Lors d'une conférence de presse organisée samedi 27 avril à Corte, le Cullittivu Parlemu Corsu a présenté dix projets ayant pour objectif "d'irriguer la société avec la langue corse". Des axes qui concernent différents secteurs comme l'économie, l'intelligence artificielle ou encore le patrimoine. Président du collectif, Micheli Leccia a également confirmé la participation de Parlemu Corsu au passage de la flamme olympique dans l'île, le 14 mai prochain. Entretien.
La coofficialité de la langue corse n’apparaît pas dans la proposition d’écriture constitutionnelle adoptée concernant le projet d’autonomie de la Corse. N'y a-t-il pas une déception à ce sujet du côté de Parlemu Corsu ?
Nous ne sommes pas déçus, dans le sens où on s’y attendait. Après, nous nous sommes toujours battus pour la coofficialité. On se battra à nouveau car si nous la demandons, c'est parce que l’on pense qu'il est nécessaire de mettre en place une politique ambitieuse qui a besoin de beaucoup de moyens. Il est nécessaire de donner un cadre juridique à la langue corse et d’encourager justement toutes les collectivités à pouvoir se sentir en confiance et faire quelque chose d'ambitieux.
Néanmoins, ce n'est pas parce qu’il n’y a pas la coofficialité qu'il faut rester les bras croisés. Déjà, on espère que dans ce statut, il y aura quelque chose qui sera mis en place pour malgré tout donner plus de moyens à la langue corse, notamment sa généralisation dans l'éducation ; il n’y a pas besoin de coofficialité pour cela. C'est pour cela que nous lançons ces dix projets : il faut occuper l'espace, montrer que la langue corse on l'entend et faire qu’on la voie le plus possible. C’est ce que nous essayons de faire avec le Cullittivu en proposant ces dix projets.
Currilingua, Fieralingua, Rubutiscola, Nutr'IA... Afin de valoriser l'usage et l'apprentissage de la langue corse, le Cullittivu propose dix axes. Certains sont déjà en application, d’autres restent à concrétiser. Quels sont les principaux projets que vous souhaitez développer ?
Dix, ça fait beaucoup. Il y a la course A Currilingua que l’on ne présente plus. C’est un projet important qui va nous permettre de financer ce que l'on met en place, même si on continuera d'aider d'autres associations et initiatives qui nous paraissent importantes. Il y a le projet Fieralingua qu'on a déjà fait à titre d'exemple, mais qu'on veut rendre pérenne. C'est ça l'idée. Et grâce à ces foires, on va toucher des milliers de personnes. La conséquence de ces efforts, c'est la mise en place d'une formation spécifique pour tous les animateurs qui parlent à des micros ou devant un public. Là aussi, c'est donc un autre projet qui s'appelle furmAnimà qu'on met en place.
Ensuite, il y a d'autres projets qui touchent des domaines très variés : la robotique, l'intelligence artificielle. On a notamment un projet qui consiste à collecter assez d'informations, qu'elles soient manuscrites ou orales, pour avoir une base qui permettra demain à des personnes qui sont en capacité - il existe déjà des intelligences artificielles - de nous répondre quand on communique avec elles mais en langue corse, avec de la qualité, comme si vous aviez un véritable interlocuteur corsophone en face de vous.
En portant la flamme, nous espérons attirer l'attention sur le fait que l’on ne demande rien d'autre de plus que le respect de notre langue.
Micheli Leccia
L’objectif de ces projets est de faire perdurer la langue mais au-delà, c’est son apprentissage que vous souhaitez développer avant tout ?
Bien sûr ! L’objectif est de motiver les gens, créer une dynamique et montrer que la langue corse existe et est bien réelle, elle est bien réelle, elle est là. Ce n'est pas normal que les gens ne puissent pas dans la rue “tomber” sur la langue corse, que ce soit au niveau de l'écriture et au niveau du son. Ce que nous voulons, c’est recréer un équilibre. Ce n’est pas ça qui va permettre de convaincre que tous les gens la parlent, mais cela va donner une motivation et cela va être une véritable irrigation parce qu’on touche les anciens, les jeunes. Ce qui est traditionnel, ce qui est moderne. Il faut donc essayer de faire en sorte que les gens, réellement, ne soient plus étrangers à la langue corse.
Le Cullittivu a également été choisi pour porter la flamme olympique lors de son passage en Corse, le 14 mai prochain. Quelles valeurs souhaitez-vous véhiculer à travers ce moment-là ?
La raison pour laquelle nous avons été choisis, c'est parce qu'on s'investit pour notre pays et parce qu’on défend une cause. C'est ce pourquoi nous sommes engagés ; on se reconnaît tout à fait dans ça. Nous en sommes fiers. Nous sommes fiers aussi de partager les valeurs de l'olympisme : le respect, le partage... En portant la flamme, nous espérons attirer l'attention sur le fait que l’on ne demande rien d'autre de plus que le respect de notre langue, de notre culture. Et on continuera à se battre pour ça. En tout cas, nous partageons ces valeurs. Et c'est avec fierté que l'on participe à un événement qui a une dimension internationale, et dont on sait que l'héritage est très ancien.
L'entretien de Micheli Leccia réalisé par Sybille Broomberg et Anna Péron :
Les dix projets portés par Parlemu Corsu :
- Fieralingua
- FurmÀnima
- Rubutiscola
- Nutr'IA
- Idial' mondu
- Furmalonga
- In cima
- Chì si faci ?
- Pulinimìa
- A Currilingua