Deux ans après le début de l'invasion russe en Ukraine, le conflit semble s'enliser. En Corse, l'association Solidarité Corse Ukraine continue de venir en aide aux réfugiés ukrainiens venus dans l'île ainsi qu'aux populations restées dans le pays. Présidente de l'association, Nataliya Khobta-Santoni fait le point sur la situation.
Le 24 février 2022, l’offensive russe débutait en Ukraine. Deux ans après, la guerre fait toujours rage à l’est du pays. En Corse, l’association Solidarité Corse Ukraine continue d’apporter un soutien financier, alimentaire, médical et humain à la population ukrainienne.
“L'association a été créée pour aider les gens qui sont restés en Ukraine, ainsi que les populations qui ont été déplacées et qui ont dû quitter le pays depuis le début de la guerre, indique sa présidente, Nataliya Khobta-Santoni, médecin oncologue à l’hôpital d’Ajaccio. Depuis avril 2022, nous partons tous les mois avec le convoi humanitaire en Ukraine afin d’aider la population."
Dimanche soir, sur le plateau du Corsica Sera, Nataliya Khobta-Santoni a notamment évoqué la situation des réfugiés ukrainiens dans l’île, où ils sont environ 200.
France 3 Corse : En Corse, on enregistre un peu plus de 200 réfugiés ukrainiens. Ce sont notamment des mères de famille, des enfants dont les pères sont au front. Comment se déroule le quotidien de ces personnes ?
Nataliya Khobta-Santoni : Elles essaient de survivre. La vie continue. Ces personnes sont accompagnées par les enfants. Les enfants ne peuvent pas mettre leur vie de côté car ils grandissent. De ce fait, les mères qui les accompagnent sont là. Elles essaient de continuer à vivre. Au départ, en Corse, environ 300 réfugiés sont arrivés. Là, actuellement, on en compte à peu près 200, en sachant que la moitié de ceux qui étaient arrivés au début est repartie.
Cela signifie donc que d’autres personnes continuent d’arriver ?
Les gens continuent à arriver. Depuis quinze jours, j’ai eu la connaissance de l’arrivée de deux couples. Un couple de gens âgés entre 70 et 75 ans et un autre composé d'une mère et de sa fille de 14 ans.
Monde du travail, école... Votre rôle est également d'accompagner ces personnes dans leur intégration...
Nous sommes là pour faire la connexion. Si quelqu'un a besoin d'un travailleur dans le domaine qui pourrait nous intéresser, on fait le lien avec la personne concernée.
L'entretien de Nataliya Khobta-Santoni réalisé par Stella Rossi :
Vous êtes d'origine ukrainienne. Vous êtes en contact avec des personnes restées dans le pays, où vous vous êtes également rendue ces derniers mois. Quel est leur quotidien ? Selon le président Volodymyr Zelensky, 31 000 soldats ukrainiens ont été tués depuis le début du conflit.
Je n’ai pas vu le bilan officiel mais il me semble que les 31 000 soldats, si on ne prend que les militaires, c'est sous-estimé. Cela l’est encore plus concernant la population civile. Après, je n'ai aucune connaissance en la matière, je ne vais donc pas contredire ces chiffres.
En revanche, il y a un fossé énorme entre le front, les villes qui sont bombardées en permanence, celles qui sont essentiellement à l'Est, et la population qui se trouve à l'Ouest. Là, il y a des sirènes mais il n’y a pas de bombardements. Des gens ont pu s’y réfugier. Le quotidien reste cependant difficile. Les gens sourient, boivent le café, mais dès que l’on pose des questions plus profondes, on voit les émotions dans leurs yeux. On voit leurs larmes.
Le week-end dernier, des mobilisations de soutien à l'Ukraine ont eu lieu un peu partout en Europe. Des dirigeants européens, ainsi que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, étaient aux côtés du président ukrainien pour lui apporter leur soutien. Un soutien qui est également financier. La semaine dernière, Emmanuel Macron a promis “jusqu'à 3 milliards d'euros” d'aide militaire supplémentaire à l’Ukraine. Aujourd’hui, selon vous, est-ce nécessaire, alors que le conflit semble s’enliser ?
C'est nécessaire étant donné que, aussi bien en taille géographique qu’en masse de population, la Russie est plusieurs fois supérieure à l'Ukraine. Est-ce multiplié par 10 ou par 20 ? Je suis incapable de le dire avec précision. Donc, cette aide est vraiment nécessaire. Je pense que les Corses me comprennent. Il n'est jamais aisé de battre le monde libre, même si les Ukrainiens manquent de munitions et de beaucoup de choses...