Ces dernières semaines, les rapports entre le gouvernement et les élus corses ont oscillé entre espoir et déception. La majorité nationaliste dit souhaiter l'ouverture d'un dialogue, mais estime que les signaux renvoyés par Matignon ne sont pas favorables.
L'autonomie de plein droit et de plein exercice. C'est l'engagement pris par « Un paese da fà » durant la campagne. Forts des 56,4% obtenus aux territoriales, les nationalistes attendent du gouvernement des signaux positifs. Le silence qui a suivi les législatives a surpris.
Mais en ce 5 janvier, Jacqueline Gourault se fait le messager de Paris. Dans les valises de la toute nouvelle Madame Corse, l'opportunité d'une réforme constitutionnelle. « Il faut être capable d’adapter les lois à la réalité des territoires. […] Nous avons une réforme constitutionnelle, que nous allons faire un droit à la différenciation », indique-t-elle alors.
La lucarne est étroite mais la possibilité de dialoguer semble bien ouverte. Si le gouvernement se montre constructif sur les moyens de la collectivité unique, c'est bien la question politique qui est jugée primordiale.
Mais les prises de positions ultérieures de Madame corse vont vites être interprétées comme des signes de fermeture ou de méconnaissance du dossier. Ainsi de cette déclaration où la question de l'aménagement de la loi littorale est posée afin de pouvoir construire davantage.
De plus, à y regarder de plus près, le propos tenu à Ajaccio a pu paraitre infantilisant. « Il y a les interdits, vous savez c’est comme quand on éduque un enfant il faut faire de la pédagogie. On ne commence pas par lui dire ‘ça c’est interdit’ », explique-t-elle aux micros des médias nationaux.
Déception
Malgré tout, c'est avec un réel espoir que Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni se rendent à Matignon le 22 janvier. Outre le Premier ministre, Gérard Collomb et Jacqueline Gourault participent à la rencontre. Après deux heures d'entretien, le cœur n'y est pas mais élus se refusent encore à avouer leur déception. C'est peut-être Emmanuel Macron qui ouvrira la porte.
Le voyage se poursuit le lendemain aux vœux des présidents de région de France. C'est l'occasion de plusieurs entrevues, comme ici avec le conseiller Pierre Ferracci ou encore avec la ministre de la culture Françoise Nyssen. L'après-midi au sénat, Gérard Larcher va fixer des limites aux réformes attendues.
La Corse serait alignée sur le régime commun qui sera proposé à toutes les régions. L'heure est à la mobilisation générale.
Cette rupture potentielle dans les nouvelles relations avec l'Elysée et Matignon n'a pas manqué de provoquer des réactions. Depuis de nouveaux signes d'apaisement ont été renvoyés. Promise par « Un paese da fà », l'autonomie ne pourrait être accordée que par Emmanuel Macron. De quoi pimenter la rencontre entre les deux présidents