Alexandre Lanfranchi, gérant du site de Viggianello, a déposé deux plaintes, contre X et contre le collectif Valincu Lindu. Depuis le blocage du site, le Syvadec n’y envoie plus de camions, mais il reste de la place. Selon lui, la construction de son éco-pôle serait aussi en péril.
Gérant du centre d’enfouissement des déchets de Viggianello, Alexandre Lanfranchi a perdu 1,5 million d'euros depuis le début du blocage. Il porte plainte contre X.
« Pour nous, il y a détournement de fonds publics. On ne peut pas dire que le centre est fermé administrativement alors qu’il restait 12.000 tonnes. 11.500 tonnes ont été mises en balles alors qu’elles auraient pu trouver leur exutoire sur Viggianello et non pas coûter 35.000 euros par jour. C’est du détournement de fonds publics au profit de ceux qui travaillent lorsque d’autres ne travaillent plus, notamment certains transporteurs », dénonce-t-il.
Ainsi, sur le site, en haut d’un talus fait d'ordures recouvertes de terre, il reste de la place, une capacité de 70 000 tonnes. Le Syvadec n'y a plus envoyé de camions poubelles depuis le 8 novembre.
36 emplois seraient en jeu
Juste à côté, le chantier pour créer un centre de tri et d'enfouissement a débuté. Mais selon Alexandre Lanfranchi, les travaux vont s'arrêter en l'absence de garantie d'une reprise de l'activité.
36 emplois seraient en jeu. « On envisage des mesures de chômage technique du fait de l’arrêt complet de l’activité sur le site de Viggianello depuis le début du mois de novembre. On va être contraint d’arrêter le personnel technique du site et le personnel qui travaille sur le futur éco-pôle en attendant que l’activité reprenne », indique Gérald Valay, directeur Viggianello 2.
La plainte d'Alexandre Lanfranchi concerne l'organisation mise en place depuis novembre par le Syvadec : les ordures sont collectées, transportées vers des quais de transfert provisoires, puis mises en balles à Teghime, et reviennent sans pour autant être traitées ou enfouies.
« Ils veulent s’accaparer le centre régional »
Et ce n'est pas prêt de s'arrêter, les marchés sont en cours pour aménager des zones de stockage temporaires. Mais Alexandre Lanfranchi a porté une deuxième plainte, contre le collectif Valincu Lindu pour tentative de détournement du service public. « Le centre a été payé par la région, ils veulent se l’accaparer et le réserver uniquement à la communauté de communes du Sartenais-Valincu. C’est illégal », reprend-il.
Inquiets pour l'environnement, les membres du collectif n'entendent pas laisser rentrer de balles d'ordures à Viggianello. Ils s'attendent à ce que le Syvadec, avant les municipales, et même dans les prochains jours, ne tente de relancer l'activité ici. « Si des camions se présentent, on déclenche le plan ORSEC. C’est-à-dire qu’on s’appelle tous et qu’on intervient pour empêcher les camions d’entrer », explique Sybille Capponi, membre du collectif Valincu Lindu.
Quelles suites la procureure d’Ajaccio donnera aux recours d'Alexandre Lanfranchi ? Les ordures vont-elles bientôt recommencer à s'amonceler à Viggianello ? La presse à balle inutilisée dans un hangar servira-t-elle un jour ? Beaucoup de questions restent en suspens.