Covid19 et vaccin en Corse : les inquiétudes du préfet Lelarge sont-elles fondées ?

La conférence de presse du samedi 24 avril a surpris tout le monde. Sur le ton de la réprimande, le préfet de région a tiré un bilan de la situation sanitaire en Corse beaucoup moins encourageant que ce que les chiffres laissaient penser. Nous avons voulu comprendre les raisons de ce recadrage.

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C'est un peu la même sensation que celle d'être menacé de redoublement avec 17 de moyenne générale.
La prise de parole du préfet Lelarge, samedi 24 avril, a fait figure de douche froide pour les Corses, salués par la France entière en matière de lutte contre l'épidémie.

Un ton sévère

Depuis le début de la crise sanitaire, en mars 2020, la vérité du jour n'est que rarement celle du lendemain. Mais un préfet de région qui tape sur les doigts des Corses, dénonçant un comportement inapproprié, et "des pratiques régionales qui ne sont pas bonnes", trois semaines après qu'une ministre de la république ait salué "l'engagement de la Corse, championne de France de la vaccination", c'est à n'y rien comprendre. 

30 % de vaccinés sur l'île, c'est rien.

Pascal Lelarge

Nous nous sommes penché, point par point, sur les griefs de Pascal Lelarge, qui maniant la carotte et le bâton, n'a pas hésité à menacer la Corse d'un possible report de l'ouverture des terrasses, prévu initialement à la mi-mai, si elle ne faisait pas des efforts : 

  • Un nombre de vaccinés insuffisant ?
    Le préfet a déclaré, au cours du point presse, que "30 % de vaccinés sur l'île, c'est rien". Les scientifiques du monde entier martèlent depuis des mois que le seul moyen de se sortir de cette pandémie mondiale est de vacciner le plus de monde possible, pour atteindre une immunité collective, et l'Organisation mondiale de la santé a elle même villipendé la "lenteur inacceptable" de la vaccination en Europe.

    Alors on peut comprendre la déception de monsieur Lelarge. Certes, 30 %, ce n'est pas 80 %, ou 99 %. Mais comparé au reste de la France, qui, au moment de la conférence de presse, peine à franchir le seuil des 20 %, le score de la Corse n'est pourtant pas si mauvais..

  • Un taux d'incidence trop élevé ?
    "Je ne comprends pas que dans le Finistère, le taux d'incidence soit à 80, tandis que nous sommes toujours à 170. Pourquoi les Corses sont-ils différents des Bretons ? Le Finistère, c'est une presqu'île, ça devrait donc être encore mieux ici. Or, ce n'est pas le cas." 

    Pourtant, selon l'adage populaire, comparaison n'est pas raison. On pourrait aussi se demander pourquoi les Corses sont-ils différents du reste de la France, qui affiche un taux d'incidence de 301,6...
     

    L'ARS explique que le problème est avant tout que ce taux d'incidence n'a pas décroché. Si le chiffre est inférieur à celui qui est constaté dans la plupart des autres régions du pays, il reste encore très supérieur au taux d'alerte, qui est de 50.

    Et l'Agence Régionale de la Santé espérait que les bons chiffres de la vaccination, et l'insularité, permettent de s'en approcher plus rapidement. C'est également, on suppose, l'essence du message préfectoral. 

    Les derniers chiffres, publiés juste après la conférence de presse, les rassureront peut-être. Le dernier numéro de Veille-Hebdo, le bulletin épidémiologique de Santé Publique France, font état d'une amélioration certaine. Durant la semaine du 19 au 25 avril, le taux d'incidence régional est passé de 170 à 138. Il a enregistré une baisse conséquente de 19 %. (- 23 % en Corse-du-Sud et - 15 % en Haute-Corse...)

 

 

 

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  • ​​​​​​​​​​​​​​Des personnes âgées plus récalcitrantes aux vaccins ?

    65 % des plus de 75 ans vaccinés en Corse. Un chiffre qui n'est "pas normal" pour Pascal Lelarge. Dans le domaine, c'est vrai, la Corse ne fait pas vraiment la course en tête. Sur l'ensemble du pays, le chiffre s'élèverait à près de 75 %...

    Depuis quelques semaines, les initiatives des municipalités et de l'ARS se multiplient pour inciter les plus âgés à se faire injecter Pfizer, Moderna ou AstraZeneca. 

 

 

 

 

 

 

Le fond, et la forme

Du côté de l'ARS, qui a participé à cette conférence de presse par l'intermédiaire de Marie-Hélène Lecenne, sa directrice, on revient sur les raisons de ce rendez-vous.

"Il y a des chiffres qui sont bons, mais pour autant, les inquiétudes demeurent, et elles reposent en grande partie sur les capacités en lits de réanimation sur l'île. Malgré la campagne de vaccination, le taux d'incidence, tout comme l'apparition de nouveaux variants, ne nous permettent pas de lever le plan blanc régional et la déprogrammation ciblée, notamment à Ajaccio". 

En clair, pas question de se laisser gagner par l'euphorie des bons chiffres de la vaccination. Il y a de nombreux autres paramètres à surveiller. 

 

 

 

 

 

 

L'ARS et le préfet de Corse le rappellent : le Covid n'est pas derrière nous. Et il faut éviter à tout prix que les insulaires aient cette impression, à l'approche des beaux jours, de l'assouplissement des règles sanitaires, et de l'arrivée des premiers vacanciers. 

Sous peine d'une énième vague. 

Le message de Pascal Lelarge était délivré de manière plutôt abrupte. Et peut en avoir désarçonné, voire irrité quelques-uns. 

Mais il a le mérite de tirer la sonnette d'alarme, au moment où la tentation de relâcher notre vigilance est grande. 

 

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