Les déchets se réinvitent à l'Assemblée de Corse. Le nouveau plan territorial de prévention et de gestion des déchets est présenté le 28 avril aux élus. En 2021, une première version avait été adoptée, mais jugée non-recevable par le préfet.
C'est un épineux dossier qui s'invite, une fois de plus, à la table des débats : le projet de plan territorial de prévention et de gestion des déchets (PRPGD) sera présenté lors de la session ordinaire qui s'ouvre jeudi 28 avril à l'Assemblée de Corse. En février de l'an dernier, un plan avait déjà été examiné par les élus, et avait mis au jour de vives dissensions entre les groupes d'opposition, - dénonçant notamment "un manque de solutions concrètes" et des scénarios trop peu approfondis -, et la majorité territoriale.
Le projet avait néanmoins été approuvé le 26 février 2021. Puis retoqué en juillet par la préfecture de Corse.
Dans un courrier, Pascal Lelarge, alors préfet, regrette que le projet transmis "n’intègre pas l’ensemble des observations formulées" précédemment par l’Etat [en octobre 2020, lors d’une première présentation à la commission consultative, ndlr], "n’apporte pas de solutions à court terme sur le traitement des déchets ménagers et assimilés", et manque d’une analyse économique qui "évalue les conséquences pour les ménages intégrant notamment l’évolution programmée de la taxe générale sur les activités polluantes".
Des observations, dresse le nouveau rapport du conseil exécutif de Corse, qui "tant sur le fond que sur la forme, étaient de nature à fragiliser le futur plan, y compris dans la perspective d’un éventuel contentieux".
"Un enjeu majeur pour la Corse et les Corses"
Ce nouveau projet de plan a donc été amendé, corrigé, de façon à devenir "strictement conforme aux dispositions réglementaires en vigueur et en capacité de proposer des dynamiques opérationnelles efficientes afin de répondre à un enjeu majeur pour la Corse et les Corses".
Parmi les objectifs cette fois retenus, limiter l’envoi de déchets aux centres d’enfouissement existants : deux structures privées, l’une en Corse-du-Sud, à Viggianello, et l’autre en Haute-Corse, à Prunelli-di-Fiumorbu. "En terme de déchets, celui qu’on ne produit pas, c’est celui qui est le plus vertueux", philosophait il y a deux semaines Guy Armanet, président de l’Office de l’environnement de Corse, à l’occasion de la présentation d’un composteur électromécanique au centre pénitentiaire de Borgo. "Nous sommes obligés de constater qu’en terme de biodéchets, certaines collectivités en produisent beaucoup. Et aujourd’hui, il est inacceptable que cela traverse la Corse."
Alors, c’est justement avec ce type d’installation que l’OEC entend réduire la masse totale de déchets enfouis. À Borgo, l’ambition est ainsi de passer de 120 tonnes produites et enfouies annuellement à Viggianello à 6 tonnes seulement.
Le spectre d'une hausse continue du tonnage annuel de déchets
Autre point souligné par le rapport de cette nouvelle version du PRPGD : les ordures ménagères, qui restent le plus gros poste à traiter. Seules 26% sont aujourd’hui triées et valorisées.
Le Conseil exécutif souhaite passer à 70% ce total. Et le temps se fait de plus en plus pressant : toujours selon ce rapport, si le nouveau plan n’était pas appliqué, la Corse devra composer avec 1.236.000 tonnes de déchets en 2027, et 112.000 tonnes de plus en 2033. Soit une hausse de 27% en 12 ans.
Des chiffres pour rappeler l’urgence absolue de l’enjeu, pour une île qui rencontre déjà et depuis maintenant des années des difficultés à absorber l’ensemble des ordures produites.