Les fêtes de Pâques 2021 ont été exceptionnelles pour les artisans-chocolatiers corses. Dans leur boutique, plus une seule sucrerie n'est disponible. Illustration à Ajaccio et à la plaine de Peri.
Dans la vitrine de Lionel et Josiane Colomb-Bereni trône un unique œuf de Pâques. "Il est réservé, il va partir sur le continent", rit Lionel.
Sur les étagères, plus aucun lapin, poussin ou traditionnelle cloche en chocolat. Pourtant, cette année, l'artisan chocolatier a débuté ses confections un mois à l'avance. "On a tellement… Ça n'a pas arrêté. En terme de kilos, on a observé une hausse de 30 %", raconte-t-il.
La demande a été telle que le chocolatier de la plaine de Peri a préféré arrêter sa production. "On est seulement deux à travailler, ça a été très fatigant. Vendredi et samedi, j'ai commencé à 6 h 30 du matin et j'ai dû finir à 1 h 30 ou 2 heures du matin", souffle-t-il.
"Je n'ai jamais vu ça en 33 ans"
À l'entrée d'Ajaccio, dans la boutique de Michel Colombani, même constat. Plus un seul chocolat de Pâques. "On n'a plus rien depuis samedi, lance une vendeuse. Certains clients ont même acheté des tablettes de chocolat végan pour avoir quelque chose."
Ici, l'artisan-chocolatier a confectionné 3.000 pièces, contre 1.800 et 2.000 habituellement. "Ce sont mes 33es Pâques et je n'ai jamais vu ça. Et c'est pareil pour tout le monde, il y a même des artisans qui nous ont appelés pour nous racheter des fritures, mais on n'avait déjà plus rien", livre Michel Colombani.
Des économies grâce au Covid
Pour les deux professionnels interrogés, cette situation exceptionnelle est principalement due à la crise du Covid19. "Avec les différents confinements et toutes les restrictions, les gens n'ont pas pu voyager ou aller au restaurant. Ils ont été un peu frustrés, ont fait des économies et se sont rabattus sur la nourriture. Et c'est la même chose depuis Noël 2020, on a fait des fêtes des mères et des grands-mères plus plus", détaille l'artisan-chocolatier ajaccien. "Ça leur permet de revenir vers le goût", complète Lionel Colomb-Bereni.
Si les deux hommes espèrent que cette période fasse revenir tout un chacun vers l'artisanat, ils restent gênés. Les artisans-chocolatiers gardent en tête que d'autres professionnels, comme les restaurateurs, ne peuvent pas travailler depuis près d'un an.