Interrogé sur les projets routiers de la Collectivité de Corse et sur les financements qui leur seront alloués, Gilles Simeoni est revenu en détail sur les travaux qui se feront. Mais aussi sur ceux qui ne se feront pas, comme le tunnel de Vizzavona. Le président de l'Exécutif nous a accordé un entretien.
France 3 Corse : Le Plan de Transformation et d’Investissement pour la Corse (PTIC) prévoit une enveloppe de 500 millions d’euros. Quelle part est dévolue aux routes ?
Gilles Simeoni : Je rappelle qu’au départ, l’Etat ne voulait pas affecter de somme du PTIC aux routes. C’est un long combat que le Conseil Exécutif de Corse a mené. Aujourd’hui, nous sollicitons environ 120 millions d’euros pour les routes sur l’enveloppe de 500 millions d’euros du PTIC.
Quelles sont les priorités ? Les grands axes ou les réseaux secondaires ?
C’est une vision globale. Il faut bien sûr continuer à moderniser les infrastructures de l’ex-réseau territorial. Puis, il y a le rattrapage historique par rapport aux anciennes routes départementales qui sont souvent dans un état très dégradé, particulièrement dans le Cismonte.
Un ouvrage à Vizzavona n’apparaît pas dans le chapitre des priorités. Pour quelles raisons ?
Les grandes opérations comme le tunnel de Vizzavona sont abandonnées. Pour rappel : c'est un coût très important pour un gain de quelques minutes seulement.
Nous sommes dans une approche pragmatique qui intègre également une jurisprudence très contraignante en matière d’environnement.
Cette approche comprend le désengorgement de Bastia et d’Ajaccio à travers la modernisation du réseau routier et la multimodalité mais encore des opérations de sécurisation très importantes notamment dans des zones accidentogènes. Enfin, des créneaux de dépassement sont prévus pour réduire les temps de trajet.
À côté de cette vision sur les grands axes, nous continuons évidemment à soutenir le désenclavement de la montagne et de l’intérieur, oubliés des pouvoirs politiques au niveau du développement routier.
Pourtant, l’hiver, on gagne davantage que quelques minutes…
Bien entendu. Cependant, on traite là des moyens qu’il faut mettre en œuvre pour assurer une circulation normale sur les routes, à toutes les occasions.
Qu’entendez-vous par "désenclavement de la montagne" ?
Le désenclavement passe par des opérations qui ont déjà été affectées dans le cadre du PEI (Plan exceptionnel d'investissement). Je rappelle qu’initialement le PEI prévoyait 1 milliard d’euros sur les routes et que, finalement, ce sont 536 millions d’euros qui ont été affectés au terme de 20 ans de PEI.
En ce qui concerne la quatrième tranche du PEI, celle sur laquelle nous sommes intervenus, il restait environ 133 millions d’euros. Un peu plus de 80 millions d'euros étaient destinés à la région d’Ajaccio qui avait été la grande oubliée. Le reste avait été redistribué sur les réseaux départementaux jusque-là exclus du PEI.
Nous avons aussi demandé qu’une part du PTIC soit affectée sur le réseau routier principal et sur le réseau routier secondaire.
Enfin, nous voulons poursuivre l'effort de développement de l'intérieur et de la montagne. Nous devrons avoir cette discussion avec l'Etat. Ce développement passe par l’amélioration du réseau routier et le rattrapage du retard historique.
Des opérations fortes attendues depuis des décennies ont déjà été initiées : c'est le cas du Boziu et de l’ancien canton de Moita-Verde pour le Cismonte. Pour le Pumonte, la route de Santa Lucia di Tallà.
Poursuivre cet effort, cela signifie-t-il ventiler autrement l’enveloppe du PTIC ou envisager un autre dispositif ?
Quand je parlais avec l’ancien préfet Lelarge, il me répondait que les routes étaient un problème du XIXème siècle. Nous sommes aujourd’hui au XXIème et avons toujours des routes en mauvais état.
Ça veut forcément dire qu’il faudrait un autre dispositif pour qu’il y ait des modalités de co-financement afin que la Collectivité de Corse ne supporte pas seule un effort financier qui reste important, eu égard à ce qu’il reste à faire et au retard historique qu’il convient de rattraper.