignac, était lui aussi présent.
Première rencontre entre Emmanuel Macron et Gilles Simeoni à la fin de l'hommage au préfet Claude Erignac pic.twitter.com/CV5XLb0pRb
— France 3 Corse (@FTViaStella) 6 février 2018
En revanche, Jean-Guy Talamoni ne s'est pas rendu à l'hommage, estimant que sa présence serait déplacée. Même s'il a rappelé sa compassion pour le préfet Erignac et sa famille, le président de l'Assemblée de Corse s'est toujours refusé à condamner les auteurs de ces violences, tout en condamnant l'acte.