2024, l'année de l'autonomie. C'est le credo de Femu, qui entend bien mener à terme les discussions avec Paris dans les prochains mois. C'était le cœur de l'assemblée générale du parti nationaliste, mais elle a aussi été l'occasion, pour Gilles Simeoni, de rappeler ses vérités après la mobilisation de Paese Novu, hier.
Alors qu'un remaniement succède à un autre, et que la vie politique française connaît des temps agités, Femu a Corsica entend bien ne pas être écarté du jeu.
Le parti de la majorité au pouvoir en Corse a profité de son assemblée générale, cet après-midi, à Corte, pour passer à l'offensive. Et rappeler au gouvernement que la question de l'autonomie insulaire doit être inscrite parmi les priorités du calendrier, chargé de l'année qui s'ouvre.
"Opportunité historique"
Devant un peu plus de 400 personnes massées dans l'amphi Landry, à Corte, François Martinetti, le secrétaire national de Femu, l'a rappelé : "dopu à 60 anni di lotta, dopu à guasgi deci anni di vittorii demucratichi è di guvernu naziunali, dopu à 2 anni di discussioni trà a Corsica è u Statu aparti à un lindumani di l'assaltu murtali d'Yvan Colonna, semu à l'alba di a vittoria pulitica".
Et Femu semble vouloir que les discussions ne s'éternisent pas, prenant pour date butoir la fin de l'année en ce qui concerne la question épineuse de la révision constitutionnelle, "indispensable". L'accord, rappelle le sécrétaire national du parti, devra reposer sur la délibération "Autonomia" qui a été votée le 5 juillet 2023 à 73 % par les conseillers de l'Assemblée de Corse.
On n'a pas le droit d'échouer
François Martinetti
Longuement, François Martinetti souligne en quoi un échec serait lourd de conséquences : "Fiascà vinaria à minaccià u populu corsu in a so essezza. Fiascà vinaria à impediscia u rigulamentu puliticu di a quistioni corsa. Fiascà vianria à favurizà u conflittu è à cumpumetta a paci".
C'est un message adressé à l'Etat, mais c'est également un message adressé aux autres forces politiques de l'île, particulièrement nationalistes, qui ne taisent pas leurs critiques à l'égard de la manière dont Gilles Simeoni mène les négociations.
Mise au point
Les événements des derniers jours, dans la région bastiaise, ont de toute évidence bouleversé le discours qu'avait prévu de tenir Gilles Simeoni. Le leader de Femu est rapidement revenu sur la mobilisation de près de 500 personnes, samedi 13 janvier, à Paese Novu. Une manifestation en soutien à Raphaël, un jeune homme blessé après une rixe, mais également pensée pour dénoncer la supposée insécurité qui régnerait dans les quartiers sud de Bastia, en raison du communautarisme.
Si mon père avait été à Paese novu hier soir, il aurait eu la nausée
Gilles Simeoni
"Si mon père avait été hier à Paese Novu, il aurait eu la nausée", lance Gilles Simeoni à la tribune. Le patron de l'exécutif a consacré une longue partie de son intervention à cet événement, et plus largement à ce qu'il dirait, selon lui des enjeux face auxquels se trouve la Corse.
D'autant que l'association nationaliste Palatinu était présente à Paese Novu, et qu'elle n'a pas mâché ses mots concernant les responsabilités supposées de la majorité territoriale et municipale dans la situation de ces quartiers.
Gilles Simeoni a répondu clairement à ceux qu'il appelle "les nervis locaux de la plus dure des droites françaises et européennes". Il a dénoncé une vision de la société qui n'est que "falsification" et "imposture", et a martelé qu'elle était fondamentalement opposée aux valeurs de "démocratie, de liberté, de tolérance et de fraternité" dont Femu a Corsica se réclame.
Il a néanmoins reconnu que la Corse était "confrontée à des problèmes de drogue, à l'islamisme radical", mais que c'est en partie "l'autonomie qui pourra changer les choses".
Carrefour
Cette question d'autonomie, sans surprise, Gilles Simeoni y a consacré également une bonne partie de son discours, revenant en détail sur le calendrier à venir, et sur "les mois décisifs" qui se présentent, et insistant longuement sur l'importance de la délibération du 5 juillet, qui "résume 60 ans de combats", comme l'avait fait François Martinetti avant lui.
Le chemin qui mène à l'autonomie est encore semé d'embûches, Gilles Simeoni le sait. Et cette assemblée générale avait aussi pour but de mobiliser les troupes, et de montrer que Femu a Corsica était en ordre de marche, au moment d'entamer une année que François Martinetti a qualifiée de "carrefour de son histoire".