Dans une lettre ouverte, l'intersyndicale FNTV Corse-Strada Corsa annonce le dépôt d'un préavis de grève à partir du 6 novembre. Les entreprises de transport s'estiment insuffisamment "écoutées et entendues". Aucune ligne de ramassage scolaire ne sera desservie en Corse. La Collectivité de Corse recevra les représentants syndicaux.
Les parents devront trouver une autre solution pour que leur enfant puisse reprendre le chemin des classes. Dans une lettre ouverte adressée au président de l'exécutif insulaire, l'intersyndicale FNTV Corse-Strada Corsa - qui représente 80 % de la profession du transport routier de voyageurs en Corse -, annonce le dépôt d'un préavis de grève à compter du lundi 6 novembre, date de reprise des cours après les vacances de la Toussaint.
"À chaque allocution de la Collectivité de Corse, on nous reparle de la rue et de ce [qu'elle] a été
capable d’engendrer pour arriver au dialogue. Mais force est de constater que la majorité territoriale n’en a que faire de la rue lorsqu'il ne s'agit pas de dogmes politiques mais simplement de réalités économiques et quotidiennes", est-il écrit en entame du courrier.
La cause du mécontentement : l'attribution, par la Collectivité de Corse, des lignes de la DSP du transport scolaire dans le grand Ajaccio en septembre dernier. Sur les 175 lignes du Pumonte comprises dans cette délégation de service public renouvelée tous les 4 ans par la Collectivité de Corse, 10, qui relient les vallées du Prunelli, de la Gravona et de la Rive Sud du golfe d'Ajaccio, ont été déléguées à l'entreprise Phoenix. Des lignes historiquement desservies par quatre entreprises de transports du Grand Ajaccio - ACM, Bellini, Bernardi, Nadizi -.
Un délit de favoritisme de la part de la Collectivité, qui aurait tenu compte uniquement "du prix et pas du technique" selon le porte-parole de ces compagnies. Des accusations par ailleurs fermement niées par l'entreprise Phoenix.
"Unis et déterminés à garantir un service public de qualité aux usagers, mais pas à n’importe quel prix"
"Jeudi dernier, rappelle le courrier de l'intersyndicale, nous avons démontré notre détermination et notre volonté de dialoguer pour permettre le règlement des problèmes rencontrés depuis maintenant huit ans et accentués d'autant plus ces derniers mois dans le renouvellement de la DSP des transports scolaires. Aujourd’hui et après avoir posé calmement et sans ambiguïté l’ensemble de nos revendications, nous sommes encore une fois sans réponse alors que la rentrée scolaire est lundi 6 novembre."
"Que la CDC et ses services ne s’y trompent pas, nous sommes des chefs d'entreprise sérieux, professionnels et responsables, insiste l'intersyndicale. Aujourd'hui, comme nous l'avons dit le 26 octobre dernier devant les grilles de l'Assemblée de Corse, nous sommes unis et déterminés à garantir un service public de qualité aux usagers, mais pas à n’importe quel prix."
En conséquence, les entreprises n'effectueront pas de ramassage scolaire pour toutes les écoles primaires et secondaires du Cismonte et du Pumonte, "et ceci jusqu’à ce que nous soyons reçus, écoutés, entendus et surtout qu’une solution soit trouvée."
9 561 élèves concernés
La Collectivité de Corse, de son côté, a publié le 4 novembre dernier un communiqué de presse :
"La Collectivité de Corse, chargée d'assurer les transports scolaires sur le territoire insulaire (hors CAB et CAPA), propose à l'ensemble des éleves de Corse un service de transport gratuit. Le budget dédié à cette politique publique (23, 47 millions d'euros pour l'année 2022-2023) inclut la passation de marchés publics avec des transporteurs chargés d'assurer le transport, pour la rentrée scolaire 2023, de 9 561 élèves du primaire et du secondaire sur 377 lignes au total, avec l'ouverture depuis 2018 de 16 nouvelles lignes, au titre du soutien à l'intérieur et au rural.
Les deux syndicats de transporteurs Strada Corsa et FNTV Corse, dont des entreprises délégataires de marchés publics de transports scolaires sont membres, ont adressé hier un courrier à la Collectivité de Corse annonçant une grève du ramassage scolaire le lundi 6 novembre, et sollicitant une rencontre avec le Conseil exécutif de Corse. Le Conseil exécutif de Corse, conscient des désagréments engendrés pour les élèves et leurs familles, soucieux de l'efficience de ce service public, et attentif aux difficultés de la profession, a souhaité proposer, dès réception du courrier, une réunion avec les représentants syndicaux à la première date utile, soit le lundi 6 novembre à 11 heures. La Collectivité de Corse remercie par avance les parents et élèves pour leur compréhension, et mettra tout en œuvre pour que le ramassage scolaire puisse reprendre le plus rapidement possible, dans le cadre d'un dialogue constructif avec les entreprises délégataires, et toujours dans le respect des règles du code de la commande publique".