Matches de tennis truqués : comment l'Open d'Ajaccio se prémunit-il de la triche ?

Début juillet, le parquet national financier a ouvert une enquête dans l'affaire des matchs truqués de tennis, sévissant dans les tournois de deuxième et troisième division du circuit professionnel. Des risques de tricherie contre lesquels les organisateurs de tournois sont bien décidés à lutter.

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Proposer de truquer un match contre rémunération, l'idée a de quoi choquer les fanatiques du sport. Mais à en croire les joueurs, la pratique serait répandue : "On nous envoie des messages pour nous dire : si tu perds ce set, on te donne tant d'argent..."

Cette anecdote, c'est Lissandru Rodriguez qui la raconte. Le tennisman n'a que 17 ans, et il a pourtant déjà été incité à truquer ses matches. Une proposition qui, selon le jeune homme, peut rapporter "beaucoup d'argent".

Le phénomène n'est pas nouveau : depuis plusieurs années, les courts ont été entachés des scandales qui en ont résulté. Et la Fédération française de tennis est déterminée à tout faire pour l'enrayer.

"Il y a des programmes mis en place par la fédération internationale; la fédération française et ses entraineurs sont vigilants... C'est aujourd'hui quelque chose qui est ancré dans tous nos échelons, y compris dans la formation des officiels", explique ainsi Jean-Patrick Reydellet, juge-arbitre officiel de la FFT.

Insuffisance des gains

Mais pour certains, le problème serait plutôt structurel. Une saison pour un tennisman évoluant à ce niveau coûte environ 120 000 euros. Une somme particulièrement importante au vu des gains que peuvent empocher les joueurs.

Ainsi, si le vainqueur d'un tournoi du Grand Chelem (US Open, Wimbledon, Open d'Australie, Roland Garros) remporte entre 2 et 1,5 millions d'euros, pour un tournoi Challenger, les gains chutent à 4500 euros en moyenne. Les participants d'un tournoi Future, eux,  peuvent espérer toucher autour de 1000 euros.

Des différences de gains qui s'expliquent certes par la visibilité considérablement plus importante des tournois du Grand Chelem, et le meilleur niveau de ses joueurs. Mais qui entrainent pour nombre des tennismen professionnels des difficultés financières, obligeant même certains à s'endetter pour pouvoir continuer à pratiquer leur passion.

Le Français Mick Lescure, alors 575e joueur mondial, racontait en 2015 dans les colonnes du Parisien avoir du mal à gagner sa vie. Cette année là, il avait ainsi empoché un total de 2226 euros, soit à peine plus de 550 euros par mois. 

Payer pour pratiquer

Pas suffisant pour en faire son unique source de revenu, donc. Surtout que malgré son statut de joueur professionnel, Mick Lescure expliquait devoir payer l'ensemble de ses équipements, ainsi que "le déplacement, l'hébergement" ou encore la nourriture.

Une situation qui contraignait donc le jeune homme, et qui en contrant aujourd'hui bien d'autres en compétition dans les tournois dits de troisième division - les Futures -, à payer pour faire du tennis son métier. Selon la Fédération internationale du tennis, seuls 15% des joueurs de tennis professionnels - classés par l'ATP - rentrent dans leurs frais.

De quoi convaincre plus facilement les joueurs de bidonner leurs matches ? Pour certains, augmenter les gains à la clef des tournois de deuxième et troisième divisions pourrait être une piste de résolution du fléau des matches truqués.

 

Mezzavia épargné

Mezzavia, l'Open d'Ajaccio, est bien au courant de ces possibles tentations. L'Open est qui plus est un tournoi Future, où les tentations de tricheries sévissent le plus. Mais le tournoi de tennis, qui organise depuis lundi et jusqu'à demain, dimanche 14 juillet, sa 8e édition, touche pour le moment du bois : depuis sa création en 2012, aucun agissement de ce genre n'a été enregistré. 

Un fait qui s'explique en partie par de la chance, peut-être. Ou par les 4000 euros promis au vainqueur, une somme en moyenne 4 fois supérieure à celle remportée dans les tournois Future.

Mais ce serait surtout par sa taille raisonnable qui rendrait plus facilement détectable toute tentative de tricherie, selon le président du tennis club Mezzavia, Vincent Castola : "Vu la configuration qui est la notre ici [...], la tribune fait 300 places, on se connait. Si on voit quelqu'un de complètement isolé entrain de tapoter sur son téléphone en permanence... C'est plus facile de le remarquer ici que dans une tribune de 10.000 places."

 

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