Les confinements liés à la crise du coronavirus ont directement impacté la vie étudiante. En plus des cours à distance, toute leur vie doit être repensée. Louise, Marc-Antoine et Elisia, étudiants à l'université de Corse, témoignent.
Des amphithéâtres bondés, des pauses café entre amis, quelques soirées, des séances de travail collectif dans un appartement. Louise a 20 ans et c'est l'image qu'elle se faisait de la vie universitaire il y a un peu plus d'un an.
Entrée à l'université de Corse, en première année de médecine, à la rentrée 2019-2020, ses premiers mois se déroulent comme dans ses rêves. "Même si mes études ne me permettent pas de sortir beaucoup, on avait pris l'habitude avec quelques amis de faire du sport une fois par semaine", se souvient-elle. Son objectif : devenir médecin-urgentiste.
Mais en mars, la pandémie de Coronavirus touche la Corse. Le 7 mars, une semaine avant le reste des établissements supérieurs, l'université de Corse ferme ses portes. "Un cluster avait été déclaré à Ajaccio, pour éviter que le virus ne se propage à Corte et dans l'université par des étudiants ajacciens, nous avons fait le choix d'une fermeture immédiate", détaille Dominique Federici, président de l'université de Corse.Un cluster avait été déclaré à Ajaccio, pour éviter que le virus ne se propage à Corte, nous avons fait le choix d'une fermeture immédiate.
Deux jours plus tard, les cours à distance sont mis en place. D'abord uniquement via la plateforme en ligne dont dispose l'université, qui permet notamment d'échanger des polycopiés, complété quelques semaines plus tard par l'accès au cours en visioconférence.
"J'étais très frustrée, j'avais besoin de plus d'explications"
Un système mal organisé selon certains étudiants. "Les cours à distance n'ont pas été organisés, on travaillait seulement sur des polycopiés. Si on avait des questions, on devait les envoyer à une personne qui se chargeait ensuite de les transmettre aux professeurs ", regrette Louise.Marc-Antoine, étudiant en troisième année d'information-communication, dénonce une absence de suivi pédagogique. "Certains professeurs se sont contentés de nous faire des contrôles pour avoir des notes et tant pis pour les cours", lance-t-il.
Le jeune homme, qui a réussi à obtenir des cours grâce à des amis suivant la même filière que lui à Paris n'a pas été impacté. "J'ai travaillé de mon côté et finalement, j'ai eu 15 de moyenne", complète-t-il. Louise, elle, a raté son année. "J'ai été très frustrée, j'avais besoin de plus d'explications", regrette-t-elle.
Nouveau système de visioconférence
Pour ce second confinement, décrété le 28 octobre dernier par Emmanuel Macron, l'établissement a investi dans un système de visioconférence supplémentaire, d'un coût compris entre 20.000 et 30.000 euros.Un changement que les étudiants ont tout de suite remarqué. "J'avais préparé un mail, au cas où ça se passe pareil, pour expliquer que ce n'était pas normal. Mais curieusement, pendant ce second confinement, il y a un vrai suivi pédagogique, je n'ai rien eu besoin d'envoyer", raconte Marc-Antoine.
Là, c'est beaucoup mieux. Les horaires des cours en visioconférence sont respectés, on peut directement poser nos questions aux professeurs
Une impression que partage Louise, qui a pu redoubler sa première année de médecine. Par peur de revivre le même confinement qu'au printemps dernier, la jeune femme s'est "précipitée" à la bibliothèque universitaire pour emprunter les libres dont elle aurait besoin en distanciel. "Là, c'est beaucoup mieux. Les horaires des cours en visioconférence sont respectés, on peut directement poser nos questions aux professeurs", précise l'étudiante qui s'astreint à une discipline quasi-militaire pour être sûre de réussir son année.
Ainsi, elle se lève tous les matins à 6 heures, commence par étudier les matières scientifiques, puis passe au "par cœur", pour finir ses journées entre 23 heures et minuit. "Je m'accorde une heure par jour pour faire du sport, et le dimanche, je finis mes journées à 16 heures pour prendre du temps pour moi. Parfois, j'attends ce jour avec impatience", rit Louise.
Plus de 60 ordinateurs prêtés aux étudiants
Pour répondre au mieux à la précarité numérique que rencontrent certains étudiants, l'université de Corse a également acheté des ordinateurs qu'elle leur prête. "Nous en avions une soixantaine lors du premier confinement, et nous venons d'en recevoir 28, de mécènes, qu'ils nous faut reconfigurer", détaille Dominique Federici. Des prêts de matériels informatiques complétés par des bons alimentaires pour aider les étudiants à l'achat de nourriture. "Que les étudiants qui rencontrent des difficultés se manifestent", martèle-t-il.Car, parfois, certains d'entre eux ignorent l'existence de ces aides. Elisia est en troisième année de Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives), elle a dû investir dans l'achat d'un nouvel ordinateur et a également dû faire évoluer son forfait de téléphone portable afin de pouvoir suivre les cours à distance le mieux possible. "Je ne sais pas si on peut bénéficier d'aides. Ce qui est sûr c'est que l'ordinateur m'a coûté 700 euros et je paye 40 euros de forfait en plus chaque mois. Ce sont des dépenses que je n'aurais pas dû faire s'il n'y avait pas eu de confinement. Heureusement que ma mère est là et qu'elle m'aide", explique la jeune femme.Conférence de presse ▶ @sulidaria offre 28 ordinateurs aux étudiants d'#UnivCorsica pic.twitter.com/flQUkWS6wj
— Université de Corse (@UnivCorse) November 4, 2020
Ce sont des dépenses que je n'aurais pas dû faire s'il n'y avait pas eu de confinement.
"Je ne peux pas m'entraîner"
Un autre problème de taille se pose à Elisia. Elle ne peut pas s'entraîner. "Je vis loin des complexes sportifs, et même si nous avons une dérogation pour pratiquer une activité sportive, ce n'est pas suffisant". En décembre prochain, elle doit passer un examen avec des performances à atteindre.La solution viendra peut-être de l'université. L'établissement étudie la possibilité de dérogations pour que les élèves puissent se rendre, en présentiel, à quelques cours. "Cela concernera les apprentissages qui ne peuvent pas se faire à distance comme par exemple les TP de biologie ou certains cours d'art", reprend Dominique Federici qui précise que dès lundi la bibliothèque universitaire fonctionnera en drive.
Des décisions évolutives qui seront mises en place en fonction de l'évolution du Covid. "Le maître-mot durant cette période, c'est l'adaptabilité. Le plus important pour nous, c'est la santé de nos étudiants et de nos personnels", complète-t-il. Quant aux examens, le président de l'université évoque la possibilité de neutraliser des enseignements, tout en "veillant à ne pas dévaluer le diplôme".
Prochaine étape pour Dominique Federici : le point d'étape du gouvernement prévu le 12 novembre prochain. Le président de l'université de Corse sait d'ores et déjà qu'il faudra, une nouvelle fois, s'adapter.