En campagne avec Laurent Marcangeli : "La Corse ne se fera pas avec une ville de Bastia ignorée et déclassée"

Pendant la campagne des élections territoriales nous vous proposons une série de reportages en immersion sur le terrain avec les candidats. Deuxième épisode de notre série : une journée à Bastia avec l'équipe d'Un Soffiu Novu.

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Ce jeudi matin, en terrasse, rue Santa Madalena, à Lupinu, les places sont chères. Colistiers et soutiens de la liste Un Soffiu Novu s'installent au bar voisin de la permanence, en attendant l'arrivée de leur candidat, Laurent Marcangeli.

Les Bastiais sont déjà là. Parmi eux, l'avocat Jean-Louis Seatelli (17e) ou François Tatti, soutien déclaré au maire d'Ajaccio. Quelques Calvais, dont Didier Bicchieray (7e), adjoint au maire de Calvi, ont fait le déplacement. Et le sud n'est pas en reste. Georges Mela (5e) est là, ainsi que Valérie Bozzi (2e).
Anne-Marie Natali (62e) est également attendue.

Laurent Marcangeli arrive à son tour, accompagné de Jean-Martin Mondoloni. Et il s'amuse du nom du bar collé à la permanence qu'il s'apprête à inaugurer. L'Arcole. Le pont d'Arcole, c'est la bataille de la campagne d'Italie qui a lancé la légende du jeune Bonaparte, alors qu'il n'était que général. Et se rêvait empereur.
On se doute que le candidat ajaccien préférera y voir un heureux augure plutôt qu'un heureux hasard. 

Refaire son retard dans le nord

En Corse du Sud, l'assise de Laurent Marcangeli est solide, et ses alliés électoralement puissants. En Haute-Corse, où Gilles Simeoni a tissé sa toile, c'est plus compliqué. Mais pour gagner, le leader de la droite insulaire le sait, il doit récolter des voix dans le nord. 

La politique, ce n'est pas un concours de smileys.

Jean-Martin Mondoloni

Alors aujourd'hui, il compte bien préparer le terrain à Bastia. Devant la permanence, il prend la parole : "la Corse ne se fera pas avec une ville de Bastia ignorée et déclassée. Elle est lancée dans une inexorable course vers le déclin et nous ne pouvons pas l'accepter". Les hostilités sont ouvertes. 

C'est à Bastia que l'ascension de Gilles Simeoni vers le siège de président de l'exécutif a débuté, avec la victoire aux municipales de 2014. Et que les nationalistes ont chamboulé l'échiquier politique insulaire. 

A Lupinu, le discours est bref, quelques minutes à peine. Mais l'occasion est trop belle pour ne pas en rajouter une couche sur le candidat sortant. Sans jamais le nommer. Laurent Marcangeli conclut : "A Bastia plus qu'ailleurs, vous savez à quel point la démagogie est au pouvoir". 

La prime au sérieux

Les colistiers de Un soffiu novu se mettent en route, à pied, vers la place Claude Papi, une centaine de mètres plus loin. En chemin, Jean-Martin Mondoloni en remet une couche. "La politique, ce n'est pas un concours de smileys ou de séduction. On a poussé le modèle à son paroxysme, et les gens en reviennent. Cette élection, c'est une compétition qui vise à dégager l'équipe qui va être aux affaires". Laurent Marcangeli et ses alliés veulent creuser ce sillon. Les gages de sérieux, c'est chez eux qu'ils sont.

"C'est pas sexy, c'est pas bandant, mais nous les dossiers, on les connaît."

Un jeune militant 

"Il faut poser les dossiers qui empoisonnent la vie des Corses sur la table, et puis les dossiers liés à la situation inédite que l'on vit", explicite Jean-Martin Mondoloni. "Nous devons être réactifs, dès la prise de fonction, pour à la fois gérer les affaires permanentes, mais aussi imaginer un modèle de sortie de crise".  

"C'est pas sexy, c'est pas bandant. Nous on fait pas bander la Corse ! Mais les dossiers, on les connaît", lance, moqueur, un jeune militant en réajustant la casquette noire qu'il a vissée sur sa tête. 

Des tables rondes plutôt que des réunions publiques

Pour l'heure, la tournée électorale n'est pas vraiment fructueuse. Les rues sont presque vides, et les électeurs sont rares. A midi, le déjeuner sur le Vieux port devrait arranger ça, même si le soleil reste discret. 

Un peu plus loin, Georges Mela discute avec un passant. L'ancien maire de Porto-Vecchio déborde d'énergie. La candidature de Laurent Marcangeli lui semble pleine de promesses. Et même s'il n'a pas vraiment l'habitude de ce genre de campagne, il fait contre mauvaise fortune bon cœur. 

"Je ne suis pas vraiment rompu à la communication sur les réseaux sociaux, c'est vrai. Mais le plus important, c'est de faire passer notre programme. Peu importent les moyens. C'est projet contre projet que l'on gagne une élection".

On ne va pas partir sans Anne-Marie, quand même !

Et l'absence de réunions publiques, en raison du Covid19, n'a pas grande importance, selon lui. "Vous n'y convaincrez personne ! Tous les gens qui y viennent sont déjà acquis à votre cause !" Alors Un soffiu novu a opté pour des tables rondes. Dans l'après-midi, l'une d'entre elles est organisée, à Biguglia, avec des socio-professionnels. 

En attendant, après un dernier passage à la permanence, il est temps de se mettre en route pour le Vieux port. Ou presque. "On attend un peu, Anne-Marie n'est pas là. On ne va pas partir sans Anne-Marie, quand même ! Je l'ai eue au téléphone, elle arrive !"

Tout le monde rebrousse chemin, en souriant. Manquerait plus que l'on laisse derrière soi Anne-Marie Natali, l'un des rares poids lourds de la liste en Haute-Corse.... Les colistiers se rassoient sur la terrasse de l'Arcole, pour un autre verre.

 

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