Les élections territoriales se tiendront les 20 et 27 juin prochains. Afin de mieux en appréhender les enjeux, France 3 Corse ViaStella vous propose des dossiers thématiques. Episode 4: l'environnement.
Dans le cadre des élections territoriales de juin prochain, la future majorité territoriale aura pour tâche de gérer le patrimoine environnemental de Corse grâce à des outils réglementaires déjà existants, et devra renforcer certains secteurs.
C’est l’Office de l’Environnement de la Corse, office parabolique de la Collectivité de Corse (CdC), qui conduit la mise en œuvre de la politique régionale environnementale. Celle-ci se compose de la protection et la gestion des espaces et des équilibres naturels, la protection et la gestion des espèces végétales et animales insulaires et endémiques, la lutte contre les pollutions ou encore la prévention contre les incendies. Des domaines dont la surveillance et la gestion doivent être renforcées à cause des changements climatiques.
Si elle n’a pas toutes les compétences nécessaires, La CdC peut s’appuyer sur ses partenaires régionaux, nationaux et européens à l’image du Parc Naturel et Régional de Corse, la DREAL et les réseaux européens Natura 2000 par exemple.
L’urbanisme, un dossier toujours pas réglé
Sujet depuis plusieurs années à discussions et toujours pas pleinement adopté par la Collectivité de Corse, le PADDUC est l’outil d’aménagement urbanistique à l’échelle de la Corse. Souvent retoqué à cause d’une cartographie contestée, la prochaine majorité territoriale aura fort à faire dans tous les cas. L’entente et la coordination avec les communes et leurs Plans Locaux d’Urbanisme, la conformité avec les Espaces Stratégiques Agricoles qui ont entrainé une nouvelle modification en novembre 2020, sont des dossiers prioritaires.
Qui dit PADDUC dit aussi maîtrise de l’urbanisation. En 40 ans, le parc de logements a augmenté de 56% en Corse, occasionnant ainsi une dénaturation de l’environnement. Des outils existent pourtant, comme la Loi littoral ou la Loi montagne, outils qu’il faudra s’approprier.
La protection de la faune et de la flore
Au niveau environnemental, une centaine de sites est soumise à la réglementation Natura 2000 dans l’île. Quasiment 90 sur terre, une vingtaine en mer qui couvrent 45% des eaux territoriales et 80% du linéaire côtier. L’objectif : contribuer à préserver la diversité biologique, les habitats naturels et les populations d’espèces de faune et de flore tout en tenant compte des exigences économiques, sociales et culturelles de chaque site.
L’Office de l’Environnement participe aux réunions des comités de pilotage des 89 sites Natura 2000 et contribue au déploiement du dispositif sur 19 sites. Les six réserves naturelles de Corse représentent 83 500 hectares et permettent de protéger par une réglementation spécifique des espaces naturels fragiles ou menacés.
L’air, l’eau, le feu
La faune, la flore mais aussi l'air font l'objet d'une surveillance. Pour ce dernier secteur, l’association Qualitair Corse joue un rôle prépondérant. En Corse, les niveaux de pollution de l’air sont globalement assez peu inquiétants sur l’ensemble de l’année, sauf en cas de pic de pollution aux particules fines venues du Sahara. A noter: l’an dernier pendant le premier confinement et à l’été avec la faible affluence de bateaux de croisière, les taux de pollution étaient plus bas qu’à l’accoutumée. Un enjeu à prendre en compte à court et moyen terme.
Début 2021 l’enneigement a atteint des records. Les niveaux d’eau au printemps étaient de 85% et devraient atteindre prochainement les 100%. De bon augure pour l’été à venir, pendant lequel l’étiage ne provoquera pas de sécheresse dans les cours d’eau.
Inversement, si des niveaux d’eau très élevés sont un bon présage, les inondations se font très fréquentes en Corse ces dernières années. La faute, sans doute, aux changements climatiques avec des épisodes pluvieux très intenses. Ainsi, la gestion des inondations est l’enjeu à maîtriser dans les années à venir, notamment sur le territoire ajaccien dont la proche périphérie est très souvent inondée. Grâce à la compétence GEMAPI des schémas de gestion sont mis en place par les communes et les Etablissements Publics de Coopération Intercommunale à l’image des plans de prévention et de protection contre les inondations, ou les plans de restauration et d’entretien des cours d’eau.
Dans la gestion de risques, il convient aussi de comprendre le risque d’incendie. Faible en été ces dernières années, c’est en hiver que les incendies se déclarent et prennent des ampleurs considérables, à l’image de l’incendie d’Olmeta di Tudda. Depuis 1974, en moyenne 9000 hectares brûlent chaque année.
Au début du mois de mai, le Service d’Incendie et de Secours de Corse-du-Sud s’est doté d’une nouvelle caserne à Pietrosella pour desservir la rive sud du golfe d’Ajaccio et gagner 20 minutes de temps d’intervention. En Haute-Corse le SIS et son école de formation peuvent désormais compter sur un simulateur d’intervention (canadair, intervention au sol) et d’un caisson pour s’entrainer sur des feux urbains ou de navires.
Dans le même temps, l’Université de Corse poursuit ses recherches sur la modélisation du comportement et impacts du feu, et sur le comportement au feu des végétaux notamment.
Les pollutions
La lutte contre les bactéries et les espèces invasives est un domaine à la charge de l’Office de l’Environnement et des services de l’Etat. Ainsi, la propagation de Xylella Fastidiosa a été stoppée en 2015 grâce à un arrêté préfectoral qui interdit d’importer en Corse toute plante hôte de cette même bactérie.
La pollution plastique est, contrairement à la Xylella Fastidiosa, d'origine anthropique. La France est le pays qui rejette le plus de plastique en Méditerranée, et celle-ci peut se retrouver en n'importe quel point de la Grande Bleue à cause des courants. C'est ainsi que l'an dernier, une importante accumulation de déchets plastiques a été retrouvée entre la Corse et la Sardaigne. Aujourd'hui des bateaux sont affrétés pour récupérer une partie de ces déchets, c'est le cas par exemple du Corsica Sea Cleaner. Une nouvelle donnée à appréhender pour le prochain Conseil Exécutif de Corse.
Les associations veillent au grain
Pour mettre défendre l'environnement en Corse, nombre d'associations se mobilisent régulièrement sur le terrain. À l'image d'U Levante, qui lutte depuis 1986 contre une urbanisation anarchique et oour protéger les espaces, ressources et habitats naturels, entre autres. On dénombre aussi le GARDE engagée plus spécifiquement sur la région ajaccien, ou Qualitair Corse pour la surveillance de la pollution de l'air et enfin Zeru Frazu qui lutte contre la pollution des déchets.
Nombreuses et volontaires, comme Tavignanu Vivu engagée dans la lutte contre l'installation d'un centre d'enfouissement à Ghjuncaghju, les associations entendent jouer un rôle important pendant la campagne des élections territoriales, et lors du prochain mandat, quelle que soit la future majorité territoriale.