Corse et Sardaigne : quels transports pour rapprocher les deux îles ?

La Sardaigne est le territoire le plus proche de la Corse, et pourtant les liaisons sont souvent défectueuses à tel point qu'il est plus simple de se rendre à Marseille ou à Paris qu'à Santa Teresa di Gallura, pourtant à seulement 16 kilomètres de Bonifacio. L'île a accueilli 14,5 millions de touristes en 2023, les deux tiers s'y sont rendus par avion. Comment est organisée la continuité territoriale avec l'Italie ? Quelles sont les possibilités d'échanges avec la Corse ?

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16 kilomètres. C’est la distance qui sépare la Corse de la Sardaigne. Ce lundi 27 mai, sur le port de Bonifacio, les passagers embarquent à bord de la Ichnusa Lines.

Cette compagnie, qui respecte des obligations de service public, ne reçoit pas d’argent public. Trois rotations par jour sont assurées du 1er avril au 30 octobre. En haute saison, ce sont essentiellement des touristes qui empruntent la ligne. Mais la liaison a aussi une utilité économique autre que touristique.

"Il y a par exemple des entreprises sardes qui se rendent en corse parce que le liège manque en Sardaigne, illustre Christian Grosso, commandant à la Ichnusa Lines. Dans l’autre sens, on peut noter que de nombreux produits comme les matériaux de construction, du fer, des accessoires en aluminium ou en bois sont achetés par des propriétaires français qui importent ces matières premières de Sardaigne."

Pour aller de Pallau à la Maddalena, où le trajet est très court, il m’en coûte autant qu’un vol pour aller à Milan.

Marco Bittau, rédacteur en chef de La Nuova Sardegna

Dans le détroit de Bonifacio, le navire croise celui de la Moby. Cette compagnie est présente toute l’année. Du 1er novembre au 31 mars, elle opère sous le régime d’une délégation de service public (DSP).

Cette DSP coûte 400 000 euros à la région autonome de Sardaigne. La région finance également un service public maritime en direction de l’isole minore, les petites îles que sont la Maddalena reliée à Palau et San Pietro Carloforte reliée à Calasetta et Portoscuso.

"Les résidents de la Maddalena ou de Carloforte ont droit à une réduction du prix du transport, indique Marco Bittau, rédacteur en chef de La Nuova Sardegna. Moi qui ne suis pas résident à la Maddalena, bien que sarde, je ne bénéficie pas de cette réduction. Pour aller de Pallau à la Maddalena, où le trajet est très court, il m’en coûte autant qu’un vol pour aller à Milan."

En revanche, il n’y a pas de réelle continuité territoriale maritime avec l’Italie. Le port d’Olbia enregistre jusqu’à 4 millions de passagers par an. Si les rotations sont nombreuses, la disponibilité est loin d’être garantie.

"Pour le maritime, les aides publiques que le gouvernement octroie aux compagnies n’apportent de bénéfice ni au passager ni au transporteur. Pour eux, le tarif du marché s’applique. C’est difficile de voyager l’été, non seulement pour le prix, mais aussi pour la disponibilité", reprend le journaliste.

Trafic aérien

Dans l’aérien, la région met en place un service public depuis trois aéroports sardes avec Milan et Rome. À Cagliari, il en coûte en moyenne entre 150 et 160 euros l’aller-retour pour un résident sarde. Les voyageurs trouvent le prix élevé.

Cagliari est le principal aéroport de Sardaigne. En 2023, 4 900 000 passagers y ont transité dont 1 300 000 bénéficiaires de la continuité territoriale et 1,5 million de passagers internationaux en forte hausse. Le programme de vol de cet été donne une idée du trafic.

"Ces dernières années, nous avons essayé d’attirer l’attention sur Cagliari depuis les autres aéroports importants en Europe et même ailleurs, explique David Crognaletti, directeur commercial de l'aéroport de Cagliari. De ne plus vendre uniquement le produit, mer plage et soleil mais de montrer que Cagliari représente une opportunité pour visiter une ville toute l’année, ce que l’on appelle les courts séjours".

D'autres rotations Corse-Sardaigne ?

Barbara Manca, l’élue en charge des transports en fonction depuis avril dernier, entend changer la desserte. Pour le maritime, compétence d’Etat, la région veut plus de concertation afin d’offrir un meilleur service. Pour l’aérien, en revanche, la région compétente réserve 46 millions d’euros à la DSP qui court jusqu’à l’automne 2025. À l’avenir, le but est d’augmenter l’offre de sièges dans les périodes de vacances et apporter d’autres améliorations.

"On voudrait aussi essayer de voir comment faire profiter des tarifs préférentiels à ceux qui ont gardé un lien fort avec la Sardaigne mais qui vivent ailleurs, ceux qui ont un parent âgé ici ou les parents qui ont un enfant en Sardaigne mais qui n’y vivent pas. On veut améliorer cet aspect, mais aussi évaluer la possibilité d’introduire d’autres destinations."

Des améliorations pourraient être également apportées sur les lignes entre la Corse et la Sardaigne. Vendredi 31 mai, les bateaux n’ont pas pu appareiller, la mer était agitée dans le détroit de Bonifacio. Cette situation se répète souvent l’hiver, quelques fois aussi à la belle saison.

Durant la basse saison, il n’y a pas d’alternative à la ligne Bonifacio Santa Teresa. La région autonome de Sardaigne a diligenté une étude pour évaluer l’opportunité de développer d’autres rotations.

"On étudie cette possibilité, soit le côté Porto Torres-Ajaccio, soit l’autre côté, qui est moins exposé au mistral, détaille l'élue. Il faudrait qu’il ait quand même un minimum de demandes, pour éviter une trop forte dépense publique qui deviendrait une charge. Ce pourrait être un thème à étudier en commun avec la Corse, savoir s’il faut privilégier plutôt le côté est ou le côté ouest en fonction des réalités territoriales."

Une rencontre entre élus corses et sardes est prévue prochainement. Depuis 2021, la France et l’Italie ont signé le traité du Quirinal qui encourage la coopération entre les deux pays mais également entre les régions. Peut-être une occasion de rapprocher les deux îles.

Le reportage de Dominique Moret et Stéphane Lapera :

durée de la vidéo : 00h06mn07s
Intervenants : Christian Grosso | Commandant à la Ichnusa Lines ; Marco Bittau | Rédacteur en chef de La Nuova Sardegna ; David Crognaletti | Directeur commercial de l'aéroport de Cagliari ; Barbara Manca | Elue en charge des transports de Sardaigne ©D. MORET - S. LAPERA / FTV

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