La ligue contre le cancer de Corse-du-Sud alerte sur les graves retards de dépistage dus à la crise du Covid19

La Ligue contre le cancer de Corse-du-Sud alerte face aux retards de dépistage, de diagnostic, et de prise en charge des personnes atteintes d'un cancer à l'heure de la deuxième vague du Covid19.

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Le message est clair : "Les personnes malades atteintes de cancer sont plus que jamais en danger". Mardi 10 novembre, la Ligue contre le cancer a publié un message d'alerte sur les réseaux sociaux. 

Le second confinement mis en place par le gouvernement le 30 octobre pour lutter contre la deuxième vague de l'épidémie de Covid19 rend la situation "extrêmement préoccupante" pour les personnes malades atteintes de cancer."Déprogrammation des RDV, retards de diagnostics & de début de traitement, reports d’interventions chirurgicales… ! La Ligue s’insurge et demande aux pouvoirs publics d’agir sans délai pour ne pas sacrifier les personnes malades atteintes de cancer", peut-on lire dans ce message d'alerte relayé par la Ligue contre le cancer de Corse-du-Sud.

Retards de dépistage, de diagnostic, de prise en charge

"L’urgence sanitaire a réorganisé complètement le système de soin français en privilégiant la prise en charge du Covid sur toutes les autres maladies, ce qui est catastrophique", témoigne Sauveur Merlenghi, président de la Ligue contre le cancer de Corse-du-Sud et médecin généraliste depuis plus de 40 ans.

Il constate tout d'abord un retard sur les dépistages du cancer depuis le début de la crise sanitaire : "Les gens ne se rendent plus dans les centres pour se faire dépister"
Ce retard entraîne un retard dans les diagnostics, un retard de prise en charge des maladies et donc un retard de traitement.

"Les patients ne fréquentent plus les cabinets médicaux comme ils devraient le faire. Ils ne se présentent plus quand ils ont des symptômes. Ils attendent, remarque Sauveur Merlenghi. On n’a plus de consultations suivies. Les cabinets médicaux affichent 50% de consultations".

Et quand les personnes atteintes d'un cancer se rendent à l'hôpital pour se faire soigner, elles risquent d'être contaminées par le Covid19 nosocomial. "Donc elles n'y vont plus", conclut-il amèrement.

Le cancer, plus vite on le prend en charge, plus vite on le soigne et mieux on guérit.

Or comme il le rappelle : "Ces mois de retard de diagnostic permettent à la maladie de progresser". C'est le cas d'Yvette, 85 ans, atteinte d'un cancer du sein qui n'a pas pu se rendre à Paris pour ses visites de contrôle.

"On sait très bien que le cancer, plus vite on le prend en charge, plus vite on le soigne et mieux on guérit", ajoute le président de la Ligue contre le cancer de Corse-du-Sud.

Il évoque notamment le cas d'une patiente vue quelques jours plus tôt pour la première fois. Elle est atteinte d'un cancer du sein au stade des métastases. "Ce sont des choses que je ne voyais plus", déplore-t-il.

En Corse, la situation est particulière car il n'y a pas de centre régional cancer. "Nous sommes rattachés soit à l'institut Paoli-Calmettes (IPC) soit au centre Antoine Lacassagne à Nice". Ce qui ne facilite pas la prise en charge des malades.

"J’ai dû faire des pieds et des mains pour qu’elle soit prise en charge à l’IPC. Il a fallu que j’appelle, il n’y avait pas de place… Finalement on va pouvoir la prendre en charge et la traiter. C’est dramatique des choses pareilles".

Des milliers de morts supplémentaires

Ces retards de dépistage, de diagnostic, de prise en charge et de traitement font craindre "des milliers de morts supplémentaires dans les années à venir", selon Sauveur Merlenghi. 

On estime environ 500 décès par jour par cancer en France. Avec la crise du Covid, "il pourrait y en avoir 600", poursuit-il. 
À Ajaccio, la Ligue contre le cancer n'a pas pu mettre en place le dépistage du cancer du poumon, alors qu'elle avait obtenu un financement privé. Un cancer surprésenté chez les femmes en Corse.

"Tous les médecins sont occupés par le Covid, se désole le président. Ce sont des gens qu’on aurait pu sauver, qu’on ne sauvera pas. C’est grave"

En octobre dernier, Axel Kahn, président de la Ligue nationale contre le cancer, évaluait à "environ 30.000 cancers non détectés et donc autant de personnes non traitées" depuis le début de la crise du Covid19.

Les associations se mobilisent

Pour faire face à cette situation, la Ligue contre le cancer tout comme l'association La Marie Do sont à l'écoute des malades et assurent une veille permanente pour les accompagner au mieux. La Ligue contre le cancer a mis en place un questionnaire pour que chacun puisse témoigner sur sa situation et "évaluer les difficultés d’accès aux soins des personnes".

 
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