Nouvelle bataille judiciaire autour du domaine de Murtoli

Paul Canarelli, 50 ans, propriétaire du domaine de Murtoli -villégiature de personnalités fortunées- comparaît mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour violation de domicile, vol et dégradations.

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Face à lui, Anne de Carbuccia, épouse corse du milliardaire italien Alberto Tazartes, l'accuse de lui avoir soustrait un fortin du XVIIème siècle entre 2006 et 2008 en en changeant les serrures, de l'avoir dénaturée et d'y avoir confisqué du mobilier, de la vaisselle ou des bouteilles de vin.

Visible uniquement au bout d'une route privée ou, pour les plus tenaces, après des heures de marche sur des sentiers, la bâtisse se trouve enclavée à l'extrémité du somptueux domaine de Murtoli, une réserve agricole et de chasse parsemée de bergeries de luxe prisées des milliardaires et de personnalités comme Nicolas Sarkozy.
 

"Jeter toute la famille à la mer, bagnole comprise"

Tout commence en 2001, quand Anne De Carbuccia achète la bâtisse à son ancien propriétaire, Paul d'Ortoli. Jusqu'en 2005, elle et sa famille, qui jouissent sur place de 4x4 et d'un bateau de plaisance, s'y rendent soixante-dix fois en jet privé. Ils achètent cinquante hectares de terrains alentours.

Tout va pour le mieux quand, en juin 2005, Paul Canarelli réalise que ceux qu'il tenait pour des locataires sont en fait propriétaires du fortin.

Sur les chemins du domaine, le ton monte entre Paul Canarelli et Alberto Tazartes, le premier reprochant aux milliardaires d'avoir volé sa maison et menaçant "de jeter toute la famille à la mer, bagnole comprise".

Paul Canarelli, qui conteste la vente de la bâtisse, brandit surtout son droit à l'exploiter en la louant à des tiers, en invoquant un bail commercial oral avec l'ancien propriétaire.

L'été suivant, en juin 2006, Anne De Carbuccia constate que les serrures de sa maison-tour ont été changées. Son mobilier et ses effets personnels seront retrouvés plus tard dans un local de plage tout proche. Des vacanciers locataires investissent la demeure.

Paul Canarelli y fait réaliser en 2008 des travaux qui la désolent, loin de l'authenticité qu'elle aurait souhaité conserver.
 
 

Un "sac de noeuds" judiciaire

S'engage une bataille judiciaire sur de multiples fronts, alimentant toujours plus la détestation entre les deux protagonistes de cette affaire qu'un juge corse qualifiera de "sac de noeuds".

Au civil, l'affaire est réglée: la justice validera les droits d'Anne De Carbuccia sur la maison, contraignant notamment Paul Canarelli à lui rendre les clés en 2009.

Reste ce volet pénal à rebondissements. D'abord mis en examen notamment pour extorsion, Paul Canarelli a bénéficié d'un non-lieu, avant d'être finalement renvoyé en correctionnelle pour violation de domicile, vol et dégradations.

Là où sa défense assurait qu'il se croyait titulaire des droits sur le fortin, le juge a au contraire estimé qu'il avait "dépossédé délibérément de ses droits" son adversaire en arguant "d'un bail dont il n'a jamais amené la preuve pour investir les lieux".

Paul Canarelli "a toujours agi en parfaite bonne foi, sans aucune volonté de nuire, ce qu'avaient déjà considéré les magistrats" qui lui avaient accordé le non-lieu, soutient son avocat, Philippe Dehapiot.
           
Anne de Carbuccia espère pour sa part "l'aboutissement d'un drame de dix ans", résume son défenseur, Jean-Pierre Versini-Campinchi. "Quand on est expulsé de chez soi, c'est très douloureux".

Elle doit "engager de lourds travaux après une inondation survenue quand la maison était entre les mains de Paul Canarelli" et, assure-t-il, est aujourd'hui "ruinée".
 
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