Le parquet de Paris a requis mardi une peine de 5.000 euros d'amende à l'encontre de Paul Canarelli, propriétaire du luxueux domaine de Murtoli, en Corse du Sud, pour avoir accaparé il y a plus de dix ans la maison fortifiée d'une milliardaire enclavée dans ses terres.
La procureure a estimé que de Paul Canarelli qui n'a pas fait le déplacement au tribunal, avait bien commis une violation de domicile en changeant les serrures, en 2006, de la tour génoise du XVIIème siècle que son adversaire, Anne de Carbuccia, avait achetée en 2001.
S'il s'est "maintenu" dans cette maison paradisiaque entre 2006 et 2008, avant d'être contraint par la justice, en 2009, de rendre les clés à Anne de Carbuccia, seule "l'introduction" dans cette maison est visée dans les poursuites, a précisé la procureure, laissant entendre qu'elle aurait sinon requis une amende plus élevée.
Dès 2005, Paul Canarelli "ne pouvait ignorer la qualité de propriétaire" d'Anne de Carbuccia et "a décidé de passer en force de manière particulièrement agressive", a relevé la représentante de l'accusation.
Paul Canarelli avait contesté la vente de la bâtisse et brandi son droit à l'exploiter en la louant à des tiers en invoquant un bail commercial oral avec l'ancien propriétaire, mais la justice civile avait conforté Anne de Carbuccia dans ses droits.
Vol et dégradations, relaxe demandée
Il était aussi poursuivi pour vol, pour avoir vidé la maison des effets personnels de la milliardaire, et pour dégradations, pour y avoir réalisé des travaux qui, selon elle, ont dénaturé ce joyau ancien.La procureure a requis la relaxe sur ces deux points, estimant qu'il n'était pas démontré que M. Canarelli ait eu l'intention de s'approprier ces affaires ni de dégrader les lieux, puisqu'il y avait fait des travaux "dans le but de les louer".
L'avocat du prévenu, Philippe Dehapiot, a plaidé la "relaxe totale".
Sous les yeux de son mari, le milliardaire italien Alberto Tazartes, Anne de Carbuccia, une artiste, a exprimé à la barre son désarroi d'avoir été privée de sa maison.
Elle ne peut aujourd'hui encore l'habiter, en raison d'un dégât des eaux dévastateur survenu lorsque Paul Canarelli accaparait la demeure.
Elle demande 300.000 euros de dommages et intérêts, ainsi que 100.000 euros pour les frais de justice. Le jugement sera mis en délibéré.