Le confortable statut des cheminots corses, dénoncé par la Chambre régionale des comptes

La Chambre régionale des comptes de Corse (CRCC) passe au vitriol la gestion des Chemins de fer de la Corse (CFC) et les avantages de ses employés, dans un rapport rendu public le 18 avril, portant sur l'activité de l'entreprise entre 2011 et 2016.

La Chambre régionale des comptes de Corse a procédé à l’examen de la gestion de la société anonyme d’économie mixte locale (Seml) des chemins de fer de la Corse (CFC) sur la période 2011 à 2016, alors présidé par Michel Stefani, secrétaire régional du PCF.

Dans ce rapport dont France 3 Corse avait eu en partie connaissance fin mars, la CRCC dresse un constat au vitriol de "la progression des effectifs" et de "la gestion salariale inflationniste" de l'entreprise, adossés à la "bienveillance financière de la CTC" (Collectivité territoriale de Corse, aujourd'hui Collectivité de Corse).

L’ancien président des chemins de fer de la Corse Michel Stefani, n’y avait alors vu aucune anomalie, évoquant "un cadre qui était assez complexe (...) un enchevêtrement d’accords, parfois même individuels qu’il fallait normaliser". 

Intervenants : Michel Stefani, Ancien président des chemins de fer de la Corse. (2011 à 2016) ; Hyacinthe Vanni, Président des chemins de fer de la Corse.

5h par jour, 26h par semaine

Revalorisations de primes et indemnités, progressions du point d’indice, avancements automatiques d’échelon, avancements de grade : la situation sociale des 272 agents des CFC est plus que confortable note la Chambre régionale des comptes. 

"Il en résulte un coût moyen charges comprises de 60 500 € par agent en 2015, pour une rémunération nette moyenne de 30 500 € par agent. Au final, les charges de personnel représentent 16,4 M€ annuel, soit 63,4 % des dépenses", indique la CRCC.

Le rapport pointe également une "réalité du temps de travail" intraçable et "un absentéisme croissant". La CRCC estime que les agents des Chemins de fer de la Corse travaillent moins de cinq heures par jour et pas plus de 26 heures par semaine, pour un salaire de 2 500 euros par agent, indemnités et avantages compris. 

La bienveillance financière de la CTC

La Chambre régionale des comptes de Corse souligne également la bienveillance financière de la Collectivité territoriale de Corse, actionnaire majoritaire des CFC.

"La contribution de la CTC atteint 21,1 M€ en 2015, soit plus de 81 % des charges d’exploitation", souligne la CRCC pour qui "l’effort contributif de la CTC demeure excédentaire".

Au final, grâce à la générosité de la Collectivité territoriale, la situation financière des CFC "paraît confortable".

Les fonds propres ont doublé entre 2012 et 2015. Son fonds de roulement s’établit à 5,3 millions d'euros et la trésorerie de la société s’élève fin 2015 à 9,5 millions d'euros, "ce qui lui a permis de constituer 5 M€ de placements à court terme, sans validation du conseil d’administration", constate encore la Chambre régionale des comptes.

Des recommandations appliquées​

Suite au rapport de la CRCC et aux différents articles de presse, le président des Chemins de Fer de la Corse, Hyacinthe Vanni, a indiqué que "toutes les recommandations exprimées par la Chambre Régionale des comptes [étaient] d’ores et déjà mises en application".

"Les recettes annuelles sont passées de 3 millions à plus de 5 millions d’euros et les CFC transportent aujourd’hui plus de 1 100 000 voyageurs par an", indique-t-il dans un communiqué.

En ce qui concerne les salaires et le temps de travail des agents, Hyacinthe Vanni remet en question les chiffres de la CRCC.

"Aucun salarié des CFC ne travaille en moyenne 26h par semaine sur l’année pour 2500€", a précisé Hyacinthe Vanni. "Secundo, les CFC offrent un service public 7j/7, ainsi que les jours fériés. (...) Dans ce contexte, il est difficile de comparer ces horaires avec des horaires de bureau du lundi au vendredi, de 8h à 18h". 

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