Trop c'est trop. Alors que le prix des carburants ne cesse d'augmenter dans le pays, une cinquantaine d'agriculteurs bloquent depuis deux jours le dépôt pétrolier de Lucciana. Ces derniers reprochent une situation intenable : le prix du gazole non routier utilisé dans les tracteurs a plus que doublé par rapport à l'année dernière.
Ils sont arrivés à l'aube pour manifester leur exaspération. Une cinquantaine d'agriculteurs bloquent depuis hier, jeudi 17 mars le dépôt de carburant de Luciana, qui alimente toute la Haute-Corse. Un blocage qui s'inscrit dans un mouvement national : d'autres manifestations similaires sont ainsi organisées par des agriculteurs en Bretagne, en Nouvelle-Aquitaine ou en Occitanie notamment.
Les raisons de la colère : le coût des carburants et notamment du gazole non-routier, le GNR, que consomment les tracteurs et engins agricoles.
En quelques semaines, son prix a explosé : "Nous, sur le GNR, on a pris 110% d'augmentation, sans explication", quand les autres carburants n'ont pas connu une pareille hausse, soupire Jean-François Tarallo, éleveur porcin et bovin et membre du syndicat des Jeunes agriculteurs de Haute-Corse, à l'initiative de cette mobilisation.
Aujourd'hui, poursuit-il, les agriculteurs et éleveurs demandent "un retour à la normale, c'est à dire le même tarif que l'année dernière, ou fixer un prix plafond avec l'Etat, pour qu'on puisse travailler. Parce qu'aujourd'hui, tous les matins, quand on met le tracteur en marche, on perd de l'argent."
Tous les matins, quand on met le tracteur en marche, on perd de l'argent.
Jean-François Tarallo
L'augmentation du prix du GNR n'est pas une tendance nouvelle : sa hausse régulière était notée depuis le début de l'année. Mais avec la guerre en Ukraine, l'inflation s'est encore aggravée, pour atteindre 1,80 euro le litre de GNR, contre autour de 0,8 euro le litre un an plus tôt.
Résultat, peu à peu, les outils de travail des agriculteurs deviennent des gouffres financiers : chaque jour, ce sont des centaines de litres de carburants qui sont avalés par les tracteurs. Des dépenses qui auront des conséquences à long terme, regrette Jean-François Tarallo.
"L'argent qu'on sort en ce moment pour faire un plein de gasoil, on ne le récupère pas avant six ou sept mois", même en augmentant le prix de vente de leurs produits, assure-t-il. "Mais on ne peut pas faire des augmentations sans cesse. Un moment donné, les consommateurs ne peuvent pas suivre non plus."
Les agriculteurs sont bien décidés à continuer le blocage jusqu'à ce qu'une réponse satisfaisante leur soit apportée de la part de l'Etat. Si la situation s'enlise, les stations essence de Haute-Corse pourraient être à sec d'ici quelques jours.