L'existence d'un rapport confidentiel de la JIRS de Marseille mettant au jour un "système mafieux corse" a fuité. La Collectivité de Corse demande à ce qu'il soit rendu public.
La juridiction interrégionale spécialisée de Marseille (JIRS) se dotera-t-elle d'un pôle antimafia spécialisé sur la Corse ? Ce serait en tout cas la volonté des magistrats de la juridiction.
Un rapport confidentiel
Selon un article du Monde signé par Jacques Follorou, spécialiste du grand banditisme en Corse, la JIRS aurait soumis à la chancellerie début 2020 un rapport confidentiel d'une centaine de pages visant à demander la création d'un pôle antimafia. Si son constat est sans appel : "le banditisme corse revêt toutes les formes du phénomène mafieux", début octobre, lors d'un comité de pilotage qui se déroulait à Marseille, les membres de la juridiction déploraient l'absence de réponse du ministère et un "manque de volonté politique". Selon le Monde, le ministère estime de son côté que l'organisation actuelle "fonctionne plutot bien".
Dans un rapport confidentiel, des magistrats défendent la création d’un pôle antimafia pour la Corse. La chancellerie reste sourde à leur demande https://t.co/Bmm7Sn78Jc
— Le Monde (@lemondefr) October 23, 2021
Pourtant, la JIRS avoue dans son rapport son impuissance à résoudre certaines affaires criminelles et parle de difficultés relatives au territoire insulaire : "recueil de témoignages compliqué, omerta, maillage social très resserré". La juridiction veut alors faire entendre au gouvernement que la façon actuelle de fonctionner n'est pas forcément la bonne et qu'il faut aller plus loin.
C'est également ce qu'appellent de leurs voeux les collectifs antimafia insulaires. "Nous avons, tout comme le collectif Massimu Susini, défendu depuis notre création, d'une part le renforcement des moyens de la police et de la justice en Corse mais aussi l'évolution de la loi se rapprochant de ce qui a été fait en Italie, avance Marie-France Giovannangeli, porte-parole du collectif Maffia No', a Vita Iè. Nous souscrivons totalement à la création d'un pôle antimafia."
La collectivité de Corse demande à ce que ce rapport soit rendu public
De son côté, la Collectivité de Corse a tout de suite réagi, via un communiqué. Après avoir rappelé que la lutte contre la dérive mafieuse était l'une de ses priorités, la majorité territoriale en appelle à l'Etat : "le Président du Conseil exécutif de Corse et la Présidente de l’Assemblée de Corse demandent donc au gouvernement de communiquer aux institutions de la Corse et aux citoyens de l’île les éléments objectifs en sa possession concernant la réalité et l’ampleur de ce que le rapport de la JIRS qualifie de "système mafieux en Corse".
Cumunicatu di stampa : Le Gouvernement doit rendre publics les éléments en sa possession relatifs au "système mafieux" qui aurait été objectivé en Corse selon un rapport de la JIRShttps://t.co/NxiZxE0Zb3 pic.twitter.com/GIPNKoIS7R
— Cullettività di Corsica - Collectivité de Corse (@IsulaCorsica) October 23, 2021
La collectivité souligne également l'importance de ces éléments pour la préparation d'une session spéciale de l'Assemblée de Corse dédiée exclusivement à la dérive mafieuse, évoquée depuis deux ans au lendemain de l'assassinat de Massimu Susini. Cette session reportée officiellement à cause du Covid pourrait finalement se tenir dans les prochains mois.