Justice : vague de réactions après l'expulsion de maître Sollacaro d'un procès à Aix

La condamnation est unanime, en Corse comme sur le continent. Le Conseil National du Barreau va saisir le Garde des Sceaux, Eric-Dupond-Moretti. 

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"Je n'ai jamais vu ça. C'est un acte suffisamment rare pour être relevé et dénoncé avec force", lance maître Marc Maroselli. 

Comme, lui, une quarantaine d'avocats du barreau d'Ajaccio se sont rassemblés, en robe ce vendredi 12 mars, sur les marches du palais de justice pour dénoncer l'expulsion "manu militari" de Me Paul Sollacaro d'une audience à Aix-en-Provence la veille. 

Par la voix du bâtonnier, Julia Tiberi, ils ne dénoncent "pas simplement un incident d'audience, mais de pratiques inadmissibles et indignes de l'institution judiciaire." Selon eux, de "tels comportements nous font craindre l'avènement d'une société antidémocratique dans laquelle on s'intéressera aux propos des avocats uniquement lorsque ces derniers seront placés sur écoute."

Soutien de tous les barreaux de France

Jeudi 11 mars, l'avocat ajaccien Paul Sollacaro demande au président de disjoindre l'affaire alors que son client, qui a contracté le Covid, est absent. Le refus de Marc Rivet entraîne une altercation verbale. 

Et Paul Sollacaro est expulsé par les forces de l'ordre, "comme un voyou", selon ses propres mots. En soutien, tous ses collègues quittent la salle. Ce n'est qu'un début. Quelques minutes après, la profession entière, à travers la France, est vent debout. Quelques heures plus tard, un hashtag voit le jour : #jesuispaulsollacaro.

Maître Stéphane Nesa est vice-président de la commission pénale de la Conférence nationale des Bâtonniers. Il était associé d'Antoine Sollacaro, le père de Paul. Il connaît bien l'avocat du Barreau de Nice.

On a piétiné la robe d'avocat

Maître Stéphane Nesa

Mais pour lui, ce qui s'est passé à Aix-en-Provence va bien au-delà d'un problème de personne :
"Ce n'est pas uniquement notre confrère qui a été agressé. C'est notre robe. Quand on meurt, on est enterré avec cette robe. C'est sacré. Là, on la piétine, on l'arrache, on la déchire. On doit absolument réagir, pour ne pas, par notre silence, cautionner ce genre de comportement".

A Nice, où maître Sollacaro exerce, la profession était également réunie ce matin devant le Palais de justice pour signifier son mécontentement.

Pour le Barreau de Bastia, "cet usage de la force contre un avocat en robe dans une enceinte judiciaire procède d'un abus de pouvoir et traduit un total mépris pour les droits de la défense comme pour l'avocat qui incarne ceux-ci".

Par l'intermédiaire de son bâtonnier, Jean-Paul Eon, il "dénonce ces violences inacceptables". 

Les barreaux de toute la France, de Dijon à Paris, en passant par Perigueux, Lille ou Montpellier ont également témoigné de leur solidarité. Et cela ne devrait pas s'arrêter là. "Il faut une réponse à la hauteur de l'agression", martèle maître Nesa. 

Le parquet d'Aix-en-Provence soutient le président du tribunal

De son côté, le procureur de la République d'Aix-en-Provence estime, dans un communiqué que l'altercation débute après l'annonce de la décision du président du tribunal correctionnel, Marc Rivet.

"Maître Sollacaro s'est emporté et s'est adressé au président en des termes virulents qui ont conduit ce magistrat à devoir faire usage des pouvoirs de police que lui donne la loi pour le faire conduire par des policiers, en dehors de la salle d'audience", écrit-il.  

Pas la première fois

La Conférence nationale des Barreaux a annoncé qu'elle allait saisir le Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, lui même ancien avocat. Stéphane Nesa, estime qu'il devrait y avoir des suites disciplinaires :

"Nous ne connaissons pas encore tous les éléments de cette affaire. Cela permettrait que le magistrat et l'avocat s'expliquent, et que chacun fasse entendre sa version. Mais c'est à Paul Sollacaro de mener une réflexion pour décider s'il saisira le Conseil national de la Magistrature". 

Ce qui inquiète la profession, c'est qu'apparemment ce ne serait pas là première fois qu'une telle situation se présente dans une salle d'audience, contrairement à ce que beaucoup pensaient.

L'affaire d'Aix a fait ressortir une cas semblable, qui serait arrivé il y a quelques semaines à une avocate dans un autre tribunal du Paysen, selon le CNB, qui pour l'heure n'en sait pas plus. "Cela n'était pas remonté jusqu'à nous", déplore le vice-président du Conseil...

Motion de soutien du Conseil national des Barreaux.


 

La profession n'est pas la seule à réagir. La classe politique, en Corse, n'est pas non plus restée insensible à l'affaire. Jean-Guy Talamoni, également avocat, mais aussi Jean-Félix Acquaviva et Laurent Marcangeli ont témoigné de leur soutien :

 

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