Ce 26 octobre 2024, le SCB se présentera sur la pelouse de François Coty, pour affronter l'ACA dans un derby très attendu par les supporters. Et redouté par les autorités. Le déplacement des supporters bastiais est interdit.
Ce n'est pas la première fois qu'un derby oppose l'ACA et le Sporting. La première confrontation remonte au 28 novembre 1965. Les Bastiais s'étaient imposés 3 à 1 sur la pelouse de Timizzolu.
Depuis, les deux équipes se sont rencontrées à de multiples reprises. Et ces derniers ont également été, immanquablement, l'occasion de déplacements massifs de supporters, et régulièrement, d'affrontements dans les tribunes. Des affrontements verbaux, mais également physiques...
Débordements fréquents
Lors de la saison 2021-2022, durant laquelle les deux équipes évoluaient en L2, les déplacements de supporters avaient été interdits par arrêté, pour éviter de nouveaux débordements. Même chose en 2023... Et désormais pour cette nouvelle saison.
Le déplacement des supporters bastiais, le 26 octobre prochain, à Ajaccio, a été une nouvelle fois interdit, par le biais d'un arrêté de la préfecture de Corse-du-Sud, qui empêche "toute personne se prévalant de la qualité de supporter du Sporting Club de Bastia (SC Bastia) ou se comportant comme tel" d'accéder au stade Michel Moretti, où se déroulera le derby, mais également "d'accéder et de circuler au centre-ville d'Ajaccio".
"Violence récurrente"
Selon les autorités, les torts sont partagés : "Lors des rencontres organisés à Ajaccio, certains des supporters de l'ACA font fréquemment la preuve de leur comportement violent par des rixes entre supporters, par des violences contre les forces de l'ordre ou par des jets de pétards, fumigènes ou bombes agricoles", rappelle le sous-préfet coordonnateur pour la sécurité en Corse.
Ce dernier ne manque pas de souligner également que "les déplacements du club du SC Bastia sont très fréquemment sources de troubles à l'ordre public du fait du comportement violent de certains supporters ou d'individus se prévalant de la qualité de supporter de cette équipe, manifesté de façon récurrente aux abords des stades et dans les centres-villes des lieux de rencontre".
Tâche complexe
La tâche ne sera pour autant pas simple pour les autorités. Comment, en effet, reconnaître un supporter bastiais d'un supporter ajaccien, si ce n'est pas le maillot arboré, ou un drapeau sous le bras, autant de signes de reconnaissance aisément escamotables ?
Si, comme l'an passé, des contrôles routiers pourraient être mis en place au départ de Bastia, et des communes de Haute-Corse sur les différents axes qui arrivent à Ajaccio, ainsi qu'en périphérie du stade de la ville, pas sûr que cela suffise à tenir les supporters éloignés des tribunes. De toutes les tribunes, puisqu'ils pourraient acheter leur billet pour n'importe quelle tribune, aucune d'entre elles n'étant dédiée aux visiteurs.
Illustration d'un "modèle défaillant"
Invité de l'émission Foot è Basta en 2023, Didier Rey, docteur en Histoire, amateur de football et spécialiste du sport, ne cachait pas son hostilité à ces arrêtés : "Les débordements sont totalement inacceptables, bien sûr. Mais lorsqu'il y a des manifestations on discute avec les organisateurs, et on essaie de mettre en place des structures pour éviter les débordements. Tout est dans le dialogue, et il faudrait qu'il y ait plus de dialogue entre les clubs, les supporters et les administrations. Il y en a, mais pas assez".
Pour Didier Rey, ces interdictions sont l'illustration d'un modèle français défaillant qui a toujours recours aux mêmes solutions, sans prendre la peine de réfléchir différemment afin d'être plus efficace.
Résultat, l'immense majorité des supporters bastiais, qui voulaient se rendre à Ajaccio non pour en découdre, mais pour encourager leur équipe, seront privés, une nouvelle fois, de l'un des moments forts de la saison.
Et il y a fort à parier qu'il en sera de même pour le match retour, à Furiani.