Pendant la campagne des élections territoriales, France 3 Corse ViaStella vous propose une série de reportages en immersion sur le terrain avec les candidats. Quatrième épisode : un après-midi à Ajaccio, le 5 juin, avec l'équipe d' "Ecoligia Sulidaria".
Place Foch, Ajaccio, samedi 5 juin. Il est 15 heures, Anne-Marie Luciani, troisième de la liste Ecologia Sulidaria, s'inquiète. "Il fait chaud, je pense que les gens ont préféré aller à la plage que de se balader en ville. On risque de ne pas croiser grand monde", commente-t-elle.
Alors qu'elle sort les tracts de son sac à dos, la tête de liste, Agnès Simonpietri, des colistiers et des sympathisants, la rejoignent. Au total, ils sont sept à se préparer à arpenter les rues d'Ajaccio pour défendre leurs couleurs.
Jean-Jacques Canessa, en 44e position, éteint sa cigarette et récupère son petit paquet de prospectus. "Alors, ils nous donnent à combien ?", lance-t-il, rieur. "Entre 10 et 12 %", rétorque Anne-Marie. Silence. "C'est une blague Jean, pour le moment, on ne sait pas", reprend-elle face à l'incrédulité de son colistier.
Après une photo devant la mairie, le groupe se lance à l'assaut des principaux axes ajacciens. Le programme : Cours Napoléon et Rue Fesch.
"Elles pensaient que c'était des élections municipales"
Dans chaque boutique visitée, l'accueil est le même. Les gérants assurent qu'ils liront avec intérêt les propositions de la liste. "La campagne est un peu compliquée à cause du Covid. Elle est plus courte et se joue principalement sur les réseaux sociaux. Mais lorsque l'on est sur le terrain, on remarque une vraie prise de conscience. Par exemple, les gens se rendent compte que les catastrophes naturelles ne sont pas forcément naturelles et que bien souvent elles sont les conséquences d'une urbanisation trop forte notamment", estime Agnès Simonpietri.
À la terrasse d'un café, Anne-Marie s'approche de deux jeunes filles. Elle leur tend un tract. Une discussion s'engage. La colistière mise beaucoup sur la jeunesse pour les scrutins des 20 et 27 juin. Après quelques minutes, elle rejoint le groupe, le regard effaré. "Elles m'ont dit qu'elles étaient de Bastia, qu'elles n'étaient pas concernées par ces élections. Je leur ai expliqué le déroulé des territoriales, elles pensaient que nous faisions campagne pour des municipales. C'est inquiétant parce que ce n'est pas la première fois que des personnes d'une vingtaine d'années me font cette remarque", déplore-t-elle.
Échange de programmes
Sur le Cours Napoléon, la chaleur devient étouffante. Les représentants de la liste Ecologia Sulidaria changent de trottoir pour profiter de quelques instants à l'ombre. Un homme, pochette bleue à la main, tend un papier à Tony. Il résume les propositions du parti nationaliste Core in Fronte, également en lice aux futures élections territoriales. Étonné, Tony lui tend le sien en retour.
Les deux groupes rient. "Bon le vôtre, on le prend", lance un sympathisant de Core in Fronte. Par politesse et peut-être pour la photo, chacun étudie le programme de l'équipe adverse avant de reprendre leur marche. "On vous laisse profiter des arbres, on passe au soleil", sourient les militants nationalistes.
Une technique "infaillible"
Dans la rue Fesch, les sept s'accordent une pause devant le musée. L'occasion pour Tony de livrer sa technique "infaillible". "C'est simple, commence-t-il en buvant son eau gazeuse, j'entre dans un magasin et je dis : 'Vous avez une tête à aimer l'écologie'. Et ils me répondent toujours oui, là, je leur tends tout de suite mon papier et ils ne peuvent pas refuser."
J'ai vraiment l'impression de vivre quelque chose d'inédit. On a la chance d'être entouré de fortes personnalités qui défendent leurs convictions. Ça change de la poussière qui s'incrustait dans les partis traditionnels.
Les boissons terminées, le groupe reprend le chemin de la place Foch. "Je pourrais continuer toute la soirée, j'adore le terrain, s'amuse Anne-Marie qui accélère sa cadence de distribution. J'ai vraiment l'impression de vivre quelque chose d'inédit. On a la chance d'être entourés de fortes personnalités qui défendent leurs convictions. Ça change de la poussière qui s'incrustait dans les partis traditionnels." Anne-Marie Luciani connaît l'exercice, elle a été adjointe à la culture sous Simon Renucci à la mairie d'Ajaccio. En 2014, elle s'est lancée seule dans la course aux municipales à la tête d'une liste de gauche.
17 heures, le groupe des sept termine sa tournée. Tous sont attendus pour animer un débat public autour de la culture dans une librairie du centre-ville.