Les jeunes agriculteurs de Corse-du-sud ont rejoint ce lundi le mouvement de protestation entamé la semaine dernière par leurs collègues de Haute-Corse. Ils réclament des mesures fortes pour compenser la flambée des prix du carburant.
Tracteurs, remorques, feux de palettes et de pneus empêchent l'accès aux deux dépôts pétroliers de l'île depuis ce 21 mars.
Dès 4 heures ce lundi matin les agriculteurs ont repris place devant l'entrée du dépôt de Lucciana qu'ils occupent depuis le jeudi 17 mars. Et depuis l'aube, le dépôt d'Ajaccio est lui aussi bloqué.
En cause, la flambée des prix du carburant depuis le début de la guerre en Ukraine. Le gazole non-routier (GNR) que consomment les tracteurs et engins agricoles atteint 1,80€/l, soit 110% d'augmentation en un an.
A l'initiative du mouvement en Haute-Corse, Jean-François Tarallo, éleveur porcin et bovin et membre du syndicat des Jeunes agriculteurs réclame " un retour à la normale, c'est à dire le même tarif que l'année dernière, ou fixer un prix plafond avec l’État, pour qu'on puisse travailler. Parce qu'aujourd'hui, tous les matins, quand on met le tracteur en marche, on perd de l'argent."
Ajoutée à la hausse des prix des matières premières, le surcoût du carburant met en péril l'activité des exploitants agricoles.
Pénurie de carburant à l'horizon ?
Ces blocages, qui empêchent l'approvisionnement des stations-service de l'Île, pourraient engendrer une pénurie de carburant. Ce lundi 21 mars, plusieurs stations de Bastia ne délivrent plus d'essence sans plomb, et en plaine orientale d'autres n'affichent plus les tarifs du gazole.
Les soutiens se multiplient
Dans la journée de ce lundi 20 mars le mouvement des agriculteurs a reçu le soutien de plusieurs groupes d'élus insulaires qui appellent l’État à des mesures globales pour enrayer la flambée des prix du carburant.
Corsica Libera " apporte son soutien aux agriculteurs actuellement mobilisés concernant les hausses du prix des carburants, et rappelle qu’aucune revendication sectorielle, aussi légitime soit-elle, n’aboutira sans appréhender la dimension globale d’une lutte qui défende les intérêts généraux des Corses."
Le mouvement Core in Fronte demande qu'un "plan de résilience spécifique à la Corse afin de permettre à la profession de soutenir ces chocs simultanés, avec la création de mesures compensatoires permettant de contrebalancer l'inflation."Et réclame la création d'une cellule de crise locale.
Les élus du groupe Fà Populu Inseme appellent quant à eux l'Etat à "faire le nécessaire pour enrayer cette hausse incessante des prix du carburant qui pénalise nos producteurs mais aussi l'ensemble des Corses."