Le 29 octobre dernier, l’Espagne a été touchée par des inondations. Un dernier bilan évoque 211 morts. Veronica, professeur au lycée Montesoro à Bastia, était à Valence au moment des faits. Elle raconte.
Quatre jours après les inondations qui ont touché l’Espagne, le nombre de morts ne cesse d’augmenter. Un dernier bilan, publié ce samedi 2 novembre, évoque au moins 211 victimes.
Pour venir en aide aux sinistrés, le gouvernement espagnol a annoncé l’envoi de 10.000 soldats et policiers supplémentaires dans le sud-est du pays particulièrement touché.
C’est à Valence que se concentre le plus grand nombre de victimes, 204, et de dégâts. Veronica, professeur au lycée de Montesoro à Bastia, y séjournait au moment des faits. Elle répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.
Vous étiez sur place au moment des inondations. Que s’est-il passé ?
J’habite en Corse et j’étais dans ma famille à Valence. On était en vacances parce que toute ma famille y habite. Mardi après-midi, on rendait visite à des amis, et à 20 heures une alarme a sonné.
Elle n’était pas très claire et disait simplement d’éviter de se déplacer parce qu’il y avait un risque rouge lié aux orages. On était à 10 minutes de la maison et il ne pleuvait pas à Valence, mais on est quand même rentré.
La rivière avait déjà débordé, des gens se noyaient, et on ne savait rien. De fait, on a risqué beaucoup parce qu’on a décidé de prendre une route où il n’y avait pas d’eau. Si on était parti de l’autre côté, en empruntant une autre route, on se serait retrouvé dans la catastrophe. Et on ne savait absolument rien.
Une fois chez nous, on a écouté la radio toute la nuit. Le matin, à 7 heures, il y a eu une nouvelle alarme qui nous disait de rester à la maison, ce qu’on a fait, pour permettre aux autorités de faire leur travail.
Mais la vérité, c’est que la police et les pompiers de Valence ainsi que les soldats qu’ils ont été envoyés, n’étaient pas assez nombreux face à l’ampleur de la catastrophe. On a commencé à recevoir des appels d’amis qui étaient sans eau, sans nourriture et sans électricité.
Le mercredi soir, les particuliers ont commencé à s’organiser. Notre quartier n’était pas touché, donc on est allé jusqu’à notre paroisse où tout le monde était déjà en train de s’organiser par groupes de travail. Le soir on est allé à la rencontre des victimes pour ramener de l’eau, du matériel et commencer à les aider. On a fait la même chose le lendemain. On voyait que les autorités n’avaient pas suffisamment de force pour aider les personnes touchées.
Là, on est parti de Valence parce que l’on doit reprendre le travail lundi avec le cœur brisé. Il y a beaucoup de souffrance, beaucoup de morts. Beaucoup de personnes se sont retrouvées bloquées dans les parkings, donc il doit y avoir beaucoup plus de morts que ce que l’on sait pour le moment. Beaucoup de maisons et de routes sont encore bloquées par les décombres, ce sont des endroits où on ne sait pas si les personnes sont encore vivantes ou mortes.
Comment vous sentez-vous ?
Je suis très touchée. C’est impossible d’exprimer ce que je ressens. On voit les images, mais quand on y est ça ressemble à l’apocalypse, la fin du monde. C’est indescriptible. On n'avait jamais vu une chose pareille.
Je pense surtout aux frères morts dans ces circonstances et ça me brise le cœur. On est vraiment très très touché. Il y a beaucoup de familles qui souffrent en ce moment et c’est très difficile d’amener l’aide parce que beaucoup de routes sont encore bloquées et puis la zone touchée est grande. J’ai le cœur brisé.
Quels sont les besoins sur place ?
Il y a beaucoup de besoins. Il manque, par exemple, les pompes pour extraire l’eau des parkings et des maisons. Il manque les grues pour enlever les voitures empilées et qui bloquent les rues et les maisons.
Il manque aussi de l’eau, de la nourriture. Il y aussi besoin de personnes qui viennent aider à nettoyer et enlever tout ce que l’eau a amené dans la rue. On a aussi peur d’une crise sanitaire. Quatre jours après, il y a encore des morts dans les maisons, les garages...
Je suis en contact avec des professeurs de l’université de Corse pour voir si l’on peut organiser quelque chose pour aider le peuple valencien. On ne sait pas encore si ça prendre la forme d’un envoi d’argent ou de matériel. Les besoins changent toutes les heures.