Installée à Ajaccio, Marie-Julie Antonini connaît de multiples problèmes de santé et habite seule et loin de sa famille. Pour autant, elle s'accroche grâce à un fort tempérament et aux liens qu'elle entretient autour d'elle.
Marie-Julie Antonini, 83 ans, s’active dans sa cuisine. Elle sort des plats, fouille dans les tiroirs. Mais les gestes sont lents. Au moment de s’asseoir, elle livre : « tout mon corps fait mal, tous les os font mal. »
Comme 31 % des insulaires de son âge, elle fait face à une perte d’autonomie et vit seule, loin de sa famille, dans un appartement aménagé du centre-ville d’Ajaccio. Originaire de Renno, elle a 32 ans et vit sur le continent lorsqu’elle apprend qu’elle est atteinte d’une malformation congénitale aux hanches. Un handicap auquel s’ajoute, une dizaine d’années plus tard, une infection après la pose d’une prothèse.
Elle continue à marcher malgré tout, mais les soucis de santé s’accumulent avec le temps. « Mon handicap s’est aggravé parce que lorsqu’on a opéré ma deuxième prothèse, le bassin a basculé. Ça m’a obligée à prendre une canne et en même temps, il y a eu une usure du bras. On n’a pas pu l’opérer parce que je marchais avec une canne. Si on opérait, je ne pouvais plus marcher. On m’a donc conseillé le déambulateur », explique-t-elle.
« Aider, c’est merveilleux, vous recevez tellement »
Deux ans après son retour en Corse, une autre pathologie lui est diagnostiquée : la maladie de Horton. « On a fait beaucoup de cortisone ce qui a encore plus affaibli ma structure osseuse », souligne-t-elle.
Ainsi, son quotidien est dicté par son état de santé. « Par exemple, ce matin, j’ai voulu sortir pour faire mes courses, mais une crise est arrivée, je suis allée directement au lit. Je ne peux plus aller dans le quartier de Saint-Roch, il y a plein de magasins, j’ai des choses à acheter, sauf en taxi. Mais avec le taxi, je ne veux pas non plus trop tirer sur la corde même si j’y ai le droit », raconte l’octogénaire.
Si elle a de la famille à Renno, Marie-Julie est souvent seule à Ajaccio, notamment le samedi et le dimanche. Très impliquée au sein de l'Église catholique de Corse, sa foi lui permet néanmoins de garder le moral et l’énergie nécessaire face aux épreuves. Ainsi, elle reçoit parfois chez elle des personnes en difficulté. « Aider, c’est merveilleux, vous recevez tellement. Le fait de se décentrer, de voir les autres malheureux, vous sortez de votre souffrance pour les aider. Il n’y a rien de mieux », conclut Marie-Julie.