Une histoire qui se termine bien : le 17 avril dernier, Antonia Santarelli nous contactait, désespérée. Cette aide-soignante à Marseille essayait sans succès de rejoindre sa mère, 92 ans et plus autonome, confinée seule à Propriano. Après plus d'un long mois d'attente, elle a enfin pu la retrouver.
Après plusieurs semaines d'angoisses et de formalités administratives, Antonia Santarelli a retrouvé le sourire. Et surtout, sa maman.
Depuis plus d'un mois, cette aide-soignante était ainsi bloquée à Marseille, loin de sa mère, 92 ans, confinée seule à Propriano. Cette dernière, qui n'est aujourd'hui plus en capacité de vivre en autonomie complète, nécessite une prise en charge de tous les instants.
Parcours du combattant
Nous vous racontions son histoire le 17 avril. Aussitôt l'annonce de la mise en place d'un confinement généralisé, le 17 mars dernier, Antonia s'est démenée pour rentrer à ses côtés.Car bien que remplissant toutes les conditions pour se déplacer malgré les restrictions - au motif exceptionnel d'"assistance à personne vulnérable" -, elle se heurte à plusieurs obstacles : sa première traversée, prévue le 24 mars à bord d'un navire de la Méridionale, est annulée.
Son billet est alors remplacé pour un départ prévu le 15 avril. Sans succès : lorsqu'elle se présente à quai, elle apprend qu'elle ne pourra finalement pas embarquer, sur décision du commandant de bord, et malgré l'attestation dérogatoire délivrée par la préfecture de Corse dont elle était en possession.
"J'étais vraiment inquiète, je disais, "Mais comment je vais faire moi, pour partir ?". J'ai contacté la préfecture d'Ajaccio qui m'a conseillé de prendre la Corsica Ferries, mais je n'avais pas la possibilité de me rendre à Toulon. Ils m'ont alors dit de voir avec la Corsica Linea."
Antonia leur envoie un mail dès le mercredi 15 avril, attestation dérogatoire de déplacement à l'appui. Et reste suspendue à son ordinateur et son téléphone pendant deux jours, en attendant leur réponse.
Entre temps, nous partageons sur le site de France 3 Corse ViaStella, le 17 avril dernier, son témoignage.
Appels, soutiens et traversée finalement validée
"À partir de ce moment-là, les choses se sont accélérées" sourit Antonia. Sans assurance que cela ait un lien direct avec la publication de l'article, Antonia reçoit dans les heures qui suivent un message de la Corsica Linea, puis la confirmation qu'elle pourra bien embarquer à bord d'un de leur navire le lundi 20 avril, soit trois jours plus tard.Plus encore, l'aide-soignante est appelée dans la journée par la mairie de Propriano. "Ils m'ont demandé des nouvelles de ma mère, et dit qu'ils n'était pas au courant de la situation". L'office municipal, avec la parution de l'article, a reçu les critiques de plusieurs internautes.
Ils savaient qu'elle était là, et moi non, mais ils n'ont pas appelé avant
Antonia ne veut cependant pas lui jeter la pierre : "Je ne les avais pas contactés à ce sujet, car l'aide qu'ils auraient peut-être pu apporter, c'est-à-dire amener un repas de temps en temps, ce n'était pas suffisant. Il faut quelqu'un avec elle en permanence, et c'est pour ça que je devais être là."
Pour autant, elle regrette "un peu" que les coups de fils pour se soucier de la santé de sa mère n'aient été passés qu'une fois son histoire médiatisée : "Ils savaient qu'elle était là, et moi non, mais ils n'ont pas appelé avant".
Antonia apprend enfin la visite de gendarmes au domicile de sa mère, pour vérifier son état de santé. "Ils sont revenus trois fois au total, entre vendredi et lundi", souligne-t-elle.
Grand départ
Le 20 avril, à 19h15, Antonia embarque finalement à bord du Vizzanova, en direction d'Ajaccio. Une expérience "particulière", pour elle qui est une habituée des traversées maritimes reliant la Corse au continent."Une dame m'a appelé avant pour m'expliquer la marche à suivre. Nous n'étions que quatre voitures à partir. On nous a demandé de se présenter à quai, on est venus nous chercher à pied jusqu'au bateau, puis on nous a fait signer une décharge indiquant qu'une fois à bord, on ne devait pas bouger de notre cabine."
Après quoi, des gants et un masque lui sont fournis, et elle monte "un passager après l'autre" sur le navire.
On nous a demandé de se présenter à quai, on est venus nous chercher à pied jusqu'au bateau, puis on nous a fait signer une décharge indiquant qu'une fois à bord, on ne devait pas bouger de notre cabine
"On nous a immédiatement amené à nos cabines respectives, et expliqué qu'on ne devait surtout pas sortir avant l'arrivée demain, et qu'on viendrait nous chercher à ce moment-là. Pour le repas, on nous avait prévenu d'apporter nos propres encas, car rien ne serait fourni. On se serait presque cru en temps de guerre."
Et finalement, les retrouvailles
Antonia arrive finalement sans problème à Ajaccio à 7h30, le mardi. Elle prend aussitôt la route pour Propriano, où elle retrouve, après de longues semaines de séparation, sa maman."On était toutes les deux si soulagées et si heureuses de se revoir. J'ai eu l'impression qu'on m'ôtait un poids des épaules. Ma hantise, c'était qu'elle tombe, qu'il se passe un malheur. Maintenant je suis là pour faire en sorte que rien ne lui arrive".
Et bien qu'elle ait été contrainte de quitter son mari, ses enfants et sa petite-fille à Marseille pour rejoindre sa mère, Antonia sait qu'aujourd'hui sa place est à ses côtés. "Elle a toujours été là pour moi, pour nous. C'est à moi de l'aider à présent."
Si cette aventure n'a pas été sans embûches pour Antonia, l'aide-soignante veut aussi y voir les bons côtés.
"Je suis très reconnaissante du soutien de j'ai reçu de la part de la préfecture de Corse. Les deux agents que j'ai sollicité pour trouver comment rentrer ont toujours eu la patience de répondre à mes demandes. Je suis reconnaissante aussi de la Corsica Linea, qui s'est peut-être activée après que l'article soit publié, mais qui m'a très gentiment aidé et conseillé."
Également, glisse-t-elle, "J'ai aussi reçu beaucoup de messages de soutien d'internautes et d'amis, qui m'ont tous beaucoup touchés."