Il est le Corse le plus connu du monde. Napoléon, le biopic réalisé par Ridley Scott, sort ce mercredi au cinéma. Un film de 2h40, avec Joaquin Phoenix dans le rôle titre, qui revient sur plusieurs grandes batailles de l'empereur, du siège de Toulon à la bataille de Waterloo, et sur son histoire d'amour avec Joséphine de Beauharnais. Il a été projeté hier, en avant-première, au cinéma l'Ellispe d'Ajaccio.
Le film était annoncé comme l'un des grands événements cinématographiques de l'année 2023. Sa projection à Ajaccio, la ville où est né et a grandi le premier empereur, était d'autant plus attendue.
Napoléon, le dernier biopic de Ridley Scott, a été diffusé hier, mardi 21 novembre, au cinéma l'Ellipse, soit un jour avant sa sortie officielle sur le reste du territoire national. La séance a fait salle comble, et les spectateurs ont, pour l'occasion, été accueillis par un petit spectacle costumé et immersif.
"Remarquable" mais pas toujours similaire "à la réalité"
Mais à l'issue des 2h40 de film, les avis sont contrastés. Si les spectateurs s'accordent sur le côté grandiose des scènes de bataille, - et la reconstitution "tout à fait remarquable" de la vie d'époque, estime cet homme -, plusieurs, bien que satisfaits du film, font part d'une certaine déception sur l'histoire et les libertés prises par le réalisateur.
"Les scènes de bataille sont spectaculaires mais ne collent pas à la réalité, indique ce spectateur. Il est dommage que l'enfance de Napoléon et sa famille n'aient pas été plus présentées. Ses frères et ses sœurs sont presque absents, à part pour la scène du coup d'Etat du 18 Brumaire, et sa mère, Laetitia, ne fait qu'une courte apparition... Mais c'est un choix du réalisateur."
"L'histoire de Napoléon, chacun la voit à sa façon, analyse cet autre spectateur. Là, c'est quand même une vision un peu anglaise des choses." Déjà long de 2h40, le film, poursuit-il, aurait pu gagner à être rallongé "d'une ou deux heures, parce qu'on ne peut pas tout faire et tout dire en 2h40". Pour autant, "j'ai trouvé que c'était un bon divertissement, même si ce n'est peut-être pas le film qu'on attendait ou qu'on espérait, en fonction de ce qu'on avait entendu dire."
Pour ce troisième spectateur, c'est la performance de Joaquin Phoenix, dans le rôle-titre, qui n'a pas su le convaincre. "J'ai trouvé qu'il n'était pas charismatique. Ce n'est pas qu'il ne soit pas crédible, mais je n'ai pas accroché au personnage, à l'interprétation de l'acteur."
Lui souligne un film qui fait la part belle à l'épouse de l'empereur, aux dépens, parfois, regrette-t-il, de l'histoire de ce dernier. "À la limite, j'aurais trouvé normal que le film, plutôt que de s'appeler Napoléon, s'appelle Joséphine. Non pas qu'elle soit tellement plus charismatique, mais comme elle est beaucoup mise en valeur à travers lui... Est-ce qu’on pourrait dire l'inverse, je l'ignore, mais ça porte sur elle."
"Même si le mensonge est voulu, Napoléon le voulait comme cela
La fiction qui prend parfois le pas sur la réalité dans ce long-métrage, le directeur des collections napoléoniennes de la ville d'Ajaccio, Philippe Perfettini, en convient, mais n'en fait pas de cas : "Tous les films à prétention historique prennent des libertés, du fait des contraintes du cinéma, des contraintes de temps, des contraintes de projections".
Et puis, fait-il remarquer, "quand on revient à l'origine du rapport entre Napoléon et les arts, il a été le premier à transformer la réalité militaire et la réalité politique par le prisme de l'art pour que cela serve sa propre propagande et sa propre légende. Il y a des scènes qu'il a tout à fait volontairement fait falsifier, donc c'est dans la continuité, je dirais. Même si le mensonge est voulu, Napoléon le voulait comme cela, donc il n'y a pas de problème."
D'autant plus, reprend le spécialiste, que ce sont "des visions d'artiste. Chacun le voit à sa manière, du moment que ça marche, que les sont conquis. L'objectif, c'est de frapper plus le cœur que la raison."
Pas de scènes en Corse, mais des chansons corses
Napoléon, un film qui met donc à l'honneur un enfant de la Corse... mais pour lequel aucune scène n'y aura été tournée.
L'île et sa culture y restent néanmoins mises en valeur par le biais des musiques sélectionnées pour la bande-son, selon Christophe Mondoloni, artiste musicien et adjoint municipal aux festivités et à l'animation. "Ùn si passa micca in Corsica, ma aghju vistu inde a stampa oghje chì ci sò͘ i cantadori corsi ch'annu participatu à a u musica di su filmone, postu chi ghjè un filmu aspettatu da u mondu sanu quist'annu. Dunque ghjè quantunque un bellu rigalu fattu à a Corsica", sourit-il.
Le film sort ce mercredi 22 novembre en salles. Charge au grand public, désormais, de se forger sa propre opinion.