Sur son compte Twitter, la journaliste de Mediapart Hélène Constanty déclare avoir porté plainte après la réaction du directeur de la chambre d'agriculture de Corse-du-Sud, Jean-Dominique Rossi, à son article sur un scandale supposé de fraude aux aides agricoles.
« Réaction de Jean-Dominique Rossi, directeur de la chambre d'agriculture de Corse-du-Sud à mon article sur les fraudes aux aides européennes dans @Mediapart : "pour qui tu te prends, espèce de connasse ? Si je te prends, je vais te casser la bouche !" J'ai porté plainte », écrivait vendredi la journaliste Hélène Constanty sur son compte Twitter.Réaction de Jean-Dominique Rossi, directeur de la chambre d'agriculture de Corse-du-Sud à mon article sur les fraudes aux aides européennes dans @Mediapart : "pour qui tu te prends, espèce de connasse ? Si je te prends, je vais te casser la bouche !" J'ai porté plainte.
— Hélène Constanty (@HConstanty) 21 décembre 2018
Une enquête pour fraude
La veille, sur le site de Mediapart, elle révélait que l'association Anticor avait déposé plainte contre X auprès du parquet national financier pour une fraude supposée aux aides européennes. Selon l'association, 36 millions d'euros auraient été détournés par des agriculteurs entre 2015 et 2018, "avec la complicité des autorités de contrôle" (services de l’État et chambres d'agriculture).Le monde agricole corse est secoué par un scandale de fraude aux aides européennes. @HConstanty #Corse https://t.co/Tqu9yodmB0
— Mediapart (@Mediapart) 20 décembre 2018
Dans son article, Hélène Constanty s'attarde sur le cas de la famille de Jean-Dominique Rossi, directeur de la chambre d'agriculture de Corse-du-Sud. Elle relate que le 14 novembre, une perquisition a eu lieu dans les quatre exploitations de la familiales : « celles de sa mère, de son épouse et de ses deux fils ». « Les enquêteurs soupçonnent Jean-Dominique Rossi d'être le véritable gérant de ces exploitations, précise-t-elle, fictivement partagées afin de maximiser les primes à la vache allaitante (dégressives à partir de cinquante vaches). »
« Il aurait en outre déclaré des centaines d'hectares sur lesquels aucun membres de la famille n’exercerait de réelle activité agricole », écrit Hélène Constanty, qui donne de nombreux détails sur les différentes exploitations familiales.
"Dans cette famille, on compte une dame de 86 ans censée être à la tête d'un cheptel de 180 bovins et de 350 hectares, qui nous a d'emblée indiqué qu'elle n'exploitait bien évidemment aucun hectare et que son fils gérait pour elle ses affaires", a déclaré Eric Bouillard, procureur de la République d'Ajaccio lors d'une conférence de presse commune avec la Préfète de Corse le 15 novembre.
"Les fraudeurs ne sont pas la majorité mais ils pénalisent ceux qui travaillent et nuisent à l'image de la Corse", a regretté la préfète.
La défense de Jean-Dominique Rossi
« Ma mère, ma femme et mes fils sont de vrais agriculteurs, qui mettent en valeur des terres de montagne, se défend Jean-Dominique Rossi dans l'article de Mediapart. Ils ont profité d'aides auxquelles ils ont parfaitement droit et ont subi des contrôles réguliers qui n'ont montré aucune irrégularité. »"Je suis à la Chambre d’agriculture, j’ai une formation de conseiller agricole. Je peux conseiller mes enfants, ma femme, ma mère comme je conseille un exploitant lambda. Mais à aucun moment, je n’ai géré les exploitations de ma famille", soutient-il au micro de France Corse ViaStella.
Sur Twitter, les associations U Levante et Anticor ont apporté leur soutien à Hélène Constanty.
L'association vous apporte un soutien total dans cette nouvelle affaire d'intimidation. Il est regrettable que celles-ci émaillent bien trop la vie publique insulaire qui a grand besoin de transparence !
— U Levante (@levante_u) 22 décembre 2018
@anticor_org condamne sans reserve cette menace envers une journaliste d'investigation et espère une peine exemplaire ! https://t.co/9ijuy2tMr4
— Anticor (@anticor_org) 22 décembre 2018