La session de l'Assemblée de Corse des 25 et 26 février est marquée par de nombreux dossiers. Parmi eux : la délégation du service public de transport pour le maritime du 1er mars 2021 au 31 décembre 2022 et la présentation du plan territorial de prévention et de gestion des déchets.
Deux jours qui s'annoncent mouvementés. Du 25 au 26 février, se tient une session de l'Assemblée de Corse lors de laquelle des dossiers très attendus vont être débattus. Le contexte est éminemment politique, les élections territoriales se tiendront en juin prochain.
Parmi les sujets programmés : le rapport sur la Délégation du service public de transport relative à l'exploitation du transport maritime de marchandises et de passagers au titre de la continuité territoriale entre les ports de Corse et le port de Marseille pour la période du 1er mars 2021 au 31 décembre 2022 ou encore le rapport sur le plan territorial de prévention et de gestion des déchets et de l'économie circulaire.
Première passe d'armes
Jeudi, lors des questions orales, une première passe d'armes s'est jouée entre Jean-Martin Mondoloni, président du groupe "Per l'Avvene", et le président du conseil exécutif, Gilles Simeoni, au sujet de l'exploitation d'un terrain appartenant à la collectivité de Corse sur l'île de Cavallo et de l'organisation des travaux de l'Assemblée de Corse.
Retrouvez les échanges dans la vidéo ci-dessous :
Intrusion à la préfecture d'Ajaccio
En fin de matinée, jeudi, Hyacinthe Vanni, président du groupe Femu a Corsica, est revenu sur l'intrusion au sein de la préfecture d'Ajaccio lundi. À cette date, une quinzaine de jeunes militants nationalistes ont réclamé la levée du statut de DPS [détenu particulièrement surveillé] pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi avant de se faire expulser par les forces de l'ordre. Cinq manifestants ont été blessés.
Dans sa prise de parole, le président du groupe Femu a Corsica déclare : "nous condamnons ces violences policières et nous n'accepterons pas que des jeunes corses entrés dans nos locaux de manière pacifique se fassent matraquer". Il estime que cet événement peut "conduire à des situations de violences" et croit en "une reprise du dialogue afin d'aboutir à une solution conforme au droit sur la situation des prisonniers et au-delà."
Il demande la nature des échanges entre le préfet de Corse et le président du conseil exécutif à ce sujet et quels moyens compte mettre en œuvre Gilles Simeoni "pour lutter contre cette répression et au-delà pour faire respecter les droits des Corses.
Dans sa réponse, le président du conseil exécutif évoque que "cette Assemblée a voté à l'unanimité pour que le droit soit appliqué et si le droit est appliqué, le statut de DPS sera levé." Il rappelle que "le président de la République, lorsqu'il était candidat, a pris des engagements avec les familles de ces condamnés et avec les associations qui les soutiennent."
Gilles Simeoni conclut : "feindre de croire que ces garçons et ces filles prennent leurs instructions auprès de partis politiques de la majorité nationaliste ou des élus nationalistes, c'est se tromper totalement." Des critiques avancées par des présidents de groupes de l'opposition le jour même de l'intrusion au sein de la préfecture.
Des échanges à retrouver dans la vidéo ci-dessous :
Rapport sur la DSP maritime adoptée
Avec 52 voix pour et 11 abstentions, le rapport sur la délégation du service public (DSP) de tranport relative à l'exploitation du transport maritime de marchandises et de passagers au titre de la continuité territoriale entre les ports de Corse et le port de Marseille pour la période du 1er mars 2021 au 31 décembre 2022 a été adopté.
Lire la rapport sur la DSP maritime en intégralité
Les offres pour la DSP transitoire assurant la continuité territoriale entre les cinq ports de Corse et le continent ont été déposées entre le 11 et le 14 décembre. La mise en place de cette DSP transitoire résulte du report de la SEMop (Société d'économie mixte à opération unique ) pour 2025.
Censé voir le jour dès le 1er janvier 2021, ce partenariat public-privé devait permettre de créer une compagnie maritime régionale assurant la desserte des cinq ports de Corse depuis Marseille pendant sept ans. La suspension de ce projet par l’Assemblée de Corse a été justifié par le "contexte de crise sanitaire" qui "modifie le besoin de service public" et rend l'offre du partenaire unique inadéquate.
L'opposition dénonce un plan déchets "sans avancée et sans décision"
Les débats autour du plan territorial de prévention et de gestion des déchets dont le rapport a été présenté, vendredi, à l'Assemblée de Corse, étaient très attendus.
Soutenu par le président de l'office de l'environnement, François Sargentini, son étude a été décalée d'un mois, le plan a entrainé des échanges vifs avec l'opposition. Ainsi,
François Sargentini insiste sur la possible arrivée d'une "grande crise [des déchets], supérieure à celles que nous avons connues jusqu'à présent", le président de l'office de l'environnement appelle de ses vœux "à ne pas rester dans les approximations" quant à leur gestion.
Il plaide pour un objectif de 90.000 tonnes de déchets inertes à stocker par an. Pour atteindre ce but, le conseil exécutif mise en particulier sur la généralisation du tri à la source et l'installation de centres de sur tri.
Un chiffre et des procédés que les différents groupes d'opposition jugent inatteignables. Marie-Thérèse Mariotti, membre du groupe "Per l'Avvene", parle ainsi "d'une étude plus que d'un plan". "Le problème, c'est qu'il n'y a ni choix, ni tonnage, ni calendrier." La conseillère territoriale parle "d'objectifs de tri irréalistes". Selon Marie-Thérèse Mariotti, ce document "prouve l'incapacité [de la majorité territoriale] de prendre des décisions, il n'y a pas ou d'avancées depuis 2016-2018, et cela prouve votre incapacité à produire un plan."
Un manque d'avancée que François-Xavier Ceccoli, conseiller territorial "La Corse dans la République", regrette également. Il souligne "la fragilité des pistes évoquées" et déplore "un manque de solutions concrètes."
Jean-Charles Orsucci, président du groupe "Andà per dumane", annonce d'ores et déjà que son groupe votera contre le rapport. "Nous considérons que ce dossier est le dossier emblématique sur lequel vous avez échoué", lance-t-il à la majorité territoriale. Comme les deux précédents conseillers territoriaux, il décrit "un plan qui n'arrête aucun scénario". Jean-Charles Orsucci appuie sur le surcoût que représente la gestion des déchets pour la population dans une région décrite comme la plus pauvre de France. "Ce surcoût représente 50 millions d'euros par an en plus que sur le continent, déclare-t-il. Ce plan ne décide rien pour réduire ce coût."